30/06/2021

Juin (b)

Santé (au 30/06)
- Contagiés actifs actuels: 29.000 confirmés. Il y a 1.200 réinfectés.
- Taux de reproduction (R) moyen: 0,81 (6,85% positifs pour les tests PCR)
- Total des cas: 1.551.000 - Statistiques dynamiques 
- Patients en ventilation mécanique: plus de 2.500 (en baisse). (Graphique évolutif).
- Décédés: plus de 32.400 (plus de 40.000 si on inclut les cas suspects).
- Vaccinés: 14,5 millions avec au moins une dose (80% de la population objectif). Il y a de moins en moins de gens qui vont se vacciner (-43%) et ce sont surtout les jeunes adultes qui s'y résistent.
- Le ministre de la Santé s'est fâché avec son collègue italien qui a cité le cas chilien comme "exemple d'une campagne de vaccination ratée" suite à l'emploi d'un vaccin chinois. Si le succès de la vaccination au Chili semble bas, ce serait du fait que la plupart des gens ont reçu le vaccin de Sinovac, qui aurait une efficacité moyenne de 63%, contre 95% pour les BioNTech et Moderna, selon certains spécialistes. Cela est la théorie, mais on a constaté ici 85% d'efficacité du Sinovac (pour un peu plus de 90% pour les autres). Mais il y a aussi moins de respect pour les mesures de protection, car l'économie informelle fait vivre environ 50 % de la population et les gens doivent sortir tous les jours pour trouver un revenu qui puisse nourrir leur famille (et il n'y a pas de fiscalisation).
- Le Collège des Médecins a demandé avec insistance le 14 juin une quarantaine totale dans tout le pays durant 3 semaines (avec fermeture de tous les bureaux, entreprises et services non essentiels). Mais il y a une liste de 60.000 experts étrangers qui disent que cela serait un désastre pour la santé physique et mentale, totalement inutile: c'est la déclaration de Great Barrington (on peut choisir la langue pour la lire). Dans d'autres pays, cependant, la flexibilisation cause un désastre. Où est la bonne recette?
- La contagion a très fortement baissé dans la région de Punta Arenas (avec 80% de sa population complètement vaccinée), y permettant un déconfinement presque total. 10 communes de Santiago ont pu de nouveau avancer un peu en déconfinement, malgré que les cas de contagion sont encore fort hauts, ce qui a été permis car elles ont passé 3 mois ou plus en confinement. Le reste des communes pourra aussi le faire en juillet. On ne pense donc pas suivre la recette du Collège des Médecins et le plan de déconfinement progressif sera modifié pour donner plus de libertés, les restrictions devenant insupportables.
- Les entreprises qui nécessitent toujours la présence de leurs travailleurs devront prendre une "assurance covid".
- Les contrôles sanitaires frontaliers ont été renforcés pour éviter autant que possible l'arrivée de la mutation Delta du virus, mais 2 cas ont déjà été détectés ici. Une chilienne revenue des Etats-Unis avait été autorisée "exceptionnellement" à assister à des funérailles 2 jours après son arrivée car son PCR était négatif mais 2 jours plus tard il est devenu positif. L'autorisation est contraire à la règle de quarantaine pour les voyageurs, son cas en montrant le bien fondé: sa soeur est déjà contagiée. Elle serait aussi allée à un restaurant au lieu de rester chez elle. On contrôle maintenant ses contacts. Le deuxième voyageur contagié de delta venait d'Arménie et a été détecté par le PCR pris à l'aéroport, puis maintenu isolé. (Seuls les chiliens peuvent passer la frontière dans des cas spéciaux justifiés). Le parquet enquête s'il y a eu négligence dans le premier cas.
- Le docteur chilien Rodrigo Young, travaillant à l'University College de Londres, a développé un test de coronavirus appelé PoST (Phone Screen Testing) qui consiste à passer un petit cotton sur la surface du téléphone cellulaire, ramassant ainsi l'ARN qui s'y colle en l'utilisant, ce qui permet de détecter même les contagiés sans symptômes mais qui sont contagiants. La coïncidence avec les tests PCR est d'entre 81 et 100% (et c'est beaucoup moins invasif et moins coûteux). Si le PoST est positif, il convient de confirmer avec un autre test car l'ARN trouvé pourrait avoir une autre source.
- En 6 mois, il y a eu 13.000 naissances de moins.
- Le président Piñera a annoncé la provision d'un fond extraordinaire de 2.000 millions de dollars pour le ministère de la Santé et l'acquisition de vaccins pour la possible inoculation d'une troisième dose. Il y a des contrats pour 44 millions de vaccins et 22,3 millions sont déjà arrivés.

