31/03/2021

Mars (b)

Santé
- Au 30/03, au total: 989.000 contagiés, plus de 41.300 contagiés actifs actuels (il y en a eu plus de 7.500 de plus plusieurs jours; graphique des cas journaliers); plus de 2.300 patients en ventilation mécanique (graphique d'évolution); 23.000 décédés, arrivant à 100 par jour. La situation est pire que lors de la première vague (l'an passé). Le nombre de lits de soins intensifs a été triplé en un an, mais on est de nouveau à la limite et le ministère de la Santé demande que de nouveaux lits soient ajoutés. Dans 4 capitales régionales il y a déjà plus de morts qu'en tout 2020. Vaccinés: 8 millions (avec une dose ou les deux), 23% de la population objectif avec les 2 doses.
Statistiques dynamiques (L'hyperlien était erronné dans le post passé; mes excuses)
Dans combien de temps y aura-t'il protection collective (70% de la population) selon la vitesse actuelle de la vaccination (par pays, ajusté chaque jour): Chili: moins de 80 jours; Belgique 430! Certains parlent d'immunité collective (ou "de troupeau"), mais les vaccins existants n'immunisent pas: ils réduisent seulement les possibilités de tomber malade avec symptômes plus ou moins graves. Un vaccin immunisant pourait être disponible au milieu de 2022.
- Les variants anglais, brésilien et de New-York ont été détectés ici.
- L'hôpital de Valparaiso a dû installer un container réfrigéré comme complément de sa morgue (insuffisante), à cause du retard des cimetières pour enterrer les défunts.
- L'hospitalisation de personnes de plus de 70 ans a fortement diminué (produit de leur vaccination) mais a augmenté celle des plus jeunes, surtout de 40 à 59 ans.
- Lors du premier week-end de confinement obligatoire, le 14/03, 2 millions d'autorisations pour nécessités urgentes (achats de nourriture ou médicaments) ont été demandées à Santiago et 1,9 million dans le reste du pays! Plus de 4000 personnes ont été arrêtées pour circuler sans autorisation.
- Toute la Région Métropolitaine a été remise en quarantaine cette dernière semaine (confinement permanent; 2 permis de sortir par semaine avec liste restreinte de motifs possibles; commerce non essentiel fermé), vu l'augmentation de la contagion (et d'autres communes aussi en province, ce qui fait au total les 2/3 de la population du pays). Les sorties pour exercice physique ne sont autorisées qu'avant 8h30 du matin (avant qu'ouvre le commerce). Les exigences pour obtenir un permis de déplacement ont été augmentées et ils ont été supprimés durant le dernier week-end (sauf pour la remise à domicile d'aliments et médicaments). 11.000 fonctionnaires (policiers, militaires et autres) contrôlent maintenant les déplacements.
- L'augmentation des cas critiques de COVID s'accompagne aussi d'une augmentation de cas critiques d'autres maladies, leur traitement ayant été retardé à cause de la pandémie. On craint un manque de lits, ce qui a obligé à suspendre toutes les interventions chirurgicales non urgente, pour désoccuper des lits. Il y a aussi pénurie de personnel qualifié pour les unités de soins intensifs. (Graphique d'augmentation des besoins de soins intensifs)
