Les principales propositions des rivaux les plus antagonistes que le Chili ait eu ces dernières décennies
Cecilia Barria (Extraits de BBC News Monde, 23/11/2021)
Cecilia Barria (Extraits de BBC News Monde, 23/11/2021)
Dans l'un des scénarios politiques les plus polarisés de l'histoire récente, le candidat d'extrême droite, José Antonio Kast, et le gauchiste Gabriel Boric, disputeront la présidence du Chili le 19 décembre, après avoir remporté le premier tour des élections.
Ce sera la première fois depuis le retour à la démocratie en 1990 que les partis traditionnels de centre-gauche et de centre-droite ne mènent pas les préférences électorales.
Kast, qui a juré de creuser un fossé à la frontière pour arrêter les migrants, s'opposer à l'avortement et réduire les impôts , a déclaré qu'il admire des dirigeants tels qu'Augusto Pinochet, Ronald Reagan, Margareth Thatcher et Jair Bolsonaro. Son rival, Gabriel Boric, un parlementaire de 35 ans et ancien leader étudiant qui incarne les revendications de la flambée sociale de fin 2019, propose d'accroître le rôle de l'État dans l'économie, de mettre fin au système de retraite privé et d'élargir les droits sociaux de la population. "On nous a confié la contestation pour la démocratie, la justice, l'inclusion, le respect, pour la dignité de tous", a déclaré le candidat qui a formé une alliance avec le Parti Communiste
Quiconque arrivera au palais présidentiel devra gouverner un pays profondément fracturé et avec une Assemblée Constituante qui travaille à la rédaction d'une proposition de nouvelle constitution qui doit être entérinée lors d'un vote populaire l'année prochaine.
Quelques-unes des propositions des rivaux
Le candidat de la droite radicale parle d'une réduction des dépenses fiscales, une dérégulation des marchés et une privatisation des entreprises. L'un des axes centraux de l'autre est la baisse des impôts de toutes sortes, une réforme fiscale inédite qui, selon le candidat, s'accompagnera d'une baisse des dépenses fiscales.
Fervent admirateur d'un État plus petit et plus austère, Kast envisage de baisser l'impôt sur les sociétés (de 27 % à 17 %), de baisser la taxe sur la valeur ajoutée (de 19 % à 17 %) et de réduire à zéro les impôts payés par les moyennes entreprises. Kast assure qu'avec "la paix, la sécurité et l'ordre" les investissements du secteur privé dans le pays augmenteront. Et sur le système des retraites, il prône des ajustements au système actuel qui incluent, entre autres, un relèvement de l'âge de départ à la retraite des travailleurs et du montant des cotisations.
Les perspectives économiques du programme de Boric indiquent exactement le contraire: renforcer l'État, augmenter les dépenses fiscales et augmenter la pression fiscale de plus ou moins huit points du produit intérieur brut (PIB) à un horizon de six à huit ans. Il vise à établir un État-providence doté d'un système de protection sociale garantissant les droits fondamentaux universels. Sur le plan fiscal, il envisage de créer un impôt sur les grandes fortunes du pays, d' appliquer une redevance aux grandes sociétés minières, et de créer de nouveaux impôts, mesures qui, ensemble, augmenteraient la collecte des impôts pour financer son agenda social. Boric entend supprimer le système de retraite actuel administré par les AFP, le remplaçant par un système dans lequel les fonds sont gérés par un organisme public et autonome. Son programme prévient que ces changements seront progressifs et n'interféreront pas "avec la propriété des fonds épargnés à ce jour".
En santé, Kast propose des changements tels que, par exemple, que la santé publique puisse soumissionner des solutions médicales et contracter des services selon les propositions les plus compétitives et efficaces. Certaines de ses mesures visent à accroître le recours à la télémédecine et à créer une entité dédiée à l'évaluation technique des traitements qui seront pris en charge par l'assurance maladie.
Pour le représentant de la gauche, il est essentiel de réduire l'écart entre les prestations offertes par la santé publique et privée. Il propose de créer un Fonds universel de santé (FUS) chargé de gérer les fonds apportés par les travailleurs et les moyens mis à disposition par l'Etat, et en même temps de réduire les délais d'attente pour accéder aux spécialistes et aux cabinets. S'il vient au gouvernement, Boric promet la fin des isapres (assurance maladie privée [alternative à l'assurance publique, à élection mais plus chère]) comme on les appelait jusqu'à présent, les transformant en assurance complémentaire volontaire. En parallèle, il envisage une augmentation progressive des dépenses fiscales de santé.
En éducation, le représentant de la gauche entend étendre le bénéfice de la gratuité de l'enseignement supérieur et éliminer les banques comme source de financement du système. En revanche, Kast veut se passer de la réforme de l'éducation en cours, abroger la loi sur l'inclusion et supprimer les contenus enseignés dans les écoles qu'il considère comme de la «propagande en faveur de l'avortement et des idéologies de genre».
Conflit mapouche et militarisation: Le représentant de la droite dure a déclaré qu'il continuerait à soutenir le déploiement des Forces armées dans la zone du conflit mapouche dans le sud du pays et à soutenir le rôle des militaires en uniforme dans le contrôle de ce qu'il appelle le «narco-terrorisme». Tant dans le sud que dans le reste du territoire, Kast prône "l'usage de la violence légitime" [de la part de l'État].