Politique et administration
- Le tribunal électoral a décrété que l'élection de bourguemestre de la commune de San Ramon (Santiago) devra être répétée à cause de nombreuses irrégularités. C'est la commune où le maire est accusé de collusion avec des narcotrafiquants et a été réélu grâce à des interventions déclarées illégales. (Il sera formalisé dans les prochains jours.)
- Le candidat communiste à la présidence a annoncé son programme de gouvernement: suppression des fonds de pensions d'épargne individuelle (qu'il remplacerait par "un système contributif avec l'échelle de la sécurité sociale proposée par l'OIT: un système de répartition corrigé"), augmenter les fonctions de la Banque Centrale (qui inclurait dans sa direction des "acteurs sociaux"), annuler le contrat d'exploitation privée de la saline d'Atacama (lithium), révision des traités de libre-commerce, changements tributaires, contrôle des médias (!), etc. Son conseiller économique a assuré qu'il ne ferait pas d'expropriations ou nationalisations. (Voir EXTRA)
- Le parlement a décrété - 4 jours avant - que le lundi 21 juin (solstice d'hiver, nouvel-an indigène) serait férié pour célébrer un "Jour des Peuples Originaires". (Tous les rendez-vous qui avaient été fixés pour ce jour doivent être changés! Un nouveau retard pour ceux qui attendent des mois pour voir un médecin!)
- Le président Piñera a signé le décret qui convoque la Convention Constitutionnelle à sa première session le 4 juillet. Il a rappelé les limites de sa fonction (elle ne peut faire des lois ni intervenir dans les fonctions actuelles de l'exécutif), ce qui a été mal reçu par les constituants.
- Le gouvernement a demandé au parlement de renouveller l'état d'urgence pour raisons sanitaires pour encore 3 mois. Les parlementaires ont posé comme condition des changements dans le programme de déconfinement (augmentant les libertés), ce qui a été assuré.

Economie
- 720.000 clients sont endettés pour leur compte d'électricité. Par loi, les compagnies ne peuvent couper le courant tant qu'il y a pandémie.
- 5.629.720 personnes cotisent aux fonds de pensions d'épargne individuelle, le plus haut nombre depuis janvier 2020. (S'il avait baissé avec la pandémie, il s'est donc récupéré.)
- Les ventes par internet ont triplé durant le premier trimestre.
- 96 membres de la convention constituante sont partisans de restreindre ou même interdire les investissements étrangers! (Même Maduro, au Vénézuéla, pleure pour les récupérer!]
- Le prix de l'essence a augmenté pour 36° semaine consécutive. (C'est que la valeur du CLP continue à baisser face au dollar.)
- La chambre prétend interdire les offres de ristournes pour ceux qui ont des cartes de crédit des chaînes de grands magasins mais les maintiendrait pour les cartes de banques. Et ce sont les moins fortunés (qui n'ont pas de compte en banque) qui ont des cartes de grands magasins! Qui comprend cela?
- 14,5 millions de chiliens commencent à recevoir le revenu familial d'urgence disposé par le gouvernement (environ 200€ par personne pendant 3 mois).