- Comme deux vaccins différents sont distribués (Pfizer et Sinovac), quelques personnes ont reçu par erreur la deuxième dose d'un vaccin différent de la première dose. On a demandé de toujours bien spécifier quel vaccin a déjà été reçu. Les erreurs doivent être rares, car l'on reçoit une carte avec la mention correspondante lors de la 1ère dose; mais quelques personnes oublient de l'emporter (ou les infirmières de vérifier).
- Malgré l'excellent succès du programme de vaccination, l'opinion de la présidente (communiste) du Collège des Médecins est extrêmement défavorable pour le traitement de la pandémie: "Celui-ci est le plus mauvais des gouvernements du pays pour la médecine. Aucun gouvernement nous a traité si mal. Le gouvernement est celui qui dirige la pandémie. Ce sont les ingénieurs qui entourent le président et se prennent pour des épidémiologues qui décident finalement, et non le ministre de la Santé." Le ministre de la Santé a répondu "A des mots infectieux, ouïe de péniciline. Je n'ai pas d'autre commentaire.". [Il faut bien reconnaître que le traçage des contacts de contagiés et le contrôle des aglomérations n'ont pas fonctionné. Les calculs pour décider les quarantaines zonales sont aussi si compliqués que personne ne les comprend, d'où réclamations.] La présidente du Collège s'est finalement excusée pour la forme de ses déclarations, mais répétant sa déception pour ne pas avoir été écoutée dans ses suggestions.
- Selon le Collège des Médecins, les quarantaines (confinements) chiliens ont été "des plus mauvaises du monde" (pas assez strictes). Le traçage des contacts a été difficile car les contagiés tendent à mentir au téléphone (ils en dénoncent 1 ou 2, alors que vivent en moyenne 5 personnes par foyer). On annonce donc plus de visites à domicile, pour vérifier, mais il y a peu de personnel pour cela.
- Plus de 300 fêtes clandestines ont été interrompues par la police au cours d'un seul week-end et dans une seule commune du haut de Santiago; 82 dans une ville de province. Depuis le début de l'année, il y a eu plus de ces fêtes qu'au cours de tout 2020. Ce sont toujours des jeunes de moins de 30 ans. Un senior a réagi: "Les jeunes se foutent de la pandémie. Si les lits viennent à manquer dans les hôpitaux, ils auront priorité pour être traités, alors que nous, les plus vieux, qui suivons les règles pour être protégés, nous serons condamnés à mourir. Cela me fait râler!"
- L'Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) a signalé le Brésil comme le plus grand danger pour ses voisins à cause de son mauvais traitement de la pandémie et l'apparition d'une mutation locale du virus, qui a déjà atteint les pays voisins (il y a plusieurs cas ici). Les voyageurs qui viennent de ce pays sont soumis à des contrôles et une quarantaine plus stricte (dont 5 jours obligatoires dans un "hôtel de transition", avec tests répétés). Ces mesures seront étendues aux voyageurs qui arrivent aussi d'autres pays ce 31 mars.

