Photo de la quinzaine:
"Imágenes de barrio" (Images de Quartier), de Rodolfo Opazo, Station de métro "El Golf"
2-08-2011 - Après l'Argentine, le Chili est le pays latinoaméricain qui consomme le plus de chocolat: 1,9kg par personne et par an. Ceci ne tient pas compte de la qualité, qui est généralement assez basse, les préférences se dirigeant vers un chocolat au lait bas en cacao. Mais la publicité s'oriente maintenant vers les chocolats noirs avec haute teneur en cacao, vu leur bénéfice pour la santé.
2-08-2011 - Face à la prolongation de la grève des étudiants du système public (deux mois déjà), qui compte avec une forte approbation de la population, le gouvernement a publié une proposition de 21 points qui aborde l'essentiel du conflit. Le président (communiste) du syndicat des professeurs a déjà manifesté son désaccord sur plusieurs points. Des dirigeants d'étudiants se plaignent aussi que le gouvernement ne répond pas à leur demande de "renationaliser le cuivre" (Qu'ont-ils à voir avec cela?).
2-08-2011 - L'autoroute vers le nord du pays, au travers du désert, a été coupée pendant 16 heures à cause la neige, la pluie et le vent. 120 personnes ont dû passer la nuit dans leur véhicule, à moins de 5°.
5-08-2011 - Une nouvelle marche des étudiants en grève a été interdite par les autorités car ils voulaient à nouveau traverser le centre de la ville. Il y eut 552 arrestations à Santiago (plus de 800 dans tout le pays) et 29 policires blessés dans les escarmouches. Deux grands magasins ont été incendiés et des barricades ont été montées par des "manifestants" dans dix points de la capitale. 28 "manifestants" seront mis à disposition de la justice pour désordres et trois pour destruction.
* Les étudiants ont lancé un procès contre le ministre de l'Intérieur pour "abus de la force de police". Le Parti Socialiste a aussi présenté une "accusation constitutionelle" contre ce ministre pour ne pas avoir permis "de s'exprimer librement" (droit garantit dans la Constitution). Mais la discussion a toujours été sur l'ENDROIT où aurait lieu la manifestation.
* Les dirigeants des étudiants ont repoussé le document de propositions du gouvernement, considérant qu'il ne répond pas à leurs attentes et que les autorités "sont intransigentes" (eux pas?) et "ne cèdent en rien" (ce qui est faux). Une interviews à certains dirigeants a montré qu'ils n'ont même pas lu le document de propositions, sont manipulés sur la base de slogans et que le but final est tout autre ("rendre la vie impossible à ce gouvernement", comme avait promis l'extrême gauche, lorsque la droite gagna les élections). Le président (communiste) du petit syndicat des professeurs -qui appuye les grévistes- a insulté le ministre de l'Intérieur pour son origine juive.
* Selon une nouvelle enquête, la popularité du gouvernement est tombée à 46%. Le président Piñera n'a plus que 26% d'appui (-18% depuis décembre) contre 52% de rejet; 64% considère qu'il est débile face aux pressions et peu habile. La concertation d'opposition a seulement 17% d'appui et la coalition de droite n'a plus que 24%: un désastre pour la classe politique en général.
6-08-2011 - L'économie du pays obtientson meilleur résultat semestral en 16 ans avec 6,1% d'augmentation de l'indice de production alors qu'en même temps la bourse tombe de 8% cette semaine suite à la situation mondiale. La Banque Centrale estime que le PIB croîtra entre 6 et 8% cette année. Mais personne n'est content!
6-08-2011 - Une révision de l'histoire locale montre que toous les 40 ans environ se produit une "fronde" politique: 1811, 1851, 1891, 1924-30, 1970-73, et maintenant 2011.
6-08-2011 - 700 millions de dollars seront investis en nouveaux hotels (Hilton, Hyatt, Accor, etc) entre 2011 et 2013, augmentant de 10% la disponibilité de lits (3.600 chambres) dans le pays.
6-08-2011 - Mouvement étudiant: plus de 90% des écoles et collèges seriant en classes. C'est une minorité qui continue en grève et ne sait comment terminer sans pwerdre la face (faisant aussi le jeu aux extrémistes). Mais pour les écoles en grève, l'année scolaire est pratiquement perdue (étant ici de mars à décembre; deux mois sans classes implique qu'il est impossible de compléter le programme).
* Le président Piñera a rappelé qu'il doit gouverner pour tous les chiliens et donc garantir l'ordre, le droit d'étudier de ceux qui le veulent, et le droit de tous à se déplacer et réaliser leurs activités.
* La PDI (police civile) a enfin créé une base de données pour identifier les vandales qui s'inflitrent dans les manifestations pour faire des dégâts et des mises à sac, déj`pour 3 millions de dollars.