Sécurité et justice
- Araucanie: Nouvelles attaques et incendies, dont 30 maisons et un carabinier blessé, et aussi la maison du contrôleur des drones qui surveillent la zone. Deux hommes qui avaient trouvé des armes et tenté de les revendre ont été séquestrés et torturés, l'un d'eux finalement dissous en soude caustique puis brûlé. (On n'avait jamais vu quelque chose d'aussi horrible!) Il y a eu 12 arrestations d'impliqués dans ce cas. 
Trois camions de bois volés à une entreprise forestière ont été récupérés.
Tous les chevaux d'un élevage de pur-sangs (les seuls andaloux du pays) ont été volés. Comme ils ont tous des puces GPS, on sait où ils sont, mais la police ne pourrait accéder à ce secteur qu'avec des blindés, car il est défendu par une communauté extrêmement violente. Comme 60% de la viande vendue en Araucanie est le produit de vols, on craint qu'ils soient rapidement abattus.
Les communautés pacifiques vivent dans la terreur, car elles sont aussi attaquées. Le parquet ne fait presque rien dans la région [procureurs aussi apeurés?]. 50 membres de communautés, cependant, ont été interpelés en justice par le gouvernement régional pour trafic de drogue.
- Un hangar de culture de cannabis, avec des centaines de plantes et un système technologique très avancé a été trouvé par la police civile. Le cannabis et la cocaïne saisis ont une valeur de 15.000 millions de CLP (plus de 16 millions d'€)
- Par 2 fois, une trentaine d'émigrants ont été expulsés du pays. La plupart sont des délinquants condamnés dans leur propre pays ou ici, les autres sont des irréguliers qui ne se sont pas mis à jour. Les organismes de droits humanins réclament.
- La Contralorie (Cour des Comptes) a ordonné une enquête administrative dans la police et la Direction de Mobilisation (chargée du contrôle des armes) y ayant détecté de nombreuses anomalies, au point que 22.987 armes sont inscrites aux mains de délinquants, 132.921 de personnes décédées, 10.677 sans le numéro d'identité requis, et 3.755 personnes ont une quantité d'armes supérieure au maximum autorisé.

Transports et Communications
- La confiance moyenne dans les médias (en rapport aux nouvelles) est de 36%, mais il y en 6 qui ont plus de 50% de confiance (3 radios, 2 canaux de TV et, en bloc, des journaux locaux). Les principaux canaux de TV ont abandonné leurs programmes d'amusement du matin, les remplaçant par des discussions politiques ou sur la santé, des suites de la pandémie et des élections de cette année. (Étude de l'Université Catholique de Santiago)
- Comme le lundi 28 était férié, il y a eu d'énormes bouchons sur les routes de sortie de Santiago, à cause des contrôles sanitaires: jusque 5 heures pour faire 150 km ! 140.000 voitures sortirent de Santiago. Beaucoup d'automobilistes ne portaient pas les autorisations nécessaires (Ils partent sans se préoccuper des restrictions!) et beaucoup d'autres semblaient utiliser de faux prétextes.

EXTRA:


Le candidat communiste chilien et ses idées

Le Parti Communiste et son "statut de garanties"
(Editorial de LaTercera, 15/06/2021)
La demande insolite faite par le candidat présidentiel du Parti Communiste, Daniel Jadue, d'exiger de l'Armée et des démocrates-chrétiens un "statut de garanties" - de sorte qu'ils "s'engagent à ne plus jamais se rendre disponibles pour renverser leur propre gouvernement"- a fait l'objet de multiples critiques, notamment parce que jusqu'à présent aucune candidature n'avait tenté d'impliquer ainsi les Forces armées dans la contingence politique.
Jadue lui-même a apparemment été conscient de l'effet négatif que ses déclarations ont causé, et a cherché à les nuancer, affirmant qu'«il n'est pas nécessaire de signer un accord (…) J'espère que toutes les institutions, toutes les parties, sont au niveau des défis démocratiques auxquels le Chili est confronté aujourd'hui». Malgré ces détails, le candidat ne semble pas avoir rétracté le fond de son message, semant des doutes complotistes et remettant en cause - sans aucun fondement - les références démocratiques des partis politiques et des institutions.
Même s'il peut y avoir quelque chose de symbolique dans le fait qu'un candidat communiste soit désormais celui qui est autorisé à demander un «statut de garanties» aux démocrates-chrétiens, la demande a été faite par la DC au gouvernement de l'Unité Populaire en échange de son vote pour que le candidat de cette coalition, Salvador Allende, arrive au pouvoir [en 1970], tenter de ramener le débat au climat politique tendu du début des années 1970 est absurde. Cependant, le plus inquiétant est qu'il est destiné à emmener les Forces Armées sur un terrain délibératif, un risque qui a été averti par de multiples voix, entraînant ainsi une irresponsabilité qui n'est pas propre de ceux qui entendent diriger le destin du pays. L'armée, ainsi que le reste des instituts armés, ont bien fait de se taire, et de ne pas se laisser emporter par ce type de provocation.

