14/06/2021

Le système de pensions chilien auquel les populistes veulent mettre fin


Par Axel Kayser, économiste (Wall Street Journal, 28/05/2021) (Synthèse)

Les politiciens populistes détruisent le système de retraite révolutionnaire du Chili. En 1981, le Chili est devenu le premier pays à privatiser la sécurité sociale, mettant fin au système par répartition qui était en place depuis 1924 et s'était effondré. Maintenant, la gauche chilienne veut le ressusciter.
Le système de retraite de l'État a été en proie à la corruption et à la recherche de rentes depuis sa création. Parmi les 11.395 lois adoptées par le Congrès chilien entre 1926 et 1963, 10.532 accordaient des privilèges de pension à des groupes d'intérêts spéciaux, dont beaucoup avaient des liens politiques. En 1968, le président chilien Eduardo Frei, un démocrate-chrétien de centre-gauche, a décrit le copinage qui sévissait dans la sécurité sociale comme une «monstruosité absurde» que le gouvernement ne pouvait pas se permettre.
La privatisation des retraites a inversé cette dynamique perverse. Au lieu d'imposer les travailleurs actifs pour payer les retraités par le biais de la bureaucratie, le nouveau système, créé par l'ancien ministre du Travail José Piñera, a établi que 10 % du salaire de l'employé est transféré automatiquement sur un compte à son nom dans l'une des Administratrices de Fonds de Pensions, ou AFP. Ces fonds de pension privés se font concurrence pour attirer les travailleurs et investir leurs pensions contre rémunération.
Cela a rétabli le lien entre les cotisations et les prestations de retraite en rendant les travailleurs responsables de l'épargne des fonds qui les soutiendront une fois à la retraite. Ce nouveau système a également limité la corruption et la recherche de rentes, et les contribuables chiliens ne sont plus à la merci des déficits des retraites, qui représentaient en 1981 3 % du produit intérieur brut.
Au Chili, le rapport entre les cotisants actifs au système de retraite et les retraités percevant des allocations est passé de plus de 10 pour 1 en 1924 à environ 2 pour 1 à la fin des années 1970, tandis que la taxe sur les salaires est passée de 5 % à 51 % en certains cas. En s'appuyant par la suite sur les propres économies des travailleurs pour financer leurs retraites au lieu d'imposer les jeunes travailleurs, la privatisation de la sécurité sociale a mis fin à la dépendance entre les générations.
[Le texte original se poursuit mais n'est pas accessible sans souscription.]
Complément: Opinion de Mario Marcel, président de la Banque Centrale
Le Congrès continue son désir de surprendre et pour cette raison, ils ont déjà été présenté des motions parlementaires pour permettre le retrait de jusqu'à 100% des fonds de pension. Interrogé sur cette mesure et l'impact qu'elle pourrait avoir sur le système de sécurité sociale, le président de la Banque Centrale, Mario Marcel, a été catégorique : "Ce serait remonter cent ans en arrière dans l'évolution de la sécurité sociale au Chili".
Dans ce contexte, il approfondit son analyse en déclarant que « ce serait revenir à une époque où les gens devaient se débrouiller seuls pour financer leur vieillesse ou dépendre de l'aide de leurs enfants ou de la charité publique, mais avec une différence : en 1920, lorsque le système de sécurité sociale est apparu au Chili, les plus de 60 ans représentaient 0,2% de la population, aujourd'hui les plus de 60 ans représentent 18% de la population ». Pour Marcel, faire ce retour en arrière « serait quelque chose de très grave ».