Politique et administration
- L'augmentation de la contagion a mis en question la convenance de réaliser ou déplacer les élections prévues pour le 11 avril. 73% des gens sont d'accord avec le changement. Le conseil scientifique a finalement convaincu le président de les retarder, car il calcule qu'il pourrait y avoir 8.000 nouveaux contagiés chaque jour début avril. Changer la date - qui serait le 15-16 mai - requiert 2/3 des votes du parlement et l'opposition en a profité pour exiger de nouvelles mesures de "protection sociale", comme condition pour approuver ce changement (Chantage selon le porte-parole du gouvernement). En mai la contamination devrait avoir baissé, effet de la vaccination et du confinement, mais le Collège des Médecins dit ne pas en être sûr. Le projet est en discussion à la Chambre et doit ensuite passer au Sénat.
- Il y a pas moins de 62 listes de candidats à membres de l'assemblée constituente! [Vous pouvez vous figurer la dimension du bulletin de vote!] On applique toujours le système D'Hondt, qui a provoqué ici des déséquilibres incroyables (parlementaires élus avec à peine une dizaine de voix).

Economie
- Selon la Banque Centrale, les secteurs qui ont eu la meilleure production en 2020 ont été l'alimentation, les services financiers et l'administration publique. (!)
- L'annonce de la remise en quarantaine de la Région Métropolitaine a provoqué une énorme affluence dans les supermarchés durant les 3 jours avant sa mise en application, pour faire des provisions, car cela durera au moins 15 jours. (On laisse toujours un délai de 2 ou 3 jours pour que les gens prennent leurs précautions.)
- Le président Piñera a annoncé (avant le projet de retarder les élections) de nouvelles aides pour la classe moyenne et les familles dans le besoin, un "paquet" de 6 milliards de dollars, mais cela ne contente pas l'opposition. Il y aura aussi un subside à l'emploi pour 500.000 personnes. 12 milliards de dollars ont déjà été donnés en aide sociale. Entre 6 et 8 millions de chiliens auraient été bénéficiés. On a réclamé pour les difficultés pour comprendre et remplir les conditions fixées pour l'obtenir, ce qui a mené à la mise sur internet d'un formulaire où il suffirait de mettre son numéro de carte d'identité pour savoir si on a droit à l'une ou l'autre aide.
- Le Chili est un des 3 pays latinoaméricains où le plus de femmes ont perdu leur travail.
- 81.000 familles vivent dans un millier de "campements" (bidonvilles), 74% de plus qu'il y a 18 mois.

Sécurité et justice
- Araucanie: Les attaques incendiaires et à coups de feu ont continué à se multiplier. Une équipe de télévision a été attaquée à coups de feu durant 5 minutes après une interview, terminant avec un blessé grave à un oeil et à l'épaule.  On compte 150 blessés en 6 ans.
287 personnes y ont été arrêtée pour infraction à la quarantaine la première semaine du reconfinement et 2 pour vol de bois.
La police a reçu 20 véhicules blindés de l'armée et 100 policiers sont formés par celle-ci. mais, maintenant, se multiplient les attaques à des policiers en civil, lorsqu'ils rentrent chez eux ou retournent au travail. Il est clair que les guerrilleros (il faut bien les appeler ainsi) les étudient et appliquent des procédés copiés de la FARC de Colombie de l'ETA en Espagne.
- 17 arrestations pour association illicite et attaques à de l'infrastructure critique à Iquique. La plupart sont membres du Parti Communiste.
- La Cour Suprême a déterminé que ne pas respecter le couvre-feu n'est pas un délit mais une faute administrative (Une amende peut être appliquée, mais pas une arrestation).
- Un projet de loi qui augmenterait les peines pour le trafic de drogue a été approuvé mais votée contre par le Parti Communiste et avec l'abstention du Front Ample. (Que prétendent ces partis?) Il y a aussi 18 ans qu'il y a un projet de loi sur le contrôle des armes, mais n'avance toujours pas au parlement, malgré les essais du gouvernement d'en réclamer l'urgence.

Transports et Communications
- L'installation de fibre optique a augmenté de 37% en 2020.
- Le week-end de semaine sainte, des frontières sanitaires seront établies autour des principales villes pour freiner les déplacements.

Education
- 60% des collèges qui avaient ouvert leurs portes ont dû retourner aux classes à distance, leur commune ayant dû retourner au confinement total.

Science et environnement
- Il y a un déficit de 55% d'eau dans les barrages, à cause du manque de pluies.
- Le parlement a approuvé la loi qui interdit l'emploi de plastique d'usage unique dans les locaux d'aliments.

Religion
- Les réunions de plus de 5 personnes ayant été interdites dans 90% du pays (suite à l'augmentation de la contagion), la Conférence Episcopale -préoccupée de la Semaine Sainte- a protesté, le considérant une infraction à la liberté de culte et a obtenu que soient autorisées 10 personnes à l'intérieur des églises (peu importe leur capacité!!) et 20 aux cultes en extérieurs. Une infectologue et la présidente du syndicat des médecins considèrent cela erronné: "Les citoyens peuvent penser que le lobby de l'Eglise pèse plus que la cohérence du plan de déconfinement", alors que plus de 5 personnes sont interdites pour réunions familiales, mais là on ne garde pas les distances physiques, ce qui est possible dans les églises. Le porte-parole du gouvernement a répondu que "la spiritualité des personnes ne doit pas être minimisée; c'est important du point de vue de la santé mentale".
Après plusieurs instances dans les tribunaux inférieurs, la Cour Suprême a dictaminé, basée sur le principe d'égalité devant la loi, que les cultes religieux pouvaient se réaliser si l'on y respecte les mesures sanitaires (les limitations du nombre d'assistants restant donc aplicables), même en situation de quarantaine si, durant celle-ci, il est permis de faire de l'exercice en extérieur durant 60 à 90 minutes en matinée. La Conférence Episcopale catholique a recommendé de prendre "des précautions extrêmes".

