31/12/2019

Décembre (b)

Politique
- Selon la police, en décembre il y a eu une baisse de 89% d'assistance à des manifestations en relation à novembre et de 97% en relation à octobre.
- Un peu plus de 2,4 millions de chiliens ont participé à une "consultation civique" organisée par 225 communes (de 350) au sujet de la possible nouvelle constitution, des priorités pour celle-ci et, dans quelques cas, au sujet de projets communaux. Dans plusieurs communes, les habitants pouvaient voter à partir de 14 ans et, dans quelques unes aussi, le vote pouvait être émis par internet mais avec difficulté car les serveurs étaient noyés par les accès et une même personne pouvait voter plusieurs fois. Plus de 80% désirent une nouvelle constitution mais celle-ci n'est pas la première prioririté des demandes: elle passe après un meilleur service de santé, de meilleures pensions, plus de sécurité et une meilleure éducation publique.
- L'approbation du cabinet de ministres est actuellement de 15% et la réprobation de 78%, comme aussi de 80% de réprobation pour la conduction de Piñera, pour 13% d'approbation.
- Le Parti Communiste veut commencer une enquête sur un supposé transfert de fonds du président Piñera aux Îles Vierges. Le gouvernement a rappelé que le président a déclaré tous ses biens avant d'assumer, qu'il en a transféré la gestion et qu'aucun mouvement n'a été fait depuis. Le PC a clairement exprimé qu'il cherche la destitution du président par tous les moyens possible. Il s'est aussi opposé à l'"accord de paix" entre la droite et la gauche modérée autour des mécanismes pour générer la nouvelle constitution et a même voté contre la loi sur le plebiscite qui ouvrira le chemin vers la rédaction d'une nouvelle constitution
- Le Front Ample s'est divisé: les uns se sont approchés de la gauche modérée, cherchant des accords, les autres faisant cause commune avec le PC pour rejetter les accords entre cette gauche et la droite.
- Le parlement a approuvé la loi qui habilite le processus d'élaboration de la nouvelle constitution, partant par un plebiscite le 26 avril, qui demandera si l'on est d'accord ou non avec ce changement, et la loi a été promulguée par le président. Lors de la promulgation, il a mentionné quelques concepts qui devraient être inclus dans la constitution, ce qui a été critiqué par l'opposition.
- Depuis le 18 octobre (début de la crise), 116 projets de lois ont été envoyés au parlement (et certains disent encore que le gouvernement n'a rien fait).
- Le gouvernement a engagé une agence de publicité pour faire une campagne de communication tendant à "apaiser le pays".
- Des médias étrangers ont dit que le président Piñera avait inculpé des institutions et gouvernements étrangers d'avoir influencé l'explosion sociale, mais il a seulement mentionné qu'il avait observé sur les réseaux sociaux des vidéos et messages provocateurs provenant de l'étranger, mais a dû préciser cela après une déclaration un peu confuse.
De fait, selon une étude reçue par le gouvernement, entre le 18 octobre et le 21 novembre, il y a eu sur les réseaux sociaux 60 millions de commentaires, de la part de 5 millions d'auteurs, au sujet de la crise sociale et la politique locale. 19% provenaient d'hors du pays, entr'autres de Russie, Vénézuéla et Argentine, qui appuyaient les manifestations, mais aussi d'autres critiquant les partis de gauche. Mais le groupe le plus grand a été celui des jeunes chiliens, qui ont surtout questionné le gouvernement pour la violence contre les manifestants.

Sécurité
- La police civile a identifié 14 nouveaux impliqués dans les incendies du métro en octobre passé. Elle accumule aussi de plus en plus d'indices d'intervention d'étrangers.
- La fiscalie de Santiago enregistre 1.000 enquêtes pour atteinte aux droits humains depuis le début de l'explosion sociale.

