14/07/2021

Juillet (a)

Santé (au 14/07)
- Contagiés actifs actuels: 14.000. 18 contagiés de delta.
- Taux de reproduction (R) moyen: 0,81 (3,7% positifs pour les tests PCR)
- Total des cas: 1.590.000 - Statistiques dynamiques 
- Patients en ventilation mécanique: plus de 2.400 (en baisse). (Graphique évolutif).
- Décédés: plus de 34.000 (plus de 43.000 si on inclut les cas suspects).
- Vaccinés: 15 millions avec au moins une dose (80% de la population objectif).
- Il y a une augmentation de seniors hospitalisés (mais pas en soins intensifs), même ayant reçu les 2 doses de vaccin; on propose une 3e injection en septembre.
- La quantité de nouveaux contagiés a baissé de 38% fin juin/début juillet.
- Le président Piñera, acompagné de plusieurs ministres, a exposé les changements du plan genéral de déconfinement. Les 4 étapes se maintiennent, mais les restrictions diminuent y les autorisations augmentent, spécialement pour les commerces et les personnes qui disposent du laisser-passer de mobilité (complètement vaccinés). Le commerce a applaudi les changements, qui le bénéficieront. Les spectacles pourront reprendre, pour les vaccinés, avec des limites d'assistance en proportion à la superficie.

Politique et administration
- La candidate socialiste à la présidence du pays a présenté son programme: avortement libre et gratuit jusqu'à la 14e semaine, fin des fonds de pension d'épargne individuelle et pension garantie de 225.000 CLP (250€, en dessous du salaire minimum!), baisse de 50% du prix des médicaments, et plus de 30 autres mesures. Elle est préoccupée car il y a peu d'adhésion à sa candidature.
- Enquête de préférences pour les candidats à la présidence: Jadue (communiste) 18%, Lavín (droite) 13%, Sichel (centre-droite, libéral) 10%, Provoste (DC) 9%, Boric (Front Ample) 6%.
- Le Parti Communiste pousse au parlement l'idée d'une accusation constitutionnelle contre le ministre secrétaire de la présidence (responsable, en dernière instance, de la mise en oeuvre matérielle de la convention constituante), vu les difficultés rencontrées lors de son installation (voir plus loin). Il y a aussi un projet d'accusation contre le ministre de l'Education pour la reprise des classes en conditions de pandémie et le "manque de financement" des établissements publics.
- Le président du Parti Communiste s'est plaint du Front Ample "qui profite de l'anticommunisme de la droite et autres secteurs" en bénéfice de son propre candidat à la présidence. Le parti et son candidat défendent le gouvernement cubain et proposent la création d'un ministère de l'information (pour la contrôler, bien sûr) dans leur prochain gouvernement et insultent les journalistes qui les contredisent. Au contraire, le candidat du Front Ample défend les droits humains, les manifestations à Cuba et la liberté d'information "partout".