Le discours offensant et haineux de Jadue (Extraits)
Par Carmen Frei, présidente de la Démocratie Chrétienne. 
(La Tercera, 20/06/2021)
Le candidat de l'extrême gauche Daniel Jadue a des propos qui, à mon avis, sont offensants et haineux, et essaie de nous conduire sur la voie du bien et du mal. Mon rêve d'un pays n'a rien à voir avec ce style de disqualification ni avec mon âge (83 ans) ... Cela m'a blessé que lors de la récente campagne (deuxième tour des gouverneurs), ils ont essayé de nous lier en tant que participant ou favorisant le coup d'État militaire [1973], car la DC a toujours rejeté toutes les dictatures d'où qu'elles viennent et nous avons toujours rejeté la violence. Cela et beaucoup d'autres disqualifications de la DC qui étaient dans les médias sociaux avec l'intention de nuire à Orrego [le gouverneur métropolitain récemment élu, qui est DC], étaient des mensonges.
Jadue représente une ligne très extrême et il y a souvent des gens qui ne connaissent pas l'histoire ou ne se souviennent pas de ce qui s'est passé ou qui se retrouvent avec des slogans simples. Notre pays a beaucoup manqué d'éducation civique sur ce qui s'est passé...
Nous n'allons pas atteindre [?] le scénario hypothétique dans lequel les chiliens sont dans le dilemme de voter pour deux extrêmes qui ne conviennent pas au pays [Lavín à droite et Jadue à gauche]. Les élections de dimanche dernier nous ont montré le contraire. Nous venons de remporter 11 postes de gouverneur et le projet de la droite a été très discrédité plus que tout, je pense, à cause de l'échec du gouvernement. De l'autre côté, je pense que pèsera au candidat de gauche (Jadue) avoir tenté de polariser le pays. Je pense que c'était une très mauvaise stratégie pour eux et c'est pourquoi j'ai beaucoup de confiance dans ce qui s'en vient. Notre pays veut un projet unitaire et je ne me lasse pas de le répéter.
Le triomphe de Claudio Orrego a été fondamental pour nous, vital je dirais. Et c'était très important pour le pays, car une candidature a été choisie avec des propositions concrètes et sérieuses qui favorisent une croissance égale pour cette région.
Nous devons être très capables et très responsables du bien de notre pays et non de nos idées ou de nos intérêts. On peut penser différemment, mais le bien commun nous force aujourd'hui et nous apprend qu'il faut savoir se mettre d'accord sur les choses les plus importantes, car les gens de notre pays souffrent et ne veulent plus de divisions.
Nous vivons une époque de tellement d'insécurité pour les gens et de tellement de douleur que le public veut juste voir la sécurité, ils veulent voir des gens qui pensent à eux et pas à nous. Nous en avons discuté avec beaucoup de franchise et de tranquillité [dans la coalition de centre-gauche, héritière de la "Concertation" qui a fonctionné et gouverné de 1990 à 2010] et je crois que ce dialogue respectueux mais solidaire nous permettra de continuer à marcher.

