15/05/2013

Mai (a)

Photo de la quinzaine:
Quartier typique: Quartier des Fleurs (pour le nom des rues): (défendu par ses habitants face à l'invasion des buildings)







1er Mai - La Centrale des Travailleurs (qui réunit une grande partie des syndicats) a demandé le retour du système de pension "de répartition"... qui est celui qui est en crise partout où il est encore apliqué. La manifestation réalisée s'est terminée avec 100 détenus et 42 policiers blessés, au cours des echauffourées.

6 - La nouvelle carte d'identité, avec puce et 25 mesures de sécurité, sera fabriquée en Hollande par la firme Morpho, et commencera à être distribuée ici en septembre, tout comme le nouveau passeport, qui aura une page semblable.

7 - La Cour Suprême a condamné la Banque de l'Etat à rembourser les comissions imposées entre 2003 et 2008 aux tenants de comptes d'épargne à vue, car elles n'étaient pas inclues dans le contrat initial. Le procédé habituel des banques était d'informer globalement l'imposition ou l'augmentation de comissions et de les considérer approuvées (tacitement) si l'on continuait à utiliser le compte après un mois. Ceci ne sera plus autorisé après cette décision de la Cour, et les banques devront trouver un autre mécanisme. (En fait, beaucoup de contrats incluent une clause d'ajustement en fonction de l'index des prix, qui ne seraient pas affectés, à moins que la hausse soit supérieure à l'index.)

9 - Le nombre de véhicules motorisés a augmenté de 80% au cours des 10 dernières années. 45% sont dans la region métropolitaine (Santiago).

10 - La Chambre a approuvé, en dernière instance, une loi qui établit que, dorénavent, tous les chiliens de plus de 18 ans seront donneurs d'organes à moins qu'ils ne déclarent le contraire devant notaire et produisent le document devant le Registre Civil pour son inscription. (Les cartes d'identité portent l'indication d'être ou non donneur d'organes.) Il ne manque plus que la promulgation par le Président de la République.

EXTRA (Opinion)
Ce que veut la Gauche: reparcourrir l'histoire à l'envers
(Gerardo Varela, El Mercurio, 4 mai 2013)

Comme il semble que nous avons de l'oubli, je vais raconter l'histoire du Chili à l'envers. De mauvaises idées d'intellectuels manipulateurs se transforment en bons slogans qui occupent la rue; les politiciens, sauf exceptions, sont des suiveurs de la rue et prennent de l'envol. Ils donnent plus de pouvoir à l'Etat, pour qu'il dirige le développement. L'Etat, comme il est perméable aux pressions, commence à croître, parce qu'il ne sait pas dire non. Comme c'est logique, il a besoin de financement, alors il doit extraire des rentes du reste. D'abord il s'endette jusqu'à ce qu'on ne lui prète plus; ensuite il crée des monopoles dans des "secteurs stratégiques", il dépense l'argent des pensions, promettant de le rendre, mais cela ne suffit pas, alors il émet des billets et génère de l'inflation, extrayant de la richesse des pauvres sans le leur dire, mais ce n'est pas encore suffisant. Alors, il se met à exproprier, d'abord les champs, puis les mines, pour terminer avec toute l'industrie, tout évidemment avec un fond de hausses impositives qui, sous prétexte de percevoir des riches, en réalité appauvrit tous les citoyens. Mais cela ne suffit jamais. Les chiliens ne peuvent plus se promener seuls et libres dans les rues: il leur faut être protégés des groupes de délinquants, et ils s'enrôlent dans les partis, les groupements d'hommes d'affaires et de professionnels, les logias et les syndicats. L'économie stagne, le Chili s'appauvrit et le marché se transforme en jeu de somme nulle où toute richesse s'obtient grâce à l'appauvrissement d'un autre.
La détérioration économique suit la détérioration institutionnelle et ensuite la politique. Cette voie de "progressisme", nous la vivons [*] et c'est celle que suivent l'Argentine et le Vénézuela. Franchement, la nouvelle friture d'idées progressistes que nous entendons, depuis l'administration des pensions par l'Etat jusqu'à une nouvelle Constitution, passant par la nationalisation du cuivre, ressemble au "moonwalk" de Michael Jackson: ce n'est que l' illusion optique de ce que l'on avance quand, en réalité, on retourne en arrière.

[*] Il veut peut-être dire que nous vivons le fait que la gauche demande cela, avec le programme qu'elle propose pour les prochaines élections.
NOTE: Les seniors ont déjà vécu cela, de la fin des '60 à 1973... et en connaissent les résultats.

01/05/2013

Avril (b)

Photo de la quinzaine:
Quartier typique: Av.Providencia (Quartier commerçant "accomodé)








18 - Le ministre de l'Education a finalement été destitué par le Sénat, par 20 votes contre 18. Un seul parlementaire de l'opposition (qui y est majorité) a voté à sa faveur.