6-08-2011 - 2.766.000 touristes ont viisté le pays en 2010. 51% signalent que leur principal intérêt est la nature. Il y a de bons conseils pour les touristes sur Wikitravel.org
9-08-2011 - Aujourd'hui, de nouvelles marches des étudiants (74.000 manifestants, dans tout el pays) se terminent avec 273 détenus, 16 civils et 23 policiers blessés dans les batailles, une auto incendiée, un bureau et un magasin d'armes mis à sac, le hall d'un building détruit et de nombreuses barricades. La nuit suivante, des bandes de délinquants ont fait des barricades et saccagé d'autres installations.
Ils ont aussi jetté de l'essence sur un étudiant qui essayait d'empêcher une barricade et lui ont mis le feu: il est à l'h[opital avec les bras et le trose brûlés. Un autre jeune qui aida à éteindre ses flammes à des brûlures aux pieds et aux jambes.
Tous les détenus ont été libérés après leur "formalisation" (enregistrement dans un tribunal et mise sous procès) vu le "peu de gravité" de leurs délits (!!).
11-08-2011 - Le Ministère de l'Éducation a mis en place un système pour que les étudiants d'écoles en grève qui le désirent puissent étudier dans d'autres locaux ou bien pour le compte, avec appui de la Web, et rendre des examens libres à la fin de l'année, afin de ne pas devoir doubler. Les universitaires qui réclament aussi une réforme (principalement du système de financement) et ne sont pas d'accord avec le "brossage" des classes ou les grèves -qui pourraient aussi leur faire perdre le semestre, cependant payé- s'organisent aussi pour faire entendre leur voix, n'étant pas représentés par les leaders, qui ont été élus par une minorité (la plupart n'assistent pas aux élections des "centres d'élèves").
11-08-2011 - La bourse de Santiago a récupéré en deux jours plus de 8%. mais en juillet tous les fonds de pension ont fait de la perte, sauf le plus conservateur (de rente fixe), qui a toujours le taux le plus bas -mais positif-.
14-08-2011 - Les représentants des étudiants universitaires ont refusé de participer à une table ronde du Parlement pour discuter leurs revendications et exige des réponse concrètes du gouvernement à leurs "demandes fondamentales" et même un plebiscite (que la Constitution ne permet pas). Les secondaires, au contraire, se sont montrés ouverts, mais à condition que "tous les acteurs soient présents".
Les 54% de la population considèrent qu'ils devraient tous rependre les cours mais 40% appuyent la continuation des "mobilisations". 60% acceptent les manifestations mais 83% sont en désaccord avec les juges qui remettent les vandales en liberté (un juge a même considéré insuffisantes les fotos de celui qui a incendié une auto). 86,7% considèrent que les réclamations doivent être discutées par tous au Parlement. 62,6% estiment que les étudiants sont trop intransigents et 59% que l'est aussi le gouvernement. 54% croient que le mouvement est influencé par le Parti Communiste (et moins de 10% par d'autres partis). On parle déjà de "contrebande idéologique" du PC et d'excès de complaisance de la classe politique devant la manipulation de l'extrême gauche, qui admire encore la "démocratie" cubaine.
14-08-2011 - Comme en France et Allemagne, il sera désormais interdit de se cacher la face au cours de manifestations et les peines seront augmentées pour les détenus masqués. (On calcule qu'ils sont de 1.000 à 2.000 à toutes les manifestations).
15-08-2011 - Les deux prochaines lignes du métro de Santiago (dont la construction commencera sous peu) auront un coût total de 2.760 millions de dollars, matériel roulant inclus. Elles utiliseront pour la première fois des caténères au lieu d'être alimentés par les voies (tramways? -qui avaient disparu ici il y a plus de 60 ans-), et les wagons auront enfin l'air conditionnés. (La chaleur est asphyxiante dans la Ligne 1 en été).
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Pourquoi a tant baissé la popularité du Président Piñera?
Extraits d'interview et livre du sociologue Eugenio Tironi (Journal "El Mercurio", 7-08-2011)
Les gens n'ont pas d'affection pour le président parce qu'on l'a choisi à des fins strictement instrumentales. On l'a choisi parce qu'on n'aimait pas le candidat de la Concertation [de centre gauche], parce qu'on croyait à son offre de changement à venir et que le changement allait changer la vie. On croyait que, comme pilote d'avion et comme copropriétaire de LAN [la ligne aérienne], il allatit corriger le Transantiago [système de transports en commun de la capitale]. Cette introduction d'une logique privée dans la gestion de l'Etat apporterait un changement. Alors, les gens ont voté pour lui plutôt que de répondre à une idéologie, une tradition, une mémoire comme une expression de l'identité, mais pour des raisons utilitaires, pour les mêmes raisons que je choisis un détergent.