Déclarations de Jadue sur l'économie (Extraits)
(La Tercera, 28/06)
« La chose la plus pertinente est que vous devez comprendre qu'à un moment donné, nous allons devoir limiter la richesse. Par ce que si quelqu'un pense qu'il peut être durable de vaincre la pauvreté en élevant les niveaux de consommation des secteurs populaires au niveau des secteurs les plus riches, eh bien, comme ça le monde ne durerait pas cinq ans. »
« La famille moyenne d'une commune riche dépense entre 4,5 et 6 fois plus d'eau qu'une commune pauvre, mais produit également entre 6 et 8 fois plus de déchets qu'une famille pauvre n'en génère »
« Il est clair que la richesse n'est pas supportable [d'un point de vue écologique], et la pauvreté est beaucoup plus supportable que la richesse. Et, par conséquent, une vie digne est la chose la plus durable pour l'avenir du monde ». 
Jadue adhère à la "phisosophie de la décroissance", qui vise à réduire la production économique de manière planifiée et contrôlée, en pensant à changer la relation entre les êtres humains et la nature.

Jadue et le capitalisme (Extraits)
Par Pablo Ortúzar, chercheur (La Tercera, 25/06)
Le capitalisme d'État, la prétention de coordonner d'en haut, que chacun contribue au commun selon ses capacités et reçoit selon ses besoins, s'est partout avéré moins apte à générer de la richesse et, surtout, à faire face à la diversité sociale et à la divergence politique. Le code politique est moins efficace et nécessite donc des niveaux de contrôle et d'homogénéité plus élevés. L'infériorité technique du communisme, ironiquement, était compensée par des ressources moralistes et esthétiques. C'est-à-dire par la propagande. Le résultat final est des régimes autoritaires avec des oligarchies de fer, où l'accès aux ressources de base dépend de la loyauté au parti, et dans lesquels une épopée moraliste envahit chaque recoin sur la base de slogans.
La propagande n'est d'ailleurs pas seulement un outil efficace. C'est aussi un état d'esprit basé sur le volontarisme. Vouloir, c'est pouvoir. D'où le mépris de la vérité et, enfin, de la science. Le cas de Daniel Jadue et sa rechute constante dans les déclarations fausses et les distorsions, ainsi que les actions imprudentes telles que la promotion, sans support scientifique, de l'interféron et de l'avifavir dans sa commune, est de manuel.
Cette mentalité volontariste et autoritaire, bien sûr, est mauvaise pour l'humour et le doute. La prétention de donner une solennité politique à tout est l'ennemi du rire. Et sans parler de la liberté d'expression ou de l'autonomie institutionnelle. La réaction sauvage de ses compagnons face aux questions posées par les journalistes à leur chef, a été claire: il faut « démocratiser » les impertinents.
Il est impossible pour une secte politique aliénée comme celle des communistes chiliens de gouverner le pays sans tendre à le détruire. D'abord parce qu'ils ne savent pas maintenir le niveau de vie que la classe moyenne assume comme un « depuis », mais surtout parce qu'ils n'ont pas de réponse aux problèmes de sens et de cohésion sociale engendrés par la modernisation capitaliste.

14/06/2021

Juin (a)