Economie
- Seulement 54% des acheteurs des supermarchés ont repris leurs habitudes d'avant la crise. Dans les centres commerciaux, les visites ont baissé de 35%.
- Les 3 grandes chaînes de pharmacies qui dominent le marché national ont été condamnées à payer une amende de 5 millions de dollars et une compensation de 2.000 millions de CLP (2,35 M d'€) aux clients pour un accord illégal d'augmentation de prix de 206 médicaments en 2007-2008. [On ne voit pas comment cette compensation pourrait être payée.] Les 4 principaux producteurs de saumons ont aussi été accusés de fixation commune de prix entre 2003 et 2015.
- 143.000 emplois ont été perdus depuis le 18 octobre.
- Des suites de la crise sociale et mise à sac de ses locaux, une chaîne de magasins de ligne blanche a fait faillite.
- La dette publique a atteint 27,3% du PIB.
- La rentabilité des fonds de pension serait cette année la meilleure de la décade, des suites de la hausse du dollar et le bon rendement des investissements à l'extérieur. 94% des chiliens considèrent nécessaire une réforme du système.
- La bourse de Santiago a reculé de 8,5% en 2019.

Science et environnement
- On a découvert ici des restes d'occupation humaine d'il y a 7.000 ans.
- Les incendies de forêt, intentionnels, se sont multipliés près de Valparaiso et en région métropolitaine. Un incendie de forêt provoqué a affecté 253 maisons dans des colines de Valparaiso. Dans le pays, il y a déjà 18.000 ha de bois détruits.

Climat
- La température a monté jusqu'à 37° dans plusieurs communes de la région métropolitaine et 35° dans la région centrale.
- Les barrages ont 20% de moins de contenu.

Bonne Année 2020!

14/12/2019

Décembre (a)

Politique
- Le président Piñera n'a que 13% d'appui aux enquêtes (Il a récupéré 3% à la fin novembre). 82% réprouvent sa gestion. 79% croient que le pays "va par mal chemin".
- 41% des citoyens disent avoir participé aux manifestations et l'appui aux manifestations a baissé de 67 à 59%. 67% des gens ont vu affectée leur routine et 58% ont dû adapter leur journée de travail. 72% demandent une "main dure" pour les violentistes. 27% sont d'accord avec des barricades sur les routes ou avenues. 49% croient qu'il faudra des mois pour revenir à la normalité et 38% que ce sera très difficile.
- Après la chambre, le sénat a approuvé le projet de loi qui augmente de 50% les pensions solidaires (pensions de l'Etat pour les seniors qui n'ont pas cotisé), inmédiatement pour les plus de 80 ans et par fractions, d'ici 2022, pour les autres.
- Le président Piñera a annoncé une série de projets "anti-abus", qui augmentera les peines pour les délits de collusion et la protection des consommateurs et des travailleurs.
- Le sénat a approuvé par majorité de 23 votes contre 18 l'accusation constitutionnelle contre l'ex-ministre de l'Intérieur, pour avoir ommis d'empêcher les infractions aux droits humains de la part de la police. En conséquence, il lui sera interdit d'occuper une fonction publique pendant 5 ans. L'ex-ministre considère cette accusation "infondée, injuste et politisée". Le président Piñera a courru le même risque (et la destitution), une accusation semblable ayant été présentée contre lui à la chambre mais n'a pas eu assez d'appui.

Sécurité
- La Banque Interaméricaine de Développement (BID) a donné un prêt de 48 millions de dollars pour un "Programme de Renforcement de la Gestion Stratégique de la Sécurité Publique", d'un coût estimé de 96 millions, auquel participeront le ministère de l'Intérieur, les carabiniers et la police civile.
- Les forces armées ont représenté à l'exécutif qu'elles ne sont pas préparées pour intervenir dans la protection de l'ordre interne.
- 1.753 nouveaux policiers sont sortis de l'école des carabiniers.
- La police civile a saisi 204 véhicules de pilleurs.
- La Garde Civile espagnole et la police fédérale d'Allemagne conseillent ici la police en matière de contrôle de multitudes et d'armes non-létales plus modernes et moins dangereuses que les utilisées jusqu'ici.
- Au sein des carabiniers, près de 400 enquêtes internes sont réalisées pour violations des droits humains. Le gouvernement a installé un conseil pour définir endéans 50 jours une réforme de cette police uniformée. Leur général-directeur a mis à la pension le chef des Forces Spéciales (qui répriment les troubles) et 3 autres généraux pour leur responsabilité, sanctionnant aussi plusieurs subalternes pour abus de force et blessures causées.
- La chambre a approuvé avec grande majorité le projet de loi qui augmente les peines pour les pillages et désordres violents, avec l'opposition du parti communiste et de membres du Front Ample car, selon eux, "cela criminalise la protestation sociale". Le sénat a reformulé complètement le projet, y trouvant de multiples erreurs.
- Des experts du Collège des Médecins ont dénoncé maintenant que l'eau lancée par les carabiniers lors de manifestations violentes brûle la peau à cause d'un contenu chimique. Le ministre de la Santé a demandé des explications aux carabiniers et une cour d'Appel en a interdit l'usage.
- Le Pouvoir Judiciaire devra investir 3.000 millions de CLP (350.000€) pour réparer les dommages causés à ses installations durant les troubles.