Extra: Conditions de santé au Chili

25/03/2021

Conditions de santé au Chili

Clés qui expliquent l'augmentation inquiétante des infections 
(Extraits - Deutsche Welle, 23/03/2021)
 
Des experts en épidémiologie et en santé publique consultés par DW expliquent certaines des causes du niveau élevé des infections et de la tendance à la hausse inquiétante qui menace l'effondrement des hôpitaux.
1. Mauvaise communication sur les risques
"Il n'y a pas de campagne qui renforce la prévention, l'utilisation correcte d'un bon masque et la ventilation des espaces clos", déclare la Dr Muriel Ramírez, spécialiste en santé publique et épidémiologie, et universitaire à la Faculté de Médecine de la Université Catholique du Nord. "La communication des risques a été entre les mains d'acteurs qui ne sont pas des épidémiologistes ou des experts de la santé", indique la Dr Sandra Cortés, de l'École de médecine de l'Université Catholique.
2. Décisions non fondées sur des preuves
Confrontés à des questions sur l’ouverture de casinos, de centres commerciaux, de congés annuels ou d’autorisation de services religieux, les ministres politiques et économiques sont devenus célèbres pour justifier les mesures par des arguments tels que «il n’y a pas de document scientifique» qui dit le contraire, dénotant qu'ils sont mal informés.
3. Plan de quarantaines dynamiques remis en question
Malgré l'augmentation des infections, le gouvernement a maintenu "le schéma de quarantaines partielles inefficaces, par communes. Il ne s'agit pas d'un verrouillage complet, les activités de travail se poursuivent dans des espaces clos et les centres commerciaux fonctionnent", observe la Dr Ramírez. Les restrictions du plan de confinement initial selon les contagions ont été assouplies, permettant de plus en plus de mouvements et de réunions, favorisant la confusion et moins de respect.
4. Approche de soins et TTI endettés
Le gouvernement a privilégié des actions importantes, telles que l'augmentation des lits et des ventilateurs et l'achat de vaccins, mais a négligé l'approche de santé publique, déplorent les spécialistes. La stratégie TTI (tests, traçabilité et isolement) a été déficiente. La traçabilité des contacts a été activée tardivement, en charge des équipes des soins primaires, les mêmes qui vaccinent maintenant et ont cessé de faire la traçabilité. En moyenne, seuls deux contacts étroits sont identifiés par infecté et les résidences de santé sont peu occupées.
5. Manque de soutien social
Dans un pays où le travail informel est élevé, la majorité de la population n'a pas la possibilité d'une quarantaine efficace. Si elle ne travaille pas, elle ne mange pas non plus. Dans une société marquée par l'inégalité, une stratégie d'appui intégral est indispensable.
6. Nouvelles variantes et excès de confiance dans le vaccin
L'augmentation des cas peut également s'expliquer par un laxisme dans les mesures de protection couplé à un excès de confiance dans la réussite de la vaccination. De plus, la vaccination au milieu d'un niveau élevé de contagion pourrait être moins efficace ou même favoriser l'apparition de mutations du virus. La vaccination est une grande réussite, mais il est également nécessaire de maintenir des mesures d'isolement, d'hygiène et de ventilation, ainsi qu'un soutien social et économique afin que les gens puissent se conformer aux quarantaines.