Santé (au 14/06)
- Contagiés actifs actuels: 47.800 confirmés. Il y a 1.200 réinfectés.
- Taux de reproduction (R): 1 (mais 1,17 à Valparaiso)
- Total des cas: 1.453.000 - Statistiques dynamiques 
- Patients en ventilation mécanique: plus de 2.700, record depuis début 2020. (Graphique évolutif).
- Décédés: plus de 30.000 (37.000 si on inclut les cas suspects).
- Vaccinés: 11,4 millions (8,8 millions avec les deux doses; objectif: 15,2 millions). Plus de 800.000 personnes de moins de 40 ans ne se sont pas présentées quand elles ont été convoquées à se vacciner et sont les plus nombreuses en soins intensifs. On tâche de les convaincre. On commencera à vacciner les adolescents (12 à 17 ans) le 21 juin.
- Les contagiés ont atteint le chiffre le plus haut depuis le début de la pandémie; la cause semblerait être la variante indienne, qui est plus contagieuse. 30% sont aussi de la variante "andine", qui domine au Pérou, et d'autres sont de la mutation brésilienne. Les cas de moins de 20 ans ont doublé. L'occupation de lits dans les hôpitaux est á un niveau critique dans 14 des 15 régions du pays. Le ministère a recours à 96 centres de consultations primaires pour y maintenir des patients en observation (à ce que s'opposent les travailleurs de ces centres, non préparés pour cela).
- Les experts identifient neuf raisons qui expliqueraient pourquoi les cas restent élevés: manque d'éducation à la santé, forte mobilité, grande population vulnérable -ou non vaccinée-, composante saisonnière, fatigue pandémique, action de variantes, forte circulation virale, défauts de communication de risque et retard dans le soutien financier.
- Des restrictions ont été imposées quant à l'utilisation du laissez-passer de mobilité à cause de la haute contagion. Selon le ministre de la Santé, la mobilité ne serait pas la cause de l'augmentation de la contagion (dont il reconnait la possible erreur) mais bien le manque de précautions. Les frontières resteront fermées au moins jusqu'à la fin du mois (mais des dizaines d'étrangers entrent tous les jours illégalement par les cols du nord). Il y a un an, le confinement avait vidé les rues du centre de la ville; maintenant, elles sont pleines comme si rien ne se passait, malgré que le confinement total a de nouveau été déclaré pour toute la région métropolitaine. Cette mesure est critiquée parce qu'elle reste sans effet réel et des études nord-américaines semblent confirmer qu'elle ne sert à rien.
- Les vaccins Janssen et Cansino ont été autorisés ici.
- Des scientifiques chiliens ont créé un dispositif qui mesure le risque de contagion par le virus de covid dans les espaces fermés. Il ne détecte pas le virus mais la concentration de CO2, ce qui indique si la ventilation est suffisante pour éliminer le virus. Un prototype a été installé dans quelques écoles.
- Le cas des respirateurs - donnés par la Confédératión de la Production et du Commerce - qu'un sénateur a dit inutiles, avec donc une perte de millions de dollars, a été mis au clair: ils ont vraiment sauvé des vies et, si bien il y eut une quantité de basse qualité ou "moins avancés", ils ont servi jusqu'à ce qu'ils purent être remplacés par des meilleurs. Il faut se rappeler qu'il y eut une vraie guerre pour ces achats au début de la pandémie.

Politique et administration
- 1er juin: compte-rendu public annuel des réalisation du gouvernement devant le pays et le parlement (avec seulement 50 assistants, selon les règles sanitaires; les autres parlementaires voient la transmission télévisée). Il a demandé pardon pour le retard de l'aide économique aux familles, a annoncé de nouveaux fonds pour combattre la pandémie et a surpris tout le monde en annonçant son appui au projet de mariage homosexuel qui est en souffrance au parlement. Il a aussi fait un mea culpa pour la violence en Araucanie, où "nous n'avons pas réussi à avancer comme nous devrions" et annoncé la création d'un parquet spécialisé en droits humains (justifié par un excès de travail du ministère public dans ce domaine et le manque de formation spécialisée). (Voir Extra)
- 13 juin: ballotage pour l'élection de gouverneurs régionaux. Seulement 19,6% des électeurs ont voté (dans plusieurs régions ils ont à peine dépassé 12%!). La droite a obtenu un seul gouverneur (en Araucanie), la Démocratie Chrétienne 4 (dont Santiago), le Parti Socialiste 4, le Parti Radical 1, le Front Ample 2, plus 5 indépendants. [La "dégringolade" de la droite se confirme.]
- La présidente du Sénat, Provoste (DC), et le maire communiste, Jadue, sont les préférés, suivis par le candidat de droite Lavín, pour les futures élections présidentielles.
- Un groupe de 34 membres de la Convention Constituante a publié un manifeste déclarant qu'ils ne se soumettraient pas aux règles fixées par le parlement pour le fonctionnement de celle-ci et que l'on considère approuvées par le plebiscite qui a mis en marche le processus. Selon eux, l'accord préalable des parlementaires n'est pas un "accord populaire" valable et eux appellent à "rendre effective la souveraineté populaire" des constituants. Ils exigent aussi plusieurs "garanties démocratiques" comme la "démilitarisation" de l'Araucanie, la libération des détenus de la révolte populaire d'octobre 2019 et la préapprobation d'un état plurinational. Le parlement et le gouvernement rejettent ces prétentions: les règles ont été établies avant le plebiscite et doivent être respectées, mais le candidat communiste à la présidence de la république y est favorable. [La convention doit commencer à travailler en juillet.]

