15/02/2019

Février 2019 (a)

Catastrophes
- Le nord désertique du pays a souffert d'importantes innondations du fait de l'hiver andin (saison des pluies). Un campement (bidonville) a été rasé par les eaux à Arica et de nombreuses routes intérieures ont été coupées (27% du total). Un millier de personnes ont dû être évacuées. Les gares d'autocars d'Arica et d'Iquique ont collapsé à cause du nombre de passagers bloqués, la route entre ces deux villes ayant étant coupée pendant plusieurs jours. A Iquique, il a plus plu en 2 heures que ce qu'il y pleuvait normalement en 2 ans! Calama a été 4 jours sans eau potable et le service n'a été rétabli que par moitiés de la ville, à tour de rôle, la compagnie étant incapable de décanter plus d'eau. Le service d'urgence de son hôpital a été innondé et 973 maisons ont des dégâts. Les vols ont dû être réorganisés à son aéroport. La zone touristique de San Pedro de Atacama a aussi été affectée par les innondations, un village ayant même soufert une invasion de boue de 30 cm de haut (avec blocage des égoûts). La mine de Chuquicamata a dû interrompre ses activités; un toit y est tombé sur une centaine de travailleurs et la route à Calama a été coupée. Le président Piñera a interrompu ses vacances pour visiter la zone pour vérifier la situation et coordonner l'aide.
- Les incendies de forêts se sont multipliés dans le sud. Plus de 15.000 ha ont été consummées en Araucanie, et 40.000 ha (4.000 incendies) dans le pays cette saison, sans compter les 11.000 ha incontrôlables de la région d'Aysen; plusieurs maisons ont été détruites, des villages évacués dans la région de Concepcion, et 2 personnes sont mortes. Deux grands avions citernes canadiens ont été amenés pour aider à combattre le feu. A Aysen, le combat du feu est impossible, le terrain étant très montagneux et sans routes d'accès et les vents rendent impossible des vols à basse altitude pour déverser de l'eau. Il n'y a qu'à espérer que les pluies l'éteignent... dans 2 mois!
- Le coût des dégats causés par le tremblement de terre de Coquimbo (en janvier), les pluies du nord et les incendies du sud atteint 128.000 millions de CLP (170 millions d'€).

Araucanie
- Durant sa première année de gouvernement, Piñera a fait 4 visites à la Région de l'Araucanie et 5 à la Région du Biobio (au nord de l'autre et aussi affectée par le conflit mapouche), plus que dans toute autre région.
- Une coupure de courant a laissé sans électricité pendant plusieurs jours 55.000 personnes de centres touristiques, une communauté mapouche n'ayant pas permis aux techniciens de la traverser pour réparer la ligne de transmission. Il a fallu l'appui de la police pour parlementer et obtenir le passage. A un autre endroit, quelques jours après, 12 km de cables de transmission électrique ont été volés.
- Une coupure de canalisations d'eau potable on laissé 10.000 personnes sans eau.
- Des mapouches attaquant les pompiers qui éteignent les incendies de forêts, il a fallu faire appel à l'armée pour les protéger! Même les avions qui déversent de l'eau sont attaqués à coups de feu.

Police
- En 2018, la police a saisi 680% de plus de drogues synthétiques (885.745 doses) qu'en 2016.

Economie
- Les seniors qui reçoivent la pension de base de l'Etat sont ceux qui ont le plus de dettes dans le commerce.
- En six mois, l'emploi de sacs en plastique a baissé de 1.000 millions, grâce aux limites imposées (2 par acheteurs dans les supermarchés). Maintenant, les supermarchés ne peuvent plus en donner aucun. Des suites de cette interdiction, la vente de sacs en plastique pour ordures a augmenté de 37%.

Climat
- Les températures dans le sud du pays sont les plus hautes en 100 ans de registre (40,3° à Temuco). A Santiago, elles ont atteint 38° (les mesures sont toujours à l'ombre). Les ventes de ventilateurs ont augmenté de 500% ces derniers 15 jours.