Le programme de santé dont nous avons besoin (Intégral)
Juan Carlos Saïd, médecin interniste (La Tercera, 19/03/2021)
 
Supposons que vous ayez décidé d'être candidat à la présidence, et que vous soyez à gauche ou à droite de l'échiquier politique, vous croyez que les gens - vu leur libre action - sont le moteur de la société, mais que pour que cette liberté aboutisse à une plus grande prospérité pour tous il faut un accès égal aux droits humains fondamentaux, tels que la santé.
Il n'est pas nécessaire d'être un expert pour savoir que ce n'est pas la réalité du Chili. La différence d'espérance de vie entre une personne d'un district à revenu élevé et une personne à faible revenu de la région métropolitaine est de 18 ans. Cette différence est fondamentalement due à des facteurs qui ne dépendent pas du contrôle de chacun et qui sont liés au lieu de naissance: pollution de l'air, accès à une alimentation saine, consommation de drogues et d'alcool, possibilité de soins de santé.
Eh bien, Monsieur le Candidat, cette différence extrême de survie, déterminée simplement par le berceau, est incompatible avec le désir du pays que chacun puisse développer la vie qu'il souhaite en fonction de ses propres efforts et décisions. La liberté se produit dans un contexte et, pour beaucoup de gens, la liberté n'est qu'une fiction, une idée hypothétique qui n'est pas réelle dans la pratique; presque tout ce qu'ils peuvent choisir nuit à leur santé. Il faut donc modifier ce contexte.
Voici quelques idées clés que vous devriez inclure dans votre programme de santé si vous voulez vraiment changer les choses. Tout d'abord, le plus important: le Chili connaît une épidémie de maladies chroniques non transmissibles: l'obésité, l'hypertension, le tabagisme et l'alcoolisme sont les quatre cavaliers de l'apocalypse qui tuent le plus de chiliens par an. Malheureusement, toutes les preuves scientifiques indiquent que ces maladies ont peu à voir avec les décisions des gens et beaucoup à voir avec un environnement qui les favorise. Agir sur ces facteurs nécessite alors de faire progresser la taxe saine sur le sodium et l'alcool, et d'améliorer l'étiquetage des aliments (qui aujourd'hui n'incluent pas les fast-foods) et des boissons alcoolisées (ils n'ont pas d'étiquette avertissant des risques). De la même manière, sans frais pour l'État, il est possible de moderniser notre loi sur le tabac, en établissant des boîtes génériques et en les vendant sous le comptoir (sans vue du public). Une mesure aussi simple, et qui est appliquée dans de nombreux pays du groupe que nous considérons comme un modèle à suivre, pourrait nous permettre de passer du pays avec le plus de fumeurs en Amérique Latine (34%) à moyen terme à ayant des chiffres comme ceux de l'Australie (11%), sauvant des milliers de vies. Aujourd'hui, le tabac tue en deux ans presque le même nombre de personnes que le coronavirus a tué depuis le début de la pandémie.
Qu'est-ce qui vient ensuite? Pollution de l'environnement et dans la maison. Même à Santiago, la principale cause de pollution reste le bois de chauffage, et là où ce n'est pas du bois de chauffage, c'est le diesel. Il est nécessaire d'élargir le programme de remplacement des appareils de chauffage, de réduire le coût des sources propres (comme l'électricité) et de rendre toutes les villes du Chili exemptes de bois de chauffage domestique. Augmenter la taxe sur le diesel, quant à lui, est presque une obligation morale. Étant le carburant utilisé dans les véhicules qui produit les particules PM2,5 les plus cancérigènes, il ne résiste pas à l'analyse qu'il est en même temps le moins cher, étant donné que la pollution atmosphérique environnementale tue 6000 chiliens chaque année.
Enfin, mère de toutes les batailles: notre système de financement de la santé ne fonctionne pas, et il est étudié comme un cas d'échec dans les écoles de santé publique du monde entier. La «concurrence» entre les assurances publiques et privées qui se passe au Chili n'est jamais une concurrence, mais plutôt un «écrémage». Les assureurs privés ne sont pas en concurrence avec Fonasa [le Fond National de Santé, public] pour fournir de meilleurs services, mais sélectionnent plutôt les patients à hauts revenus et peu malades, et laissent les plus malades et les plus pauvres à l'assurance publique, perpétuant des déficits de financement chroniques. Pour reprendre les mots (honnêtes, il faut le reconnaître) de l'ancien président de l'Association d'Isapres [assurances privées]: «Le système Isapre ne peut pas se permettre d'accueillir des malades».
Cependant, le Chili, presque par inertie, se convertit à une assurance unique: un système où un assureur (Fonasa) paie des prestations dans le secteur public ou privé. Le nombre d'affiliés de Fonasa augmente d'année en année (aujourd'hui il est de 82% et il a augmenté de 1% par an au cours des 10 dernières années). Tout porte à croire que cette tendance va s'accentuer en raison de l'augmentation du chômage et de l'incertitude économique, des coûts plus élevés des plans Isapres et de l'amélioration de la couverture par Fonasa. Ce qu'il faut décider n'est pas si nous voulons ou non une assurance unique, mais si nous voulons que cette assurance soit atteinte par défaut (c'est-à-dire parce que les Isapres perdent des affiliés et certaines font faillite), ou si nous voulons bien faire les choses et moderniser Fonasa, nous permettant d'atteindre une assurance unique vraiment efficace de manière planifiée, équivalente à celle des pays développés comme la Corée du Sud, l'Australie ou le Canada.
Une assurance unique, des taxes sur les "malsains", législation anti-tabac. Les opportunités «d'égaliser les règles du jeu» en matière de santé sont nombreuses, mais le lobby est plus fort. Espérons donc que quel que soit ce candidat à la présidence, il enlèvera la chemise du lobby ou du financier de la campagne et entrera sur le terrain avec la chemise des patients.

13/03/2021

Mars (a)

Santé
- A ce jour (13/03), au total: 880.000 contagiés (plus d'un million si on y ajoute les "cas probables"), 32.700 contagiés actifs actuels, 1.616 patients en ventilation mécanique; 21.470 décédés. Vaccinés: plus de 4,6 millions (avec une dose ou les deux).
Statistiques dynamiques  
- Le Chili a dépassé Israel comme le pays qui a le plus de vaccinés par million d'habitants. En avril on commencera à vacciner les moins de 60 ans et on espère terminer fin juin.
- L'augmentation de la contagion (58% en 2 mois; arrivant à près de 6.000 cas en un jour) a obligé à un retour en arrière: il y a quarantaine les week-ends en Région Métropolitaine (interdiction de sortir, sauf pour achat de nourriture ou médicaments, et seulememnt endéans 2 heures). Dans tout le pays, 40 communes font marche-arrière et une douzaine (dont les villes de Concepcion, Temuco et Valparaiso) sont de nouveau en confinement permanent. Le couvre-feu sera de nouveau de 22 à 5 heures. Tous les commerces devront fermer à 20 heures dans tout le pays. Toutes les réunions de plus de 5 personnes sont interdites.
La situation générale ressemble à celle du peak de juillet passé et l'a même dépassée à Concepcion. 88% des cas sont dus aux réunions familiales durant les vacances, les gens ayant pris moins de précautions. Mais les autorités ont sans doute aussi trop relâché les mesures (ouverture de cinémas et gymnases, par exemple, bien qu'avec assistance réduite). De plus, les contrôles sanitaires sur les routes ont pratiquement disparu et les gens respectent de moins en moins les restrictions et mesures sanitaires.
- Le taux de mortalité, ces 2 premiers mois a été le plus haut des 45 dernières années.
- Le Chili envoie régulièrement de l'oxygène au Pérou (40 tonnes par semaine), où il y a pénurie dans les hôpitaux. Le pays aide aussi au transport des vaccins vers le Pérou et l'Uruguay et a fait parvenir 20.000 doses au Paraguay et à l'Equateur, qui n'en avaient pas encore obtenu, pour leur personnel de santé. Le pays s'est déjà assuré l'obtention de 37 millions de doses, 10 millions étant déjà arrivées. Il est le 2e avec la vaccination la plus rapide de sa population.
- 58% des gens approuvent la gestion de la crise de la pandémie par le gouvernement. 75% croient que le couvre-feu s'utilise pour contrôler l'ordre public et non comme mesure sanitaire.

Politique et