Economie
- Le "CyberDay" local s'est soldé avec plus de 6 millions de dollars de ventes par internet.
- Des parlementaires ont proposé de permettre le retrait de tout le contenu des fonds de pension. ils ne cachent plus que leur but est de mettre fin à ce système d'épargne individuelle. [Voir Extra.]
- Le président Piñera a publié la loi qui augmente et étend jusque septembre le "revenu d'urgence pour les familles", qui bénéficiera 15 millions de personnes. Les PME recevront aussi un apport de 1 million de CLP (1.100 €).
- Indice d'activité économique d'avril: en 2020 -14%, en avril 2021 +14%, surtout a cause des ventes du commerce (grâce aux retraits de fonds de pension).
- Le président Piñera a inauguré le première installation thermo-solaire d'Amérique Latine. Elle servira 380.000 foyers.

Sécurité et justice
- Araucanie: Nouvelles attaques et incendies, dont un temple protestant. 5.000 ha de terrains de la Compagnie Manufacturère de Papier ont été occupées par un groupe rebelle et "on n'a pas pu les expulser".
- Nouvelles arrestations de narcotrafiquants dont 2 "cuisiniers" boliviens venus monter un nouveau laboratoire dans la région de Conception. Deux laboratoires avaient déjà été découverts dans la zone. Deux autres ont eté découverts à Santiago, avec de la drogue pour une valeur de 1 million d'€.
- Une détective a été assassinée lorsqu'elle tentait de fiscaliser un véhicule.

Transports et Communications
- Une compagnie téléphonique a détruit le pucara (poste d'observation) inca le plus austral du pays, au sommet d'une coline, pour y installer une antenne. Qui a donné l'autorisation?

Extras:
Le dernier compte-rendu public de Piñera
Le système de pensions chilien auquel les populistes veulent mettre fin
Nouvelles antérieures

Le dernier compte-rendu public de Piñera

(Editorial de LaTercera, 2/06/2021) (Synthèse)

Le dernier compte-rendu public que le président Sebastián Piñera a rendu au pays a réussi à transmettre un message serein, soulignant l'importance du dialogue et des grands accords. La reconnaissance du travail accompli par les différents gouvernements à partir des années 90 dans la construction du pays a également été un geste bienvenu, ainsi que sa demande de pardon à tous ceux qui n'ont pas reçu à temps l'aide de l'État, dans le cadre de la crise qu'a provoquée la pandémie.
Dans les circonstances exceptionnelles que traverse le pays, marquée par une crise sociale -qui pour l'instant a trouvé une voie dans le processus constituant- et durement touchée par les effets du coronavirus, il était important que le chef de l'Etat esquisse un feuille de route pour prendre en charge ces réalités.
Cela correspond bien aux priorités exigées par le pays, mais dans chacun de ces axes il manquait des propositions plus audacieuses. Il était attendu avec un intérêt particulier -notamment au sein de sa propre coalition- qu'il approfondisse la manière dont l'aide sociale va continuer à être structurée, car s'il existe un principe d'accord pour établir un revenu familial d'urgence massif et pendant trois mois, il n'y a pas beaucoup de lumières sur ce qui va se passer à moyen terme, alors qu'il est déjà un fait que les effets de la pandémie continueront à se faire sentir encore longtemps. Étrangement, on a perdu l'occasion de profiter de cette instance pour apporter plus de certitudes à la population, ou de faire des annonces plus concrètes au profit de la classe moyenne, ce que le président a une nouvelle fois ratifié comme une de ses priorités.
En matière d'ordre public, il est à noter que le Président a formalisé la création d'un ministère en charge de la sécurité publique, cadre institutionnel qui permettrait d'en séparer le ministère de l'Intérieur, ce qui facilitera la spécialisation des fonctions et mieux limiter la responsabilité politique face au contrôle du crime.
Mais l'annonce qui a certainement le plus surpris a été la décision de l'exécutif de mettre en urgence le projet de loi qui établit le mariage égalitaire [homosexuel].
Il reste quelques mois à cette administration pour conclure, mais ce que l'on peut déjà remarquer dans ce dernier récit, c'est que l'illusion de laisser un héritage est de plus en plus diluée, avec peu d'apport propre et déjà sans force pour promouvoir ses réformes les plus désirées, sans préjudice des succès tels que celui du processus de vaccination.

