31/08/2021

Août 2021 (b)

Santé (au 31/07)
- Contagiés actifs actuels: moins de 4.000. Les nouvelles contagions diminuent encore (moins de 1.000/jour). Les cas de delta augmentent peu à peu (320). Taux de tests positifs: 0,98%. Évolution:

- Total des cas: 1.638.000 
- Décédés: 37.700.
- Vaccinés: 85% de la population adulte. Plus de 1.200.000  avec dose de renforcement.
- Toutes les communes du pays sont maintenant en étapes de déconfinement (plus aucune en confinement total). Toute la région métropolitaine est passée à l'étape la plus avancée (qui permet de plus grandes concentrations de personnes). On demande de plus en plus la fin du couvre-feu (qui a été retardé de 22h à 24h, toujours jusque 5h du matin).
-Instructions spéciales pour les prochaines festivités nationales (17 au 19 septembre): un maximum de 300 personnes avec laissez-passer pourront se réunir en espaces ouverts dans les communes qui seront dans les 2 étapes les plus avancées de déconfinement. Dans ces étapes, dans les foyers  pourront se réunir jusque 40 personnes avec laissez-passer, à  l'extérieur; la moitié à l'intérieur ventilé. Les masques restent obligatoires en toutes circonstances (sauf pour manger, évidemment) ainsi que la "diatance sociale", rarement respectée (contraire à l'idiosyncrasie locale).

Politique et administration
- Préférences pour les candidats à la présidence: Sichel (centre-droite), 20,4%; Boric (Front Ample) 14,7%; Kast (extrême droite) 10,2%; Provoste (DC) 7,1%.
- Le centre-gauche a élu son candidat présidentiel avec consultation à la population, où 150.000 personnes ont participé et a été élue la représentante de la DC, Yasna Provoste, avec 60% des voix.
- Neuf candidats à la présidence se sont inscrits au Service Electoral. 3 correspondent aux grandes coalitions de centre-droite, centre-gauche et extrême gauche; un à l'extrême-droite et 5 autres à de petits partis, mouvements ou indépendant sans liste parlementaire. Deux de ces derniers ont été rejetés par le service, suite à des irrégularités. Il y aura donc 7 noms sur le bulletin de vote. Les partis ont aussi inscrit leurs candidats au parlement et aux conseils régionaux.
- 16 tonnes d'aide humanitaire ont été envoyées à Haïti. L'avion de la Force Aérienne chilienne a ensuite transporté à Haïti les dons de Panama et de Costa Rica.
- Le parlement a approuvé une loi qui oblige le Service Électoral à assigner des locaux de vote plus proches du domicile des électeurs.
- Mauvaise nomination du candidat présidentiel Sichel (centre-droite): sa porte-parole sera l'ex-sous-secrétaire de Prévention des Délits, le pire résultat du gouvernement Piñera.

Convention constituante (CC)
- Dix constituants ont renoncé à leur appartenace à la "Liste du Peuple", en désaccord avec les dirigeants qui veulent présenter des candidats au parlement (et donc en faire une sorte de parti politique).
- La commission de décentralisation a réalisé des audiences publiques dans des villes de province, pour recevoir des suggestions.
- La CC a ouvert 2 sites webs où l'on pourra trouver tous les documentos produits et utilisés, listes, actes, etc.
- La commission de communication a réalisé 64 audiences pour écouter des groupes externes, en 14 sessions.
- Le vice-président de la CC a reconnu qu'il y a des groupes "qui vocifèrent beaucoup et tentent de pressionner", mais "penser et voter différemment n'est pas une raison" pour du bullying. Un autre membre a également soutenu qu'il y a un secteur qui est plus intéressé par la diffusion de ses critiques que par la rédaction de la constitution.
- La commission d'éthique a défini comme sanctionnable le négationisme des crimes de lèse humanité du régime de Pinochet et des violations des droits humains lors de l'explosion sociale de fin 2019. Les sanctions pourraient être l'interdiction de diriger des instances de la CC, de parler dans des sessions de commissions (pour 15 jours) et des amendes. Il faudrait aussi suivre un cours sur les droits humains!! La difusion de fausses nouvelles serait aussi sanctionnée. Mais tout cela devra être confirmé en session plénière.
- Les 7 membres mapouches ont présenté une dénonce devant la commission d'éthique contre 4 membres du secteur de droite qui auraient "discriminé lingüistiquement, ne respectant pas son droit à s'exprimer dans sa propre langue, et attribué une relation avec des délits commis en Araucanie" à une d'elles. Réponse: "La majorité de gauche radicale veut imposer un règlement taliban. Penser comme eux est le seul `moralement licite´. Cela viole les garanties constitutionnelles actuelles de liberté d'expression, d'égalité devant la loi et d'interdiction d'être jugé par des commission ad hoc." Ce qui n'est pas d'accord avec leur idéal est "négationisme ou discours de haine".
- Une équipe de l'Université Catholique de Valparaiso a découvert 8.000 comptes de Twitter qui se dédient à attaquer la CC. Entre eux seraient les 2 principaux journaux nationaux (La Tercera et El Mercurio en version numérique), par leurs titres et "lettres au directeur". Le directeur de l'équipe assure que les attaques sont coordonnées, non spontanées, systématiques et se répètent au fil des jours. Elle se centrent souvent, aussi, sur la présidente de la CC et sa "race". L'Université a signé un accord avec la CC pour continuer à observer ce "discours de haine".
- 45 membres demandent à pouvoir faire des sessions dans les prisons, pour que participent les reclus. "Sans leurs voix, histoires et réflexions nous ne pourrons pas faire les changements profonds dont nous avons besoin pour notre société", disent-ils.
- L'ONU a signé un accord avec la CC pour un appui "basé sur sa connaissance technique et son expérience".
- Les commissions relatives au règlement ont accordé que si un article n'obtient pas les 2/3 des voix mais bien les 3/5, il devrait y avoir un plebiscite pour résoudre, mais cela exigerait une réforme de la constitution actuelle (qui ne le permet pas). Cela doit être voté en session plénière (et proposé au parlement, si c'est accepté).
- La commission des droits humains a proposé de remplacer les carabiniers par une nouvelle police dirigée par des civils.
- Selon un constituant indépendant, philosophe, les parents n'auraient pas le droit de décider de l'éducation de leurs enfants: ce sont les enfants qui ont le droit de recevoir une éducation qui leur permette d'exercer leurs droits et le devoir des parents est de respecter ces droits. (Alors, ce sera un fonctionnaire public qui décidera de cette éducation?)

Economie
- L'indice de confiance du commerce minorista et horeca est devenu "légèrement positif" en juillet.
- L'économie a eu une expansion de 18% (interannuel) au second trimestre, dont 33% dûs à l'augmentation de la consommation, produit des aides financières du gouvernement et des retraits des fonds de pensions..
- Les ventes "face à face" ont augmenté de 117% en juillet.
- Le président de la Banque Centrale a averti de conséquences économiques "très graves" si le parlement approuve un 4e retrait de 10% des fonds de pensions. De plus, la moitié des cotisants resterait sans rien.
- Plusieurs syndicats de mineurs du cuivre sont en grève, estimant insufisante la bonificitaion annuelle, qui serait de l'ordre de 18 millions de CLP (20.000 €)!
- Les communes dépensent la moitié de leurs rsssources en éducation et 25% en services de santé primaires.
- L'emploi a augmenté de 15% en relation au même mois de l'an passé.
- La Banque Centrale a fait un appel pour que l'on utilise plus l'argent liquide car sa circulation a fort diminué depuis le début de la pandémie, vu que la plupart des commerces demandent que l'on utilise les cartes et le paiement électronique pour éviter la circulation du virus par les billets et pièces de monnaie. Les banques aussi promeuvent fortement leurs cartes, que l'on peut obtenir par internet et administrer sur téléphone mobile. Il est rarement nécessaire d'aller à la banque.

Sécurité et justice
- La conduite homosexuelle ne pourra plus être admise comme raison pour demander le divorce.
- La police de recherche a arrêté une bande qui utilisait des drones pour lâcher des drogues dans les cours de prisons.
- 306 personnes ont été arrêtées par la police sur la base de la loi contre les barricades, depuis sa promulgation.
- Un ex-directeur de la police civile (1915-1917) a été accusé de malversation de fonds publics, ayant versé à son compte privé et celui de sa femme une partie (140 millions de CLP) des "fonds réservés" de la police (fonds pour opérations secrètes). Cela s'ajoute a des opérations semblables d'un ex-commandant en chef de l'armée et de hauts officiers de carabiniers. [Une sorte d'épidémie?]
- 24 tonnes de feux d'artifice ont été saisies au port de San Antonio (leur importation est interdite). (Ils sont utilisés par les trafiquants pour annoncer l'arrivée de drogue dans les quartiers.)
- La police a désarticulé une bande qui volait des véhicules pour les vendre en Bolivie et une autre qui a fait entrer 3.000 émigrants illégaux dans le pays.
- Une autre bande a été désarticulée: elle accumulait de la drogue pour une valeur de 1.200 millions de CLP (1.350.000 €) et une haute puissance de feu.
- Il faut voir cette carte de Santiago:  en rouge les quartiers où il y a le plus de violence, en jaune où ont eu lieu les méfaits de fin octobre 2019. Où vivent les politiciens qui minimisent la violence et veulent amnistier les délinquants: en haut à droite (pas de taches de couleur)!

- Araucanie: Les attaques et incendies ont continué.
- Un conflit entre narcotrafiquants de la zone s'est soldé avec 3 cabanes brûlées et 2 morts, dont une adolescente de 16 ans.
- Des pneus ont été incendiés en bordure de l'aéroport de Temuco, obligeant à dévier les vols qui devaient y aterrir. C'était une manifestation d'une communauté qui, ayant déjà reçu 1.200 ha de terres, en réclamait 400 de plus. Des fauteurs ont été arrêtés.
- Depuis la mise en marche de la politique de restitution des terres (en 1993), l'état a acheté 212.000 ha et les a données à 509 communautés indigènes.
- Une opération de la police a permis de saisir de la drogue, des armes de guerre et des objets volés dans un domicile de Temuco (capitale régionale).
- 7 machines d'une entreprise forestière incenciées au nord de l'Araucanie. On commence à les attaquer n'importe où?
- Des transporteurs de la région ont bloqué une route pendant une journée, protestant pour le manque de sécurité.
- Correction d'une nouvelle du post passé: ce sont 26% des 1.012 communautés mapouches (et non 800) qui ont des relations de travail ou commerciales avec les industries forestières de la zone.

Transports et Communications
- Selon une enquête d'une compagnie de télécommunication, 94% des jeunes de 16 à 20 ans utilisent internet pour étudier; 67% des personnes entre 21 et 65 ans pour voir des films et séries de TV; et les plus âgés pour se communiquer avec leur famille. [Il peut y avoir une distorsion car cette comppagnie est de téléphonie mobile.]

Science et environnement
- La pluie est enfin apparue dans la région centrale (avec les habituelles coupures d'électricité), mais on reste loin du niveau d'une année normale. A la côte, les fortes marées et hautes vagues ont détruit des commerces sur la digue et jeté de petits bâteaux sur des rochers.
- Le président Piñera a annoncé un plan spécial pour faire face à la sécheresse, qui est déjà de 13 ans dans le nord. Il inclut la construction d'une désalinisatrice d'eau de mer, qui servira la région de Caldera et Copiapo.
- La pays a produit pour la première fois de l'hydrogène "vert" (par électrolyse de l'eau). L'objectif est de l'employer dans l'industrie minière, pour la "décarboniser" et, dans l'avenir, d'arriver à l'exporter. [Mais si on a bien des sources "propres" d'électricité -à développer encore- il faut se demander si on aura assez d'eau, vu la sécheresse.]

Extras:
La montée politique des jeunes
Nouvelles antérieures

L'assaut au pouvoir des nouvelles générations politiques

J.A. Quezada, La Tercera, 25/08/2021
Sans préjugés ni ambiguïté, avec la défense de l'environnement et des minorités exclues ces dernières décennies comme priorité et l'utilisation stratégique d'Instagram, Twitter, Facebook ou encore TikTok, une nouvelle race fait son chemin dans les espaces de pouvoir. Les modèles parlementaires, à quelques exceptions près, affichent beaucoup de renouveau, à l'image de la convention constituante, dont la moyenne d'âge est de 45 ans. A cela s'ajoutent les triomphes écrasants de Boric et Sichel aux élections primaires [présidentielles] et le début de la loi qui fixe des limites à la réélection
La constituante Barbara Sepúlveda est l'une des représentantes les plus médiatiques d'une nouvelle génération qui, main dans la main avec les médias sociaux, fait son chemin dans la convention et dans un Parti Communiste structuré, dans lequel elle milite. Emmenée par les députées Camila Vallejo et Karol Cariola, elle a choisi la convention, alors que ses "compagnons" des Jeunesses Communistes Irací Hassler (Santiago) et Javiera Reyes (Lo Espejo) ont choisi les municipalités et Daniela Serrano, entre autres dirigeants, se présente aujourd'hui au Congrès.
« Le changement de génération dans le communisme chilien est un fait. On le voit dans l'âge de ses membres élus par les citoyens dans les communes ou à la Convention, ou dans la nouvelle composition des instances dirigeantes du parti après son congrès de l'année dernière », explique Alfredo Riquelme, professeur à l'Institut d'Histoire de l'UC.
L’universitaire, qui s’est spécialisé dans l’histoire du communisme au Chili, affirme que oui, « il s’agit d’une ‘évolution’ plutôt qu’une ‘révolution’. Je ne vois pas le déplacement d'une génération homogènement «conservatrice» par une génération intégralement «renouvelante». J'apprécie plutôt les différences transgénérationnelles face aux défis politiques auxquels le PC est aujourd'hui confronté ». Bien que les nouvelles générations du PC soient sans préjugés et un peu capricieuses, contrairement aux anciens cadres du parti, elles sont idéologiquement les mêmes ou plus radicales.
Selon l'enseignante de l'UC et de l'UDP, Ana María Stuven, il y a deux logiques qui marquent aujourd'hui les jeunes et, donc, leurs dirigeants « et qui se reflètent dans cette attitude politique plus radicale et un peu plus précipitée par les changements » : la pandémie et la prise de conscience des dégâts causés à la planète. « La pandémie a affaibli les jeunes qui croient toujours avoir la vie éternelle et voient la mort au loin. Voir chaque jour le rapport des personnes décédées et infectées, et que leurs grands-parents commencent à mourir si soudainement et sans rituel, les met dans une condition très vulnérable. Et quand les gens sont vulnérables, nous avons souvent tendance d'être radicaux », explique Stuven.
Concernant la conscience environnementale que les personnes âgées n'avaient pas, l'historienne qui a consacré une grande partie de ses recherches universitaires au rôle des femmes, explique que « la conscience que cette planète est en train d'être détruite, que nous détruisons la nôtre, que les eaux sont contaminées, que la sécheresse va nous empêcher de continuer à vivre de la même manière, cela donne aux jeunes le sentiment d'un avenir très fragile ».
Après deux mois de travail et de connaissance de ses pairs, Patricio Fernández, électeur du 11e arrondissement, évoque les nouvelles caractéristiques de cette nouvelle instance représentative : « 40 % ont moins de 40 ans et la majorité des jeunes sont issus de causes, militants locaux et non organiques. 104 des 155 membres [de la Convention] sont indépendants. Dans le groupe socialiste, par exemple, il n'y a personne qui se souvienne des visages traditionnels du PS. ».
Interrogé sur la logique de ces nouvelles générations, Fernández affirme qu'il existe une autre dynamique politique: « La grande majorité n'a jamais eu de travail dans la sphère publique et invente une nouvelle façon de faire de la politique qui, évidemment, aura beaucoup en commun avec la précédente -car le monde ne s'invente pas de nouveau-, mais il reste à voir quelles sont les grandes nouveautés que nous sommes en train de concevoir... ».
Max Colodro, analyste politique à l'UAI, affirme que le « jeune électeur » a joué un rôle clé tant dans le plébiscite de 2020 que dans les élections primaires légales du 18 juillet : « Lavín et Jadue ont perdu car ils étaient les représentants de deux partis traditionnels, l'UDI [droite] et le PC. Issu du mouvement étudiant (à partir de 2011), le féminisme, les droits des minorités sexuelles et l'animalisme… sont des expressions d'un phénomène culturel qui a une base de soutien importante dans une nouvelle génération, plus mondialisée et technologique ».
En effet, la victoire écrasante de Sebastián Sichel (44 ans) aux primaires - avec un fort soutien des électeurs de moins de 50 ans - a surpris la traditionnelle centre-droite et, accessoirement, a mis à la retraite plusieurs dirigeants historiques qui avaient manié les ficelles du secteur dans le dernières décennies, entr'autres Joaquín Lavín (ex-bourguemestre et ex-candidat à la présidence, ayant perdu face à Bachelet dans une élection passée].

14/08/2021

Août 2021 (a)

Santé (au 14/08)
- Contagiés actifs actuels: moins de 6.000. Les nouvelles contagions diminuent, mais augmentent peu à peu les contagiés de delta (ils sont 6%).
- Total des cas: 1.627.000 - Statistiques dynamiques 
- Patients en ventilation mécanique
- Décédés: 36.200 confirmés positifs. Les 9 et 10 août ont été décrétés de deuil national pour ces défunts.
- Vaccinés: 85% de la population objectif et 80% de toute la population adulte avec 2 doses.
- Sinovac a confirmé l'installation, ici, d'une fabrique de vaccins à Santiago et d'un centre de recherche à Antofagasta. La fabrication commencerait au début de 2022.
- A partir du 11 août, une dose de AstraZeneca est innoculée aux plus de 55 ans qui ont reçu 2 doses de Coronavac (Sinovac) au début de l'année, pour renforcer leurs défenses. [On n'a pas écouté l'OMS qui a demandé de laisser ces vaccins pour les pays les plus en retard, sans doute pour raisons politiques internes.] Les seniors de plus de 86 ans ont tous été convoqués le même jour, ce qui a provoqué de longues queues dans certaines communes (3 heures d'attente debout!). Quel manque de considération et de planification! En février, on les avait convoqués par groupes de 3 ans. Les communes où cela est arrivé se plaignent de manque de fonds pour améliorer la logistique.
- On ne peut entrer dans les restaurants qu'avec le laisser-passer de mobilité, malgré quoi on y a déjà detecté des cas de contagion, probablement à cause d'un manque de ventilation, très importante vu qu'on n'y porte pas le masque; et aussi des entrées avec de faux laisser-passer, qu'il est difficile de vérifier pour les restaurateurs.
- Le contrôle d'entrée à l'aéroport demande 3 heures, de queues et tests sanitaires.

Politique et administration
- Préférences pour les candidats à la présidence: 25% tant pour Sichel (centre-droite) comme pour Boric (extrême gauche); 11% seulement pour Provoste (DC). L'approbation pour le président Piñera est actuellement de 15% et la désapprobation de 75%.
- La firme chinoise Aisino a postulé à la licitation de la fabrication des nouveaux passeports et cartes d'identité, faisant la meilleure offre. On permettra que cela restera en mains d'un état étranger?

Convention constituante (CC) (chargée de rédiger la nouvelle constitution) [Photo
- La présidente de la CC, mapouche, a déclaré "qu'elle n'a pas le standard de Mandela pour demander la baisse des armes" en Araucanie [?] Elle ne condamne donc pas la violence et insiste aussi sur des critiques aux "classes pivilégiées". Des constituants de droite ont demandé à la comission d'éthique de se prononcer. [Voir Extra]
- Des constituants et des représentants d'anciens prisonniers politiques du temps de Pinochet demandent que renonce l'ex-amiral Arancibia, membre élu de la CC, (qui fut son aide-de-camp, mais jamais impliqué dans un procès par la suite), élu comme constituant par des milliers de personnes. Il s'est inscrit à la comission sur les droits humanins.
- La comission des droits humains a finalement décidé d'exclure l'ex-amiral Arancibia, qui fut aide-de-camp de Pinochet, adscrit à cette comission et à laquelle il a refusé de renoncer, des audiences publiques où seraient traités ces thèmes. Si cela se fait, il réclamera en justice, si nécessaire, cette discrimination contraire aux lois et à la constitution actuelle. Dans ces audiences, des associations qui auraient "diffusé des messages de haine ou violence" ne seront pas reçues (et une ONG de droite a déjà été mise au ban, pour être liée au sénateur Guzman, principal rédacteur de la "constitution de Pinochet", assassiné peu après le retour à la démocratie).
- La CC a approuvé presque unanimement l'application du règlement d'éthique, transparence et probité de la chambre de députés tant qu'elle n'aura pas de règlement propre définitif. Elle se dédie actuellement à définir les comissions thématiques qui se répartirons la rédaction des diverses parties de la constitution. Il y a accord pour qu'il y ait une comission "d'harmonisation" de ces parties, mais on discute quand et comment elle travaillerait.
- Rapport du Secrétariat de la Présidence de la République (Segpres; chargé des dépenses de la CC): «Le Conseil de la Convention constitutionnelle a demandé, par l'intermédiaire de ses conseillers, un service de restauration supplémentaire au cours de la deuxième et de la troisième semaine de la Convention, en livrant en moyenne onze dîners [j'emploie le terme au sens belge] quotidiens, 6 pour la présidente et 5 pour le vice-président, qui a envisagé un système de menu de dîner chaud à la carte, livré aux bureaux» [et la présidente se plaignait d'être mal nourrie!]. Le service de restauration a également fonctionné pour tous les autres membres, mais en format sandwich: «un système de cafétéria avec 160 services de café de grain, sélection de thé, eaux minérales avec et sans gaz, 2 garçons et maintien du service pendant 6 heures, qui a livré 160 sandwichs au pain ciabatta dans des variétés de pesto de poulet avec tomates confites et laitue, filet de bœuf rôti à la tomate et roquette, fromage râpé, végétarien et boisson». A cela s'ajoute le service que les conventionnels des régions reçoivent dans les hôtels où ils séjournent, également organisé par le gouvernement. Et la machi (sorcière) mapouche qui est membre de la CC occupe un appartement meublé "pour pouvoir cuisiner selon ses habitudes" qui a un loyer de 1,8 million de CLP mensuels alors qu'il y en a pour le quart de ce prix dans la même zone (au centre-ville, à sa demande). La traitement mensuel est resté de 2,5 millions de CLP (2.250 €) et ils ont voté majoritairement (111 votes) pour tripler les asignations prévues pour conseillers et frais: elles passent à 4 millions (4.400 €) en plus du traitement, mais chacun devra en justifier l'utilisation. Les constituants de droite ont voté contre. [Rappelons que le salaire minimum garanti est de l'ordre de 400 € et qu'ils critiquent "les privilégiés".] L'assignation pour frais remplacera le service d'alimentation et les frais de voyage et logement payés par le Segpres.
- La comission de structure et fonctionnement de la CC a éliminé les mots "République du Chili" de son texte, les remplaçant par "peuples du Chili". [Que sera le pays, s'il n'est plus une république?]
- Graphique des positions politiques lors des votes: en haut, la droite (dominante bleu foncé), en bas, la gauche -qu'on voit plus nombreuse- et au centre les "Indépendants Non-neutraux" et les représentants des partis de l'ex-Concertation (DC, PS, sociaux-démocrates).
- Approbation actuelle pour les travaux de la CC: 30%; désapprobation: 44% (surtout à cause de la lenteur et de l'excès de dépenses).

Economie
- L'activité économique a augmenté de 20% en juin (interannuel). Les importations ont atteint le niveau le plus haut de l'histoire économique du pays et les exportations ont aussi fortement augmenté. Mais les ventes du commerce minoriste ont diminué.
- L'index des prix a augmenté de 0,8% en juillet et 4,5% en un an, surtout à cause de l'augmentation de prix des combustibles, des matériaux de construction importés et de la valeur du dollar. 70% de la population estime que les prix "ont fort augmenté" pendant la pandémie (surtout pour les aliments).
- Plus de 100.000 clients de compagnies électriques ne paient pas leur consommation, profitant d'une loi qui interdit aux compagnies de couper le courant jusqu'à la fin de cette année, un bénéfice offert pour compenser la perte de revenus (mais les dettes pourront être réclamées par après, en mensualités). Les compagnies considèrent que cela devient insoutenable (il y a des clients qui doivent plus d'un an). Pourtant d'autres dettes ont été payées grâce aux autres subsides et retraits de fonds de pension, et les achats d'automobiles ont augmenté mois après mois!
- Le Service National des Consommateurs a détecté des comportements indus de 64% d'entreprises qui ont fait des ventes par internet les jours de promotion "cyber days": exiger des donnés personnelles des acheteurs, faire de fausses promotions, ajouter des frais au moment de payer, demander un achat rapide "car il ne reste que peu d'unités", etc. Des éventuelles sanctions sont à l'étude.
- Le gouvernement a étendu jusque novembre la "rente familiale d'urgence" qui allait se terminer en septembre. Le président a aussi annoncé un subside à l'emploi qui serait de 50% de plus du traitement (60% pour les femmes), mais avec un maximum de 250.000 CLP (275€), pour les nouveaux engagés. Cela signifiera une dépense de 30.000 millions de dollars. 1.000 millions de dollars ont dû être retirés pour cela des fonds souverains du pays.
- 462.000 postes de travail ont été créés en juillet.

Sécurité et justice
- La nouvelle bourguemestre de Santiago (communiste) "lamente" mais ne condamne pas la destruction de commerces faite par des manifestants.
- Des autobus ont été incendiés à Santiago. [Pourquoi?]
- L'ex-président du syndicat des procureurs a décidé d'abandonner le Ministère Public, entr'autres pour sa frustration "pour la surcharge de travail et le manque de moyens pour assurer des enquêtes de qualité".
- Le candidat présidentiel Boric (Front Ample) a été agressé lorsqu'il visitait les détenus pour faits de violence lors de l'explosion sociale d'octobre 2019. Les gardes ont perquisitionné dans le module de prison où ils sont et ont trouvé des téléphones, des armes blanches et de l'alcool (toutes choses interdites).
- L'unité d'analyse criminelle des gardes de prisons a détecté 200 leaders de bandes qui y continuent à les "gérer" et y contrôlent près de 2000 "soldats".
- Des journalistes de CIPER Chile ont pu vérifier que préparer et lancer des cocktails molotov contre les carabiniers est ce qui se répète le plus dans les 77 causes judiciaires relatives au 18 octobre 2019 (pour lesquelles est demandée une amnistie).
- Vendredi soir au centre de Santiago, réclamations pour les détenus de la révolte d'octobre 2019: photo.
- 70% des gens estiment que la police discrime selon la classe sociale et 66% qu'elle ne contrôle pas le trafic de drogue.
- Des armes ont été saisies dans des navires aux ports d'Iquique et San Vicente (importation illégale). Deux tonnes de drogue (!) ont aussi été saisies à leur arrivée à Valparaiso, en provenance du Mexique. Trois nouveaux laboratoires d'élaboration de drogue ont été trouvés.
- A partir de février prochain, les hommes accusés de violence et avec ordre de se distancier de leur femme devront porter un bracelet électronique.
- Araucanie: Les attaques et incendies continuent (plus fréquentes); des prêtres jésuites ont été attaqués (et un blessé) pour leur voler leur jeep.
La police, à bord de blindés légers, a tenté d'entrer dans la communauté de Temucuicui, pour y arrêter un fugitif de la justice (leader d'un groupe rebelle) et récupérer des véhicules volés. Elle a rencontré un barrage d'armes automatiques et s'est vue forcée de se retirer.
- Deux nouveaux habitants de la région (dont un de Temucuicui, qui avait aussi un ordre d'arrestation pour trafic de drogue) ont été condamnés pour trafic d'armes et munitions.
- La Cour Suprême a condamné le fisc à payer une indemnisation de 1.000 millions de CLP (1,1 million d'€) aux fils des 2 agriculteurs brûlés vifs dans leur maison, parce qu'ils avaient appelé la police lorsque l'attaque commença et ne reçurent pas d'aide.
- 800 de 1.012 communautés mapouches prètent service ou ont des relations commerciales avec les industries forestières de la zone (et sont menacées ou attaquées par les rebelles).

Transports et Communications
- Deux communes isolées seront des premières d'Amérique du Sud à obtenir internet par les satellites Starlink de la firme SpaceX de Elon Musk.

Science et environnement
- 2021 sera l'année la plus sèche de l'histoire du pays. Les barrages sont en moyenne à 45% de leur capacité et la production d'électricité devra être appuyée par de vieilles centrales au diesel et des centrales au charbon que l'on pensait retirer de service. La technification de l'arrosage (au goutte à goutte) est de plus en plus nécessaire. Les producteurs de fruits paniquent. En juillet, il n'a plu que 0,6mm dans la région métropolitaine, alors qu'une année "normale" cela dépasse 76mm.

Extra

Violence et politique

La violence et "le standard" de Mandela
José Francisco Lagos, Directeur de l' Institut Res Publica
(LaTercera, 3/08/2021)
À partir du 18 octobre 2019, la violence a commencé à avoir une pertinence politique à laquelle nous n'étions pas habitués. Bien qu'il y ait également eu [auparavent] des actes de violence importants tels que des manifestations, des mobilisations étudiantes et en Araucanie. ce jour marque un tournant par rapport à sa massivité, mais aussi d'un certain soutien citoyen et politique.
Le processus constituant a été marqué par la violence, à la fois dans ses débuts et - malheureusement - dans son développement. Ce n'est pas un hasard si l'accord qui a lancé le processus s'appelait «pour la paix et la nouvelle Constitution» et a été signé aux premières heures de l'une des nuits les plus violentes que notre pays ait connues.
Ces derniers jours, nous avons assisté à des événements qui montrent l'importance que ce phénomène a eu dans le débat public. En premier lieu, la recrudescence d'événements violents dans la dite "zone zero", y compris les graves dommages subis par les locataires et les clients du quartier populaire Lastarria au cœur de Santiago. Deuxièmement, la déclaration de 105 constituants appelant à la libération des "prisonniers de la révolte", qui sont des personnes en détention préventive ou condamnées pour les crimes violents commis depuis le 18 octobre. En outre, ils voulaient ajouter les personnes détenues pour divers crimes liés à la violence en Araucanía. Et enfin, les déclarations de la présidente de la Convention Constitutionnelle selon lesquelles elle n'était pas assez Mandela pour exiger un cessez-le-feu des groupes terroristes dans la macrozone sud.
Cela est particulièrement grave, mais permet de bien comprendre le problème politique. Certains groupes ou personnes politiques disent condamner les violences, mais en parallèle ils s'opposent à l'application des lois contraires à ces faits et. aussi, à l'utilisation des outils dont dispose l'État de droit pour contrôler les différentes attaques. Sans cela, la condamnation de la violence reste dans le simple champ des bonnes intentions et non dans la recherche active de la paix sociale comme garantie fondamentale, nécessaire et exclusive d'une démocratie.
Contrairement à ce que souligne la présidente de la CC, tous les démocrates savent que le rejet de l'utilisation d'armes par des groupes particuliers n'est pas une norme qui n'est applicable qu'aux grands hommes d'État, mais est la norme minimale pour chaque citoyen et autorité qui croit que la démocratie est le meilleur système pour résoudre les conflits sur le plan politique. Si nous y renonçons, ce qui est en danger, ce ne sera pas seulement l'intégrité physique des victimes de violence, mais aussi notre démocratie et l'Etat de droit.

Le pardon aux "prisonniers de la révolte" : une proposition arbitraire
Jorge Bofill, avocat
(El Mercurio, 13/08/2021) (Synthèse)
Le projet de loi dit de « grâce pour les prisonniers de la révolte », présenté par un groupe de sénateurs et actuellement en cours d'instruction au Sénat, contient de nombreuses erreurs et incohérences qui méritent une analyse technique et politique.
En premier lieu, le projet vise à accorder une "grâce générale" aux personnes qui ont commis des crimes graves dans le cadre des manifestations d'octobre 2019, "qu'elles fassent ou non l'objet d'une enquête formalisée ou déformalisée, accusés ou condamnés". C'est une première incongruité, puisque les grâces exigent que les personnes bénéficiaires aient été préalablement condamnées, c'est pourquoi il s'agit plutôt d'un projet d'amnistie.
La distinction n'est pas qu'une question d'étiquettes. L'effet du pardon est de pardonner la peine, mais pas de réévaluer la conduite. En effet, le gracié conserve la qualité de condamné. Dans une amnistie, l'État revalorise les comportements qu'il recouvre: ce qui serait normalement un crime est vu de manière différente, compte tenu des circonstances de sa commission.
Quelle est la principale raison invoquée par les auteurs pour pardonner le comportement violent qui s'est produit au milieu de la soi-disant explosion sociale d'octobre ? L'argument central de la motion parlementaire repose sur le fait que les manifestations d'octobre ont eu « une réponse étatique disproportionnée, suivie d'arrestations massives et de l'ouverture de multiples procédures pénales, d'abus et de violations des garanties contre des accusés, ce qui a entraîné une privation de liberté préventive pendant des périodes injustifiées qui n'auraient pas lieu dans des circonstances normales. » Autrement dit, l'ordre temporel serait qu'il y a eu des manifestations légitimes, excessivement réprimées par les forces de l'ordre et de la sécurité, qui ont conduit à la survenance des faits délictueux faisant l'objet de la grâce parlementaire.
Cependant, il s'agit d'une fausse représentation des événements qui se sont produits. Pour l'instant, si cela était vrai, il ne serait pas possible de justifier une amnistie pour des comportements constitutifs de crimes qui se sont produits le 18 octobre dans l'après-midi et la nuit, où se sont produits certains des événements les plus graves de cette période, comme l'incendie de stations de métro, le pillage de locaux commerciaux et l'incendie de l'immeuble corporatif d'Enel, entre autres. Ceci, parce qu'il y a consensus même dans la critique de l'action de la police, qui n'a pas eu lieu avant le 19 octobre.
Plus important, en tout cas, est le fait que les différentes déclarations d'organisations de défense des droits de l'homme citées par la motion parlementaire elle-même - telles que la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH), Amnesty International, l'Institut National des Droits Humains (INDH) et la Défense des Enfants - critiquent l'action des forces de police, mais insistent pour distinguer les manifestations pacifiques des actes de violence.
La CIDH, par exemple, a déclaré à l'époque que « la protestation sociale est légitime tant qu'elle se déroule de manière pacifique » et a lancé un appel spécial à l'État pour « enquêter et punir les actes de violence commis par des personnes dans le cadre des manifestations contre la police et des tiers". Si la CIDH a condamné les actes de violence, puisqu'ils ne constituaient pas une manifestation légitime de protestation sociale, alors cette violence n'est pertinente que du point de vue des droits des victimes de cette violence. Si l'État renonce à cette persécution, alors il manque à ses obligations de respecter et de garantir les droits des victimes, en ne poursuivant pas les responsabilités associées à la commission de crimes graves qui ont touché individuellement et collectivement des milliers de personnes.
Le lien de causalité entre les dérives policières et la réaction violente de la population ne se retrouve dans aucun des rapports des organisations nationales et internationales. Au contraire, ils ont pris soin de distinguer entre l'exercice légitime du droit de manifester pacifiquement et les actes de violence contre les policiers, les militaires, les individus, les infrastructures publiques et les biens privés.
Dans ces conditions, le projet manque de tout contexte factuel pour couvrir de la grâce législative les crimes commis dès le 1er octobre [qu'il prétend inclure], c'est-à-dire avant la réaction policière et militaire critiquée. Un autre des considérants de la motion parlementaire justifie les actes de violence comme "une légitime défense contre les agressions massives et graves de l'Etat et de ses agents contre la population civile". Cette idée est confuse et contradictoire. Si ces comportements sont une défense légitime contre l'agression, on peut se demander à quoi servirait de les pardonner. La légitime défense exclut le jugement de reproche: lorsqu'on agit en légitime défense, le comportement n'est pas punissable et il n'y a donc rien à pardonner. Bref, la revalorisation des actes de violence que l'on entend pardonner n'est pas justifiée. Du point de vue politico-criminel, il s'agit donc d'une proposition arbitraire, c'est-à-dire dépourvue de motifs.