J.A. Quezada, La Tercera, 25/08/2021
Sans préjugés ni ambiguïté, avec la défense de l'environnement et des minorités exclues ces dernières décennies comme priorité et l'utilisation stratégique d'Instagram, Twitter, Facebook ou encore TikTok, une nouvelle race fait son chemin dans les espaces de pouvoir. Les modèles parlementaires, à quelques exceptions près, affichent beaucoup de renouveau, à l'image de la convention constituante, dont la moyenne d'âge est de 45 ans. A cela s'ajoutent les triomphes écrasants de Boric et Sichel aux élections primaires [présidentielles] et le début de la loi qui fixe des limites à la réélection
La constituante Barbara Sepúlveda est l'une des représentantes les plus médiatiques d'une nouvelle génération qui, main dans la main avec les médias sociaux, fait son chemin dans la convention et dans un Parti Communiste structuré, dans lequel elle milite. Emmenée par les députées Camila Vallejo et Karol Cariola, elle a choisi la convention, alors que ses "compagnons" des Jeunesses Communistes Irací Hassler (Santiago) et Javiera Reyes (Lo Espejo) ont choisi les municipalités et Daniela Serrano, entre autres dirigeants, se présente aujourd'hui au Congrès.
« Le changement de génération dans le communisme chilien est un fait. On le voit dans l'âge de ses membres élus par les citoyens dans les communes ou à la Convention, ou dans la nouvelle composition des instances dirigeantes du parti après son congrès de l'année dernière », explique Alfredo Riquelme, professeur à l'Institut d'Histoire de l'UC.
L’universitaire, qui s’est spécialisé dans l’histoire du communisme au Chili, affirme que oui, « il s’agit d’une ‘évolution’ plutôt qu’une ‘révolution’. Je ne vois pas le déplacement d'une génération homogènement «conservatrice» par une génération intégralement «renouvelante». J'apprécie plutôt les différences transgénérationnelles face aux défis politiques auxquels le PC est aujourd'hui confronté ». Bien que les nouvelles générations du PC soient sans préjugés et un peu capricieuses, contrairement aux anciens cadres du parti, elles sont idéologiquement les mêmes ou plus radicales.
Selon l'enseignante de l'UC et de l'UDP, Ana María Stuven, il y a deux logiques qui marquent aujourd'hui les jeunes et, donc, leurs dirigeants « et qui se reflètent dans cette attitude politique plus radicale et un peu plus précipitée par les changements » : la pandémie et la prise de conscience des dégâts causés à la planète. « La pandémie a affaibli les jeunes qui croient toujours avoir la vie éternelle et voient la mort au loin. Voir chaque jour le rapport des personnes décédées et infectées, et que leurs grands-parents commencent à mourir si soudainement et sans rituel, les met dans une condition très vulnérable. Et quand les gens sont vulnérables, nous avons souvent tendance d'être radicaux », explique Stuven.
Concernant la conscience environnementale que les personnes âgées n'avaient pas, l'historienne qui a consacré une grande partie de ses recherches universitaires au rôle des femmes, explique que « la conscience que cette planète est en train d'être détruite, que nous détruisons la nôtre, que les eaux sont contaminées, que la sécheresse va nous empêcher de continuer à vivre de la même manière, cela donne aux jeunes le sentiment d'un avenir très fragile ».
Après deux mois de travail et de connaissance de ses pairs, Patricio Fernández, électeur du 11e arrondissement, évoque les nouvelles caractéristiques de cette nouvelle instance représentative : « 40 % ont moins de 40 ans et la majorité des jeunes sont issus de causes, militants locaux et non organiques. 104 des 155 membres [de la Convention] sont indépendants. Dans le groupe socialiste, par exemple, il n'y a personne qui se souvienne des visages traditionnels du PS. ».
Interrogé sur la logique de ces nouvelles générations, Fernández affirme qu'il existe une autre dynamique politique: « La grande majorité n'a jamais eu de travail dans la sphère publique et invente une nouvelle façon de faire de la politique qui, évidemment, aura beaucoup en commun avec la précédente -car le monde ne s'invente pas de nouveau-, mais il reste à voir quelles sont les grandes nouveautés que nous sommes en train de concevoir... ».
Max Colodro, analyste politique à l'UAI, affirme que le « jeune électeur » a joué un rôle clé tant dans le plébiscite de 2020 que dans les élections primaires légales du 18 juillet : « Lavín et Jadue ont perdu car ils étaient les représentants de deux partis traditionnels, l'UDI [droite] et le PC. Issu du mouvement étudiant (à partir de 2011), le féminisme, les droits des minorités sexuelles et l'animalisme… sont des expressions d'un phénomène culturel qui a une base de soutien importante dans une nouvelle génération, plus mondialisée et technologique ».