Le système de pensions chilien auquel les populistes veulent mettre fin


Par Axel Kayser, économiste (Wall Street Journal, 28/05/2021) (Synthèse)

Les politiciens populistes détruisent le système de retraite révolutionnaire du Chili. En 1981, le Chili est devenu le premier pays à privatiser la sécurité sociale, mettant fin au système par répartition qui était en place depuis 1924 et s'était effondré. Maintenant, la gauche chilienne veut le ressusciter.
Le système de retraite de l'État a été en proie à la corruption et à la recherche de rentes depuis sa création. Parmi les 11.395 lois adoptées par le Congrès chilien entre 1926 et 1963, 10.532 accordaient des privilèges de pension à des groupes d'intérêts spéciaux, dont beaucoup avaient des liens politiques. En 1968, le président chilien Eduardo Frei, un démocrate-chrétien de centre-gauche, a décrit le copinage qui sévissait dans la sécurité sociale comme une «monstruosité absurde» que le gouvernement ne pouvait pas se permettre.
La privatisation des retraites a inversé cette dynamique perverse. Au lieu d'imposer les travailleurs actifs pour payer les retraités par le biais de la bureaucratie, le nouveau système, créé par l'ancien ministre du Travail José Piñera, a établi que 10 % du salaire de l'employé est transféré automatiquement sur un compte à son nom dans l'une des Administratrices de Fonds de Pensions, ou AFP. Ces fonds de pension privés se font concurrence pour attirer les travailleurs et investir leurs pensions contre rémunération.
Cela a rétabli le lien entre les cotisations et les prestations de retraite en rendant les travailleurs responsables de l'épargne des fonds qui les soutiendront une fois à la retraite. Ce nouveau système a également limité la corruption et la recherche de rentes, et les contribuables chiliens ne sont plus à la merci des déficits des retraites, qui représentaient en 1981 3 % du produit intérieur brut.
Au Chili, le rapport entre les cotisants actifs au système de retraite et les retraités percevant des allocations est passé de plus de 10 pour 1 en 1924 à environ 2 pour 1 à la fin des années 1970, tandis que la taxe sur les salaires est passée de 5 % à 51 % en certains cas. En s'appuyant par la suite sur les propres économies des travailleurs pour financer leurs retraites au lieu d'imposer les jeunes travailleurs, la privatisation de la sécurité sociale a mis fin à la dépendance entre les générations.
[Le texte original se poursuit mais n'est pas accessible sans souscription.]
Complément: Opinion de Mario Marcel, président de la Banque Centrale
Le Congrès continue son désir de surprendre et pour cette raison, ils ont déjà été présenté des motions parlementaires pour permettre le retrait de jusqu'à 100% des fonds de pension. Interrogé sur cette mesure et l'impact qu'elle pourrait avoir sur le système de sécurité sociale, le président de la Banque Centrale, Mario Marcel, a été catégorique : "Ce serait remonter cent ans en arrière dans l'évolution de la sécurité sociale au Chili".
Dans ce contexte, il approfondit son analyse en déclarant que « ce serait revenir à une époque où les gens devaient se débrouiller seuls pour financer leur vieillesse ou dépendre de l'aide de leurs enfants ou de la charité publique, mais avec une différence : en 1920, lorsque le système de sécurité sociale est apparu au Chili, les plus de 60 ans représentaient 0,2% de la population, aujourd'hui les plus de 60 ans représentent 18% de la population ». Pour Marcel, faire ce retour en arrière « serait quelque chose de très grave ».