Economie
- Le président Piñera a promis un bon d'une moyenne de 100.000 CLP (120 €) pour 1,3 million de familles.
- On estime que 63% des gens diminueront leurs dépenses de Noël.
- 81% considèrent mauvaise la situation de l'emploi et 61% qu'est mauvaise la situation économique des consommateurs.
- Le gouvernement a lancé un plan de réactivation économique de 5.500 millions de dollars.
- 100.000 emplois ont été perdus à cause des troubles. Le gouvernement espère les récupérer l'an prochain, mais plus de la moitié des entreprises annoncent encore une réduction de personnel en 2020.
- L'activité économique d'octobre a diminué de 3,4%. Novembre serait aussi négatif. Les investissements publicitaires ont diminué de 31% en octobre. La crise économique actuelle serait la plus grave depuis 2009 (caso international "subprime").
- Les commerces détruits sont remplacés par des foules de marchands ambulants illégaux, qui ont profité pour un temps de ce que la police était occupée à autre chose. Beaucoup de produits offerts sont ceux qui ont été volés lors des pillages.
- Selon les projections de la Banque centrale, l'an prochain le pays retrouverait le niveau d'inégalité sociale (GINI) de 1990.
- La vente de nouveaux véhicules a baissé de 28% en novembre.

Science et environnement
- Le Chili est le 11e pays qui agit le mieux face au changement climatique. (La France est 18e et la Belgique 35e.)
- COP25: Le Chili a pris l'engagement de se baser sur 70% d'énergies renouvelables d'ici 2030.

Santé
- Suite aux troubles, 10.000 opérations chirurgicales ont été remises à plus tard dans le système public, ainsi que 30.000 consultations de spécialistes (où l'attente peut maintenant atteindre plus d'un an!).
- A partir d'avril 2020, hommes et femmes payeront les mêmes tarifs pour les assurances privées de santé. (Actuellement, c'est beaucoup plus cher pour les femmes, en considération des possibilités d'enfantement.)

Transports et Communications
- La télévision est le média le moins bien évalué pour l'information sur les manifestations et troubles d'octobre-novembre (note 3/7), la radio ayant la meilleure évaluation (4,7/7). 32% des gens ont cru à des fausses nouvelles.
- Une étude de l'Université Catholique de Santiago a montré que les jeunes entre 18 et 24 ans ont été les plus disposés à croire aux fausses nouvelles durant la période de troubles. En novembre, 86% des gens qui désiraient que les manifestations continuent l'informaient par les réseaux sociaux.
- 107 des 136 stations du métro sont maintenent en opération.
- Un avion C-130 de la Force Aérienne, avec 38 personnes a bord, a disparu en vol à mi-chemin entre Punta-Arenas et l'Antartique sans lancer aucun signal d'alerte. Des restes ont été trouvés en mer. Il semblerait qu'il ait explosé en vol et il y a une piste qui signale une faille électrique.