Ce «manque d'identification" affectait même l'électeur de droite. Parce que le candidat Piñera se chargea de rendre crédible sa proposition en maltraitant la droite. Il était un candidat qui a été entouré par des gens qui ont voté pour le Oui [pour la prolongation du gouvernement de Pinochet], mais en face d'eux assis sur la même scène, il a dit: "J'ai voté pour le Non. Le temps de la dictature a été terrible», et tous ceux qui étaient derrière lui ont eu à avaler leur salive, mordre leur langue et écouter. Il les a maltraités! Et quand arriva l'heure de former le gouvernement, il les laissa tous dehors, c'est à dire avec préméditation. Alors avec qui est-il resté? Avec un groupe très minuscule de personnes avec qui il avait fait des affaires dans le passé, avec qui il avait une relation d'affaires plutôt que d'un autre type, mais pas une armée de fans qui est essentielle. Alors, il n'a gagné ni l'affection du public ni l'affection d'un groupe de fans.
Le succès du gouvernement dépendait alors de la popularité du président, ce qui est aussi une logique commerciale. Comme un grand investisseur vous dit: «Si on m'aime, cela ne m'importe pas. Tout dépend de ma rentabilité. Si le gain est élevé, soit sûr que tout va fonctionner. Mais quand ma performance commence à tomber, tout commence à s'effondrer. Et ici la rentabilité est égale à la popularité. Et donc à la minute où elle s'est perdue, se produit la chute libre. Parce qu'un gouvernant comme celui de Lagos, Bachelet, Aylwin ou Frei a été beaucoup moins "dépendant de la popularité" parce qu'il avait un réseau de partis, une certaine ligne de crédit affectif, un souvenir, mais dans ce cas, le Président s'est chargé seulement de briser tous ces liens pour être choisi.
Aujourd'hui, il récolte ce qu'il a semé. Il a fait un pacte avec le diable pour être président et ce pacte a été de couper avec la droite historique et établir avec les citoyens une relation strictement instrumentale, transactionnelle, et la droite a répondu avec le coup de l'UDI [parti de droite, qui a obligé a changer des ministres] et la fronde qui a été créée sans précédent la semaine précédant le changement de cabinet, et le public a répondu en le traitant comme un responsable de ventes, qui exigerait la livraison, par express si possible, parce que c'est ce qu'il avait promis. On regarde les petits caractères [des promesses électorales], on se plaint au "service des consommateurs" et on lui demande de tenir ses promesses. C'est un gouvernement où les choses qu'on pardonne à quiconque, à lui n'est pas pardonné.
La faible popularité a à voir avec la façon dont le président a établi ses relations avec les gens. En fait, les relations sont symétriques et généralement fixées par qui a le plus de pouvoir. Si je fixe une relation basée sur l'affectivité, je peux obtenir une relation affective. Mais si j'ai une relation basée sur le commerce, la réponse que j'ai est une relation commerciale. Et le Président a créé de telles relations. Indépendantes des efforts déployés, car au-delà des efforts de marketing, il est cela. Ensuite, les gens disent: "Regarde, je n'ai rien de personnel avec toi, parce que tu n'a riende personnel avec moi. Je viens te demander de remplir ce que tu m'as promis."
Ce que je peux ajouter:
1. En 20 ans, 30% de la population est sortie de la pauvreté, passant à la classe moyenne, et on est passé de 200.000 étudiants d'éducation supérieure à un million. Les aspirations ont ainsi changé et les conditions de vie qu'on acceptait alors ne sont plus acceptables aujourd'hui.
2. La crise du système éducatif public est réelle: mauvaise administration, manque de financement (et donc bas salaire des professeurs), mauvais professeurs -qui ne peuvent être remerciés-, coût excessif des prêts pour l'enseignement supérieur et manque de bourse d'études.
3. Système politique très peu participatif: selon l'actuel système binominal (hérité de Pinochet) seuls deux candidats peuvent être présentés par chaque bloc politique dans chaque circonscription (et on ne peut voter pour quelqu'un d'une autre circonscription). De ce fait, on ne peut voter en pratique que pour un bloc ou l'autre et non vraiment pour une personne: ce sont les partis qui définissent les noms.
Il faudrait donc une réforme du système politique et une réforme du système éductif... et des politiciens capables d'écouter. La difficulté pour les réformes les plus importantes (comme le système électoral) est qu'il faut une majorité de 4/7 dans les deux Chambres, un blocage aussi hérité de Pinochet et destiné à "protéger" la structure politique qu'il avait imposée.