En effet, la victoire écrasante de Sebastián Sichel (44 ans) aux primaires - avec un fort soutien des électeurs de moins de 50 ans - a surpris la traditionnelle centre-droite et, accessoirement, a mis à la retraite plusieurs dirigeants historiques qui avaient manié les ficelles du secteur dans le dernières décennies, entr'autres Joaquín Lavín (ex-bourguemestre et ex-candidat à la présidence, ayant perdu face à Bachelet dans une élection passée].
La constituante Barbara Sepúlveda est l'une des représentantes les plus médiatiques d'une nouvelle génération qui, main dans la main avec les médias sociaux, fait son chemin dans la convention et dans un Parti Communiste structuré, dans lequel elle milite. Emmenée par les députées Camila Vallejo et Karol Cariola, elle a choisi la convention, alors que ses "compagnons" des Jeunesses Communistes Irací Hassler (Santiago) et Javiera Reyes (Lo Espejo) ont choisi les municipalités et Daniela Serrano, entre autres dirigeants, se présente aujourd'hui au Congrès.
« Le changement de génération dans le communisme chilien est un fait. On le voit dans l'âge de ses membres élus par les citoyens dans les communes ou à la Convention, ou dans la nouvelle composition des instances dirigeantes du parti après son congrès de l'année dernière », explique Alfredo Riquelme, professeur à l'Institut d'Histoire de l'UC.
L’universitaire, qui s’est spécialisé dans l’histoire du communisme au Chili, affirme que oui, « il s’agit d’une ‘évolution’ plutôt qu’une ‘révolution’. Je ne vois pas le déplacement d'une génération homogènement «conservatrice» par une génération intégralement «renouvelante». J'apprécie plutôt les différences transgénérationnelles face aux défis politiques auxquels le PC est aujourd'hui confronté ». Bien que les nouvelles générations du PC soient sans préjugés et un peu capricieuses, contrairement aux anciens cadres du parti, elles sont idéologiquement les mêmes ou plus radicales.
Selon l'enseignante de l'UC et de l'UDP, Ana María Stuven, il y a deux logiques qui marquent aujourd'hui les jeunes et, donc, leurs dirigeants « et qui se reflètent dans cette attitude politique plus radicale et un peu plus précipitée par les changements » : la pandémie et la prise de conscience des dégâts causés à la planète. « La pandémie a affaibli les jeunes qui croient toujours avoir la vie éternelle et voient la mort au loin. Voir chaque jour le rapport des personnes décédées et infectées, et que leurs grands-parents commencent à mourir si soudainement et sans rituel, les met dans une condition très vulnérable. Et quand les gens sont vulnérables, nous avons souvent tendance d'être radicaux », explique Stuven.
Concernant la conscience environnementale que les personnes âgées n'avaient pas, l'historienne qui a consacré une grande partie de ses recherches universitaires au rôle des femmes, explique que « la conscience que cette planète est en train d'être détruite, que nous détruisons la nôtre, que les eaux sont contaminées, que la sécheresse va nous empêcher de continuer à vivre de la même manière, cela donne aux jeunes le sentiment d'un avenir très fragile ».
Après deux mois de travail et de connaissance de ses pairs, Patricio Fernández, électeur du 11e arrondissement, évoque les nouvelles caractéristiques de cette nouvelle instance représentative : « 40 % ont moins de 40 ans et la majorité des jeunes sont issus de causes, militants locaux et non organiques. 104 des 155 membres [de la Convention] sont indépendants. Dans le groupe socialiste, par exemple, il n'y a personne qui se souvienne des visages traditionnels du PS. ».
Interrogé sur la logique de ces nouvelles générations, Fernández affirme qu'il existe une autre dynamique politique: « La grande majorité n'a jamais eu de travail dans la sphère publique et invente une nouvelle façon de faire de la politique qui, évidemment, aura beaucoup en commun avec la précédente -car le monde ne s'invente pas de nouveau-, mais il reste à voir quelles sont les grandes nouveautés que nous sommes en train de concevoir... ».
Max Colodro, analyste politique à l'UAI, affirme que le « jeune électeur » a joué un rôle clé tant dans le plébiscite de 2020 que dans les élections primaires légales du 18 juillet : « Lavín et Jadue ont perdu car ils étaient les représentants de deux partis traditionnels, l'UDI [droite] et le PC. Issu du mouvement étudiant (à partir de 2011), le féminisme, les droits des minorités sexuelles et l'animalisme… sont des expressions d'un phénomène culturel qui a une base de soutien importante dans une nouvelle génération, plus mondialisée et technologique ».
En effet, la victoire écrasante de Sebastián Sichel (44 ans) aux primaires - avec un fort soutien des électeurs de moins de 50 ans - a surpris la traditionnelle centre-droite et, accessoirement, a mis à la retraite plusieurs dirigeants historiques qui avaient manié les ficelles du secteur dans le dernières décennies, entr'autres Joaquín Lavín (ex-bourguemestre et ex-candidat à la présidence, ayant perdu face à Bachelet dans une élection passée].