EXTRA: Comment a changé la vie des chiliens (Extraits)
(La Tercera, 7/12/2019)
Temps de trajet plus longs dans les transports publics, réapprentissage des conducteurs de véhicules privés en raison de la destruction des sémaphores et de la signalisation, et changements dans la façon dont des milliers de personnes se récréent après leur journée de travail ou leurs études. Ce ne sont que quelques-uns des virages auxquels les habitants des quartiers, des communes, des villes et des cités ont dû faire face, tout au long des jours de l'explosion sociale.
Le manque de conducteurs a un impact sur la fréquence des bus, surtout après 20 heures, car ils craignent pour leur sécurité.
L'augmentation de la consommation de tranquillisants et d'antidépresseurs est l'une des préoccupations des autorités liées au domaine de la santé. Le nombre de personnes qui ingèrent ce type de médicaments a augmenté d'environ 30%, selon le ministère de la Santé. Les permis médicaux associés aux troubles mentaux ont augmenté de 22% depuis le 21 octobre 2019, en comparant le même nombre de jours des semaines précédentes.
Pour janvier et février, il y a un niveau de réservation de 33,8% parmi les hébergements touristiques de Valparaíso et Viña del Mar. A Iquique, les petits hôtels enregistrent une baisse de près de 80% de leur activité et, dans le cas des grands, elle avoisine les 50%.
La crise a fortement impacté la vie nocturne. En raison de problèmes de transport et d'un sentiment d'insécurité, les gens sortent moins. Cela a fortement impacté le nombre de clients dans les locaux [bars et restaurants]. Il y a une baisse du commerce proche de 70% dans certains quartiers. Il est beaucoup plus sûr de se retrouver entre amis dans une maison que dans un local. La situation est critique pour le commerce de détail et menace la viabilité de nombreux petits magasins.
Les dommages causés aux espaces publics, tels que les places et les parcs, font partie des effets secondaires des manifestations et marches enregistrées depuis le 18 octobre. Seulement dans la commune de Santiago, selon les chiffres de la municipalité, plus de 270 espèces végétales, comme les arbres, les fleurs et les arbustes, ont été endommagées ou détruites et plus de 700 mètres carrés d'herbe ont disparu. Quatre parcs et trois places ont été vandalisés au cours de ces 50 jours de mobilisations. Dans la commune de Providencia, où se trouve la Place d'Italie, l'épicentre des mobilisations, environ un camion quotidien avec 7.000 kilos de gravats est enlevé. La réparation de ces espaces à l'échelle nationale a conduit le ministère du Logement à financer 44 projets, situés dans 29 communes, dans sept régions, allouant environ 3.600 millions de CLP (4,5 millions d'€) à ces fins.
Note: Le Chili est cependant leader en Amérique Latine en matière de "développement humain" (et n°42 sur l'indice mondial).

Le "classisme" des familles chiliennes (Extraits)
Par (El Observador, 8/12/2019)
La société chiliennes est classiste en 2019 parce que les chiliens sont très clairs sur la façon dont le niveau socioéconomique d'un groupe de personnes est déterminé, comment ils sont placés dans cette classification et ce que cela implique. De plus, il est consanguin, il fonctionne comme des castes, en particulier à des niveaux moyens-élevés, qui sont prêts à emprunter ce qui est nécessaire pour que le système ne les expulse pas et que leurs enfants connaissent les bonnes personnes aux bons endroits, ce qui peut être le quartier, l'école ou le lieu où ils passent leurs vacances, et répéter le cycle.
Deux études récentes le corroborent: celle du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD, 2017), intitulée "Inégaux", et une autre réalisée par un doctorant de l'Université de Cambridge, qui a étudié l'incidence des réseaux familiaux dans l'élite politique chilienne (1600-2018). Tous deux concluent qu'au Chili, il existe une "concentration des noms de famille" - un indicateur statistique qui n'est connu qu'ici - dans les professions les plus prestigieuses et les mieux rémunérées ainsi qu'au Congrès national.
Les chercheurs du PNUD ont travaillé avec une base de 8 millions de données. Ils ont calculé la fréquence des noms de famille qui ont le pourcentage de représentation le plus élevé en médecine, en droit et en génie, les professions les plus prestigieuses et les mieux rémunérées. Ils ont obtenu une liste de noms de famille qui atteignent une fréquence significative et  elles sont 50. La majorité appartient à l'aristocratie chilienne, descendants des Castillans et des Basques, ainsi qu'à ceux de la deuxième vague d'immigrants, anglais, allemands, français et italiens, qui ne sont pas aristocratiques mais qui ont triomphé dans le monde des affaires. Ce sont les Matte, Larraïn, Délano, Zegers, Soffia, Risopatrón, Vial, Edwards, Errázuriz, Ariztía, Tagle, Solari, Walker, Undurraga, Irarrázaval et 35 autres.
Cependant, aucun de ceux-ci ne figure parmi les trois noms de famille les plus courants au Chili, selon le registre de l'état civil. Les plus nombreux sont les González (411.000 personnes), puis viennent les Muñoz (322.902) et troisièmement les Rojas (230.741) et il n'y a que 4.300 Larraïnes, soit près de 1 Larraín pour 100 González. Bien que dans l'histoire démocratique du Chili, 107 Larraïnes aient été parlementaires. Entre les ministres nommés par Piñera en 2018, il y avait 2 Larraïn y 5 autres étaient aussi descendants de cette famille, Piñera lui-même en étant un descendant en 10e génération.
De là qu'on a chanté "Le bal de ceux qui sont de trop" lors de certaines manifestations.

Transformation structurelle: un nouvel horizon économique (Extraits)
Par César Hidalgo, physicien (Pulso, 12/12/2019)
Dignité, inégalité et méritocratie sont trois concepts que la population a répétés d'innombrables fois durant cette crise. Le mécontentement des citoyens, cependant, émane non seulement d'une classe politique discréditée ou d'un État inefficace, mais aussi d'une économie primitive et statique, concentrée dans peu de secteurs et peu de mains. Cette crise nous oblige à repenser l'économie chilienne. D'une part, nous devons financer l'agenda social dont le Chili a besoin. De l'autre, nous avons besoin d'une économie qui soit organiquement digne.
Deux concepts clés dans la nouvelle littérature sur le développement sont les idées de «complexité économique» et «espace produit». Les deux expliquent la richesse ou la stagnation des économies. Pris dans les données, ces concepts montrent que le Chili devra entrer dans de nouveaux secteurs s'il veut atteindre le développement. En termes techniques, le Chili doit accélérer sa transformation structurelle.
La complexité économique est un nouvel horizon de développement, différent du PIB, et plus important dans le stade de développement dans lequel nous entrons. Au Chili, nous ne voulons pas être riches comme le Qatar ou le Koweït, mais comme Singapour ou la Suisse. Ce type d'économie permet de créer une large classe moyenne, travaillant dans un travail créatif et productif à un niveau élevé de compétence et de qualité. Les économies complexes sont celles qui réalisent simultanément la richesse, de faibles inégalités et des institutions inclusives que nous attendons au Chili.
Depuis les années 1970, les économies du Chili et de la Corée ont beaucoup changé. Aujourd'hui, la Corée se classe sixième en termes de complexité économique, tandis que le Chili se classe 61e, un endroit similaire à ce qu'il avait en 1970.
Au cours des 50 dernières années, le développement du Chili a également été limité par la structure de l'espace de produits. Nous sommes allés d'exporter du poisson congelé au poisson frais. Des fruits aux jus et confitures. Le saumon, les kiwis et les airelles sont célèbres. Mais ces petits sauts n'ont pas bougé l'aiguille de la complexité économique. Nous restons au milieu du tableau, près de la 60e place; nous avons pu déplacer la barre du PIB, mais pas la complexité nécessaire pour le créer. Maintenant, nous demandons plus du même modèle. Un modèle qui n'a plus rien à donner.
Nous avons 50 ans de gouvernements mesquins dans leur soutien à la science et à la technologie, un secteur privé extrêmement conservateur et une population très peu informée sur les processus de développement économique. Au Chili, on lève une pierre et on trouve quelqu'un qui pontifie l'idée d'ajouter de la valeur aux matières premières, comme si la Corée était entrée dans le secteur automobile parce qu'elle avait beaucoup de pétrole et de minerai de fer. Le développement suit les voies de la connaissance, pas celle des atomes, car les atomes sont plus faciles à déplacer.
Le Chili pourra-t-il s'engager sur la voie d'une transformation structurelle? Pourrons-nous mettre la complexité économique comme objectif? L'élite économique développera-t-elle une idée d'impact qui l'amènera à soutenir des activités créatives? Conduiront-ils la transformation structurelle avec leurs projets et investissements? Ou vont-ils continuer avec la même histoire, que «si je mets de l'argent dans cette mine ou dans cette centrale thermoélectrique», j'ai un meilleur rendement (bien que sans développement ni gloire)?
En fait, la complexité économique aide non seulement à prévoir la croissance économique. Il explique également les variations des niveaux d'inégalité des pays. La redistribution par l'État est importante. Mais elle ne peut pas lever tout le poids des inégalités. La meilleure façon de redistribuer est de créer de meilleurs emplois, tels que ceux demandés par les secteurs les plus complexes de l'économie mondiale. Sans la transformation structurelle, tout effort de redistribution, basé uniquement sur le politique, sera insuffisant.
Le gouvernement chilien deviendra-t-il un gouvernement entrepreneurial? Ou va-t-il continuer à croire que le marché résout les problèmes? Allons-nous comprendre que la richesse vient de la connaissance? Serons-nous capables de générer une culture qui favorise la créativité et l'innovation? Ou continuerons-nous d'être des importateurs de culture et de technologie?