A l'opposé, Gabriel Boric a fait valoir qu'il n'était pas d'accord avec la militarisation de l'Araucanie, mais qu'il était favorable à la lutte contre le crime. "Je sépare nettement ceux qui commettent des crimes des justes demandes du peuple de la nation mapouche." Les idées de Kast ont été durement critiquées par le candidat de gauche, qui s'oppose à la création d'un « État policier ».
Kast, qui a juré de creuser un fossé à la frontière pour arrêter les migrants, s'opposer à l'avortement et réduire les impôts , a déclaré qu'il admire des dirigeants tels qu'Augusto Pinochet, Ronald Reagan, Margareth Thatcher et Jair Bolsonaro. Son rival, Gabriel Boric, un parlementaire de 35 ans et ancien leader étudiant qui incarne les revendications de la flambée sociale de fin 2019, propose d'accroître le rôle de l'État dans l'économie, de mettre fin au système de retraite privé et d'élargir les droits sociaux de la population. "On nous a confié la contestation pour la démocratie, la justice, l'inclusion, le respect, pour la dignité de tous", a déclaré le candidat qui a formé une alliance avec le Parti Communiste
Quiconque arrivera au palais présidentiel devra gouverner un pays profondément fracturé et avec une Assemblée Constituante qui travaille à la rédaction d'une proposition de nouvelle constitution qui doit être entérinée lors d'un vote populaire l'année prochaine.
Quelques-unes des propositions des rivaux
Le candidat de la droite radicale parle d'une réduction des dépenses fiscales, une dérégulation des marchés et une privatisation des entreprises. L'un des axes centraux de l'autre est la baisse des impôts de toutes sortes, une réforme fiscale inédite qui, selon le candidat, s'accompagnera d'une baisse des dépenses fiscales.
Fervent admirateur d'un État plus petit et plus austère, Kast envisage de baisser l'impôt sur les sociétés (de 27 % à 17 %), de baisser la taxe sur la valeur ajoutée (de 19 % à 17 %) et de réduire à zéro les impôts payés par les moyennes entreprises. Kast assure qu'avec "la paix, la sécurité et l'ordre" les investissements du secteur privé dans le pays augmenteront. Et sur le système des retraites, il prône des ajustements au système actuel qui incluent, entre autres, un relèvement de l'âge de départ à la retraite des travailleurs et du montant des cotisations.
Les perspectives économiques du programme de Boric indiquent exactement le contraire: renforcer l'État, augmenter les dépenses fiscales et augmenter la pression fiscale de plus ou moins huit points du produit intérieur brut (PIB) à un horizon de six à huit ans. Il vise à établir un État-providence doté d'un système de protection sociale garantissant les droits fondamentaux universels. Sur le plan fiscal, il envisage de créer un impôt sur les grandes fortunes du pays, d' appliquer une redevance aux grandes sociétés minières, et de créer de nouveaux impôts, mesures qui, ensemble, augmenteraient la collecte des impôts pour financer son agenda social. Boric entend supprimer le système de retraite actuel administré par les AFP, le remplaçant par un système dans lequel les fonds sont gérés par un organisme public et autonome. Son programme prévient que ces changements seront progressifs et n'interféreront pas "avec la propriété des fonds épargnés à ce jour".
En santé, Kast propose des changements tels que, par exemple, que la santé publique puisse soumissionner des solutions médicales et contracter des services selon les propositions les plus compétitives et efficaces. Certaines de ses mesures visent à accroître le recours à la télémédecine et à créer une entité dédiée à l'évaluation technique des traitements qui seront pris en charge par l'assurance maladie.
Pour le représentant de la gauche, il est essentiel de réduire l'écart entre les prestations offertes par la santé publique et privée. Il propose de créer un Fonds universel de santé (FUS) chargé de gérer les fonds apportés par les travailleurs et les moyens mis à disposition par l'Etat, et en même temps de réduire les délais d'attente pour accéder aux spécialistes et aux cabinets. S'il vient au gouvernement, Boric promet la fin des isapres (assurance maladie privée [alternative à l'assurance publique, à élection mais plus chère]) comme on les appelait jusqu'à présent, les transformant en assurance complémentaire volontaire. En parallèle, il envisage une augmentation progressive des dépenses fiscales de santé.
En éducation, le représentant de la gauche entend étendre le bénéfice de la gratuité de l'enseignement supérieur et éliminer les banques comme source de financement du système. En revanche, Kast veut se passer de la réforme de l'éducation en cours, abroger la loi sur l'inclusion et supprimer les contenus enseignés dans les écoles qu'il considère comme de la «propagande en faveur de l'avortement et des idéologies de genre».
Conflit mapouche et militarisation: Le représentant de la droite dure a déclaré qu'il continuerait à soutenir le déploiement des Forces armées dans la zone du conflit mapouche dans le sud du pays et à soutenir le rôle des militaires en uniforme dans le contrôle de ce qu'il appelle le «narco-terrorisme». Tant dans le sud que dans le reste du territoire, Kast prône "l'usage de la violence légitime" [de la part de l'État].
A l'opposé, Gabriel Boric a fait valoir qu'il n'était pas d'accord avec la militarisation de l'Araucanie, mais qu'il était favorable à la lutte contre le crime. "Je sépare nettement ceux qui commettent des crimes des justes demandes du peuple de la nation mapouche." Les idées de Kast ont été durement critiquées par le candidat de gauche, qui s'oppose à la création d'un « État policier ».