Convention constituante (CC) (chargée de rédiger la nouvelle constitution)
- 4 juin: La journée a commencé vers 8h30 avec des cérémonies des délégués indigènes réalisant des rites ancestraux de leurs communautés à divers endroits de la capitale.
- Des défilés de ceux-ci et de quelques autres groupes ont ensuite aussi eu lieu. Malgré que les normes sanitaires ordinaires ne les permettant pas, le gouvernement a préféré les autoriser "pour ceux qui possèdent le laisser-passer de mobilité".
- L'inauguration a eu lieu à l'extérieur de l'ancien édifice du Congrès, à Santiago, vu leur nombre (155), afin de respecter le plus possible les mesures sanitaires (foto). On leur a fait un test d'antigène et on leur prend la température quand ils entrent. La tâche de ce jour était de choisir une présidente et un vice-président. 
 - Convoquée à 10h, la cérémonie a commencé à 11h avec l'hymne national, pendant lequel des huées et des cris "non à la répression" ont été proférés. La suite de la cérémonie a été interrompue, les représentants de la "Liste du Peuple" exigeant que la "force spéciale" des carabiniers "qui réprimait les manifestants pacifiques à l'extérieur" soit d'abord retirée. Les choses se sont finalement calmées et la session a repris son cours à 12h30.
- La secrétaire du Tribunal Electoral a lu l'acte de certification des résultats de l'élection des constituants puis a demandé leur acceptation de leur charge. Après quoi elle a demandé de voter pour le président de l'assemblée. Après 2 votations a été élue Elisa Loncon, mapouche, docteur en humanités et lingüistique de l'Université de Leiden, comme présidente (foto - Voir son discours en Extra) puis, après 3 tours, le vice-président, Jaime Bassa, avocat appartenant au Front Ample. 
- Finie la session, les deux ont demandé une minute de silence pour "les victimes de la dictature et de la révolte sociale [de 2019], les enfants assassinés au Canada et les femmes tuées par leurs maris". Ils ont aussi demandé une amnistie pour "les détenus politiques de la révolte de 2019 et d'Araucanie" [qui n'existent pas, selon le gouvernement, car ne sont encore détenus que des délinquants], ce qui n'est pas dans les facultés de la Convention. Ils ont finalement cité les membres pour travailler le lendemain après midi et à partir de 10h les mardi, mercredi et jeudi, se réservant la matinée du lundi pour préparer un règlement transitoire qui serait soumis à l'assemblée l'après-midi. Fin de la session à 18h30.
- Il y a effectivement eu des escarmouches entre agresseurs et carabiniers dans les environs, qui se sont soldés avec 20 détenus et 30 carabiniers blessés. Le "non à la répression" avait déjá été entendu lors du défilé des partisans de la "Liste du peuple" avant l'entrée de leurs délégués au Congrès.
- Lundi 5: La session pléniaire n'a pu se réaliser car il n'avait pas été prévu qu'en raison des exigences sanitaires les 155 délégués devaient se divisier entre plusieurs salles, lesquelles auraient dû être interconnectées mais ne l'étaient pas. [Comment cela n'avait-il pas été prévu?]
- La situation n'était pas meilleure le matin du mardi. La session a de nouveau été suspendue. Le président Piñera était particulièrement fâché. La directive de la convention a accusé le gouvernement d'obstruction. Le recteur de l'Université du Chili a mis ses salons et ses techniciens en informatique à la disposition de la convention. Le secrétaire exécutif de la convention, fonctionnaire du gouvernement chargé de ces aspects techniques, a été forcé de présenter sa démission. Un nouveau secrétariat a été formé, composé de fonctionnaires de la chambre et du sénat (plus ample que celle prévue par le gouvernement), appui reçu des présidents de ces corporations. L'après-midi, les techniciens universitaires ont évalué les conditions de travail et finalement approuvé. Une commission du Collège des Médecins a aussi évalué les conditions sanitaires (estimées insuffisantes) et proposé un protocole d'opération. Tout cela comme conséquence des communications de la présidente et du vice-président de la convention avec les organes respectifs, car ils "n'avaient plus confiance dans les promesses et actions de l'éxécutif" comme exposé le lendemain par le vice-président devant toute l'assemblé.
- Le mercredi matin, tous les problèmes ayant été résolus, en assemblée générale, le vice-président a rendu compte de tout ce qui s'est réalisé la veille y a expliqué les aspects administratifs mis en route ainsi que la nécessité de former au plus tôt 3 commissions: une chargé de rédiger le règlement, une chargée de l'éthique (comportement des membres) et une de budget. Toute dépense devra être contrôlée par cette commission et approuvée par la directive, n'acceptant aucune intervention politique du gouvernement dans ces décisions. L'exécution (achats autorisés) restera à charge de l'exécutif, comme il était prévu. L'après-midi on discuta la formation de la directive, qui aura finalement 7 membres de plus, dont 2 pour les peuples originaires. Ils seraient élus le lendemain.
- Dans un document de six pages, le Parti communiste (PC) a insisté sur sa remise en cause du quorum des 2/3 pour préparer la nouvelle Constitution - qui a été établie par les signataires de l'accord du 15 novembre 2019 ayant donné lieu au processus constituant - et ont proposé différentes manières de traiter ce problème. Selon le parti, c'est la convention elle-même qui doit définir le quorum d'approbation. L'une des propositions les plus marquantes du texte est celle qui parle de paralyser le fonctionnement de la Convention constitutionnelle jusqu'à ce qu'un accord politique soit trouvé à cet égard.
- Avec 105 votes favorable, la convention a émis une déclaration demandant "le traitement avec le maximum de célérité [au parlement] du projet de lois d'indulte pour tous les détenus de la révolte sociale (de 2019), un indulte pour tous les `prisonniers politiques´ mapouches depuis 2001, la réparation pour les victimes de droits humains ainsi que le retrait des réclamations en justice basées sur la loi de sécurité de l'Etat, et la démilitarisation de l'Araucanie". Si bien ils déclarent "respecter les compétences des autres pouvoirs de l'Etat" [sur lesquels ils empiètent], ils considèrent que "la Constituante est un organe de représentation populaire, probablement l'organe le plus représentatif que nous ayons eu dans l'histoire du Chili, et nous avons la liberté et le droit de l'exprimer, non seulement les personnes qui font partie de la Constituante mais aussi les personnes que nous représentons". Pas un mot pour les victimes des délinquants qui seraient indultés. [Le projet de loi d'indulte, qui est au parlement, contemple tous les imputés pour des délits commis entre le 19 octobre et le 9 décembre de 2019, les conditions pour les cas les plus graves étant en discussion. Il y a 4.828 condamnés.]
- Réclamation de plusieurs constituants: la directive impose ses critères, sans atributions sujettes à des règles. Elle agit comme une autorité souveraine "demandant" [ici, cela signifie une exigence] des choses qui ne correspondent pas à ses atributions légales. Elle fait voter à main levée, ce qui ne permet pas un compte exact, mais a annoncé la mise en place d'une votation numérique la semaine suivante.
Un constituant socialiste (comme aussi les constituants de droite) a cependant déclaré que la violence est inacceptable et qu'incendier une église ou saccager des commerces sont des actions délictuelles qui ne peuvent rester impunis. Ils n'ont rien en commun avec les "protestations sociales".
Le sous-secrétaire de l'Intérieur a aussi répondu que "Ni ceux qui ont utilisé des cocktails Molotov hier ou pillé des locaux commerciaux, ni ceux qui l'ont fait à l'occasion de la flambée sociale ne sont des prisonniers politiques. Ce qui nous correspond, c'est de poursuivre, détenir et traduire en justice ceux qui commettent des crimes".
- Les sessions ont été suspendues le jeudi soir pour reprendre le mardi suivant. Une semaine de travail sans aucun contenu constitutionnel.
- Le lundi suivant, le vice-président de la CC s'est réuni avec la présidente du Conseil pour la transparence et le Contrôleur Général (Cour des Comptes) pour se mettre d'accord afin d'assurer la transparence et l'information aux citoyens. [Un peu d'espoir?]
- Le mardi a été traité le protocole sanitaire et la formation des commissions (membres à voter le lendemain).
- Le gouvernement a fait un appel à un dialogue ouvert. Du sectarisme a été observé: ¿dérive autoritaire de la convention? Voir Extra "Chili, un parcours peu propice".