EXTRA: Bachelet et le Vénézuéla
(Extrait du journal La Tercera, 3/02/2019)

Socialiste militant depuis sa jeunesse, l'image de Chávez - symbole de la nouvelle révolution bolivarienne - a été admirée par la gauche latino-américaine au cours des années. C'est pourquoi ceux qui ont participé aux réunions entre Bachelet et Chávez [lors du premier gouvernement de celle-ci] les ont qualifiées de moments agréables. Les deux autorités ont fini par forger une relation pleine d'affinité et de sympathie. L'exprésidente, sans jamais se reconnaître chaviste, répondait aux appels de Chavez avec animation et n'hésitait pas à agir en faveur de ce pays sud-américain, soucieuse de transmettre des signaux aux forces progressistes du continent, telles que l'Argentine avec Cristina Fernández et le Brésil avec Lula da Silva.
Chargée de veiller au respect des droits de l'homme dans tous les pays du monde, la situation au Vénézuéla a commencé à occuper l'ordre du jour de l'exmandataire et les pressions pour visiter le pays gouverné par Maduro se sont intensifiées. En novembre ce fut le même Maduro qui l'invita, ce à quoi elle répondit que "Nous devrons voir quel est le meilleur moment pour partir et dans quelles conditions".
L'inflexion qui alimente les critiques à l'encontre de Bachelet est survenue le jeudi 29 [janvier] lorsque le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Rupert Colville, a déclaré qu'à l'heure actuelle "nous ne sommes pas près de ce que cela (visite de Bachelet au Vénézuéla) puisse arriver."
Au cours de son deuxième mandat présidentiel, Bachelet a fait tous ses efforts pour entretenir de bonnes relations avec ce pays, mais son ministre de affaires étrangères lui a fait comprendre la nécessité de se démarquer du gouvernement de Maduro et elle fit quelques démarches en faveur de l'opposition. Puis d'autres gestes de prise de distance se sont matérialisés, mais elle a gardé ses distances avec la position du gouvernement Piñera.
Son silence sur le sujet a été un commentaire obligatoire au Chili et à l'étranger. Même ses plus proches admettent que son image se dégrade dans la mesure où elle n’ajoute pas sa voix à celles, de plus en plus nombreuses, qui condamnent le régime de Maduro. Des diplomates proches d'elle assurent que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lui aurait lui-même ordonné de suspendre sa visite dans ce pays et a commencé à jouer un rôle de premier plan dans la crise.
[Elle maintient toujours son silence et même le directeur de Human Rights Watch réclame que sa voix devrait s'entendre et 86% des chiliens l'estiment aussi. Elle est socialiste et le PS chilien ne se décide toujours pas à condamner Maduro. Et Guterres a assuré que l'ONU ne ferait partie d'aucune "initiative groupale" afin de maintenir "sa crédibilité pour aider à trouver une solution politique" (?).]

Francisco et le Vénézuéla
(Extrait du journal espagnol El País, 5/02/2019)
L'Iran n'est pas la seule théocratie contemporaine qui abjure du président Guaidó. Le Vatican résiste à le reconnaître, à la fois en raison de l'idiosyncrasie bolivarienne du pape François et du fait que son secrétaire d'État actuel, Pietro Parolin, a été l'architecte de la réconciliation - de la communion - entre le chavisme et le Saint-Siège à l'époque idolâtre du maréchal Hugo Chavez. C'est la raison pour laquelle Nicolás Maduro a demandé la médiation morale et politique du Pontife Suprême.
Les démocraties qui ont embrassé la légitimité de Guaidó se multiplient, mais François est réticent à s'impliquer parmi eux. Et non seulement pour son identification avec la doctrine sociale du chavisme, mais pour un rejet équivalent du poison du capitalisme.
La diplomatie du Saint-Siège est liée aux obligations de son cynisme historique, elle se récrée dans l'esthétique de la spéculation, mais l'exercice de l'équilibre implique désormais une marge de crédibilité et un espoir pour la survie de Maduro. Il n'y a pas d'équidistance possible. Éviter la reconnaissance de Guaidó est une forme d’engagerment avec les pays qui coopèrent avec le dictateur. Ce sont la Chine, l’Iran, la Russie, Cuba, la Turquie et la Syrie. Et cela pourrait inclure le drapeau blanc et jaune du Saint-Siège. Les seules réflexions pontificales sur la crise se limitent à la prévalence de la paix et de la coexistence.
En voyage oecuménique dans la satrapie des Emirats Arabes Unis, François prône la liberté de religion au Moyen Âge d'Allah, mais la mission s'est révélée plus extravagante que nécessaire. Au lieu de couvrir les dictateurs du Golfe, le pape devrait démasquer celui du Vénézuéla.
[Le papa a finalement répondu à la demande de médiation de Maduro que cela n'était pas possible car il n'avait pas respecté les accords antérieurs. C'est au moins quelque chose!]