21 - Selon une enquête, 46,9% du public a considèré injuste la destitution du ministre de l'Education et 35% l'a approuvée. 64% croyent que la votation a été déterminée par un ordre de parti, et 60% que les parlementaires ont voté en cherchant un bénéfice politique et non la verité des accusations (seuls 21% y croyaient). Avec la destitution, aussi, d'un vice-président de la Chambre, pour fraude fiscale, quelqu'un a pu dire avec raison que, cette semaine, "on a vu ce que tout le monde déteste de la politique". Actuellement, 72,6% des chiliens ne s'identifient pas avec un parti politique et la confiance dans les partis ne dépasse pas 5,2%.

25 - La Bolivie a présenté hier une réclamation devant le Cour Internationale de Justice de La Haye, où elle demande que la Cour oblige le Chili à négocier (et lui concéder) un accès souverain à l'Océan Pacifique. Ils se basent pour cela sur un supposé "droit expectatif" dérivé de négociations antérieures qui n'ont jamais abouti. Mais le Chili n'a jamais accepté de céder de la souveraineté sur le territoire qui lui appartient depuis le traité de 1904, signé librement par les deux pays.

28 - L'Etat apporte 84.000 CLP (135 €) par personne aux ONG qui s'occupent de seniors dans le besoin, Mais cela leur coûte en réalité 450.000 CLP (725 €)par personne.
- Le directeur de l'Institut National de Statistiques a renoncé a son poste, accusé d'avoir compté comme recensées la quantité estimée de 800.000 personnes qui n'ont pas été enquêtées, ce qui jette des doutes sur tout le reste des statistiques... Et l'opposition politique s'en fait un festin pour accuser le gouvernement de tout type de falsification de chiffres. Le calcul de l'inflation est aussi discutée par d'autres économistes et même un docteur en statistiques de Standford (au lieu de 1,5% l'an passé, elle serait de 2,5 à 3%). Le Ministère de l'Economie, duquel dépend l'Institut, a ordonné inmédiatement la révision des procédés et a introduit un recours en justice pour identifier légalement les responsabilités et éventuels préjudices.

30 - Des délinquants (rebelles indigènes?) ont fait dérailler un train de marchandises en enlevant 500m de voie ferrée et coupant la seule voie qui unit Santiago avec le sud du pays (à un peu plus de 500km de la capitale). C'est la première fois qu'on observe ce genre d'attaque.

EXTRA

Le moment: Une conjoncture inquiétante
Le Chili pourrait avoir à regretter d'avoir gaspillé, sans nécessité, une occasion unique d'arriver au développement. Le paysage politique qui commence à émerger au Chili est inquiétant. Les idées des groupes sociaux organisés, des partis politiques et des candidats à la présidentielle de l'opposition [la gauche] -en particulier des plus opposés à la façon dont notre pays a avancé au cours des 25 dernières années- et de multiples voix qui comprennent des individus de la Concertation [l'opposition] qui critiquent également la voie suivie, ouvrent des perspectives aventureuses sur l'avenir qui nous attend.

Partant d'une vision critique de la situation chilienne, de nombreux dirigeants politiques ont commencé à se tourner vers des positions faciles de "refondation" qui incluent une nouvelle constitution, la diabolisation des profits -insinuant qu'ils ne se réfèrent pas seulement à l'éducation payante- mais aussi les présentant comme un fléau qui endommage la vie sociale dans son ensemble, remettant en question l'action des agents privés dans une grande partie des activités économiques nationales.

Cette voie ne cherche ni des corrections institutionnelles ni des améliorations réglementaires pour résoudre les problèmes, mais fait appel à un discours qui sape les fondements de la légitimité des activités quotidiennes qui se développent dans le pays. Elle ne présente pas non plus d'autres solutions explicites, au-delà des clichés ou des platitudes. Ainsi, elle fait diminuer la confiance et augmente l'incertitude de groupes croissants de personnes.

Il semble qu'un tel scénario n'ait pas encore réveillé dans la masse des citoyens l'alarme qu'il devrait provoquer. Comme le Chili a poursuivi une trajectoire couronnée de succès au cours des dernières décennies, le public n'a pas été exposé au risque que crée le language délégitimant signalé, et n'est pas en mesure d'anticiper les conséquences de suivre un cours qui démonte le consensus et entre négligemment sur des chemins dont les porte-parole sont parfois des leaders étudiants -dont la stupéfiante confiance dans leur propre connaissance n'est en rien compatible avec les escroqueries pédagogiques qu'ils prétendent avoir subi-, parfois aussi des dirigeants syndicaux, ou des dirigeants politiques parfois notoirement désireux de plaire avant tout aux étudiants.

Cela devrait mobiliser les citoyens et les cercles qui perçoivent ces risques, ainsi que des politiciens plus responsables des deux coalitions, pour demander et promouvoir la prudence et la sagesse dont le pays a besoin. Sinon, on pourrait avoir à regretter d'avoir gaspillé, sans qu'il soit nécessaire de le faire, une occasion unique d'atteindre le développement.
Du journal "El Mercurio", 28 avril.