Economie
- La croyance en ce qu'il est possible d'améliorer sa situation économique grâce à l'effort et le travail dur est en baisse dans le pays, selon le Centre de Développement Urbain Soutenable.
- Le président Piñera a soutenu qu'un million d'emplois ont été créés cette anné, mais la dernière étude dit que 37.000 se sont perdus ce dernier trimestre.
- L'indice d'activité économique de mai a monté de 18%, produit surtout des ventes du commerce, résultat des retraits des fonds de pensions. Il arrive ainsi au niveau pré-pandémie. Les dépenses de l'Etat ont augmenté de 51%, vu les apports sociaux pour la population.
- Les secteurs de la construction, de l'agriculture et du commerce se plaignent du manque de main d'oeuvre: beaucoup (50%) refusent de travailler de peur de perdre les bénéfices du gouvernement.
- L'indice Gini d'inégalité des revenus montre un retour en arrière de 15 ans. Le taux de pauvreté, qui était arrivé à 8,6% en 2017, a remonté à 10,8% en 2020, mais 17% chez les émigrants
- Le retard d'arrivée d'un bateau amenant du gas naturel a provoqué une coupure de service pour l'industrie métallurgique. ¿Pourquoi n'y a-t'il pas assez de réserves?
- Nouvelle loi: la publicité de boissons alcoolisées sera interdite lors des spectacles sportifs.
- 81% des entreprises n'ont pas de buget suffisant pour assurer leur cybersécurité.
- Une étude a révélé qu'il faudrait 30 ans pour apporter une solution au déficit de logements à Santiago.

Sécurité et justice
- Araucanie: Multiplication des attaques et incendies, même d'un poste sanitaire, avec ouvriers blessés; menaces au procureur régional et sa famille; maisons de carabiniers attaquées à coups de feu et l'auto de l'un d'eux incendiée. Dans une attaque, un ouvrier a été gravement blessé. Un affrontement a alors eu lieu avec la police et un attaquant, portant un fusil M16, a été tué. Pour les communautés mapouches qui se disent "résistantes", c'est un "guerrier mort au combat", et même "un assassinat" par la police selon des politiciens de gauche et des membres de la convention constituante, sans aucun mot de leur part pour les victimes des attaques. C'est une "défense du terrorisme" dit la droite.
Dans les jours suivants, une soixantaine de véhicules ont été attaqués et incendiés, dont 16 camions sur l'autoroute nord-sud, et il y a eu un autre affrontement avec la police, le tout en "représailles".
Le cercueil du "résistant" tué a été veillé par des gardes armés de fusils de guerre (voir photo). Des raffales d'armes automatiques ont aussi eu lieu lors de ses funérailles, auxquelles a assisté un millier de personnes. La police n'est pas intervenue et une enquête a été ordonnée malgré que c'est un délit flagrant. (On préfère éviter plus de confrontation?)

Education
- Le ministre de l'Education a rendu compte de plus d'une centaine de réunions (virtuelles) avec des experts et divers groupements: tous, sauf les professeutrs publics [!] sont d'accord sur la nécessité de reprendre les classes en présence mais en appliquant de strictes mesures de sécurité sanitaire et selon la libre décision des parents. Des épidémiologues croient aussi que c'est une erreur et ont peur d'une contagion massive d'enfants mais, dans d'autres pays, si beaucoup d'enfants sont tombés malades c'est parce que les quarantaines ont empêché qu'ils développent leurs défenses face à d'autres virus.
- En réponse à une question sur l'obligation de ventiler les salles en plein hiver, le ministre a répondu que les enfants n'avaient qu'à mieux se vêtir pour le froid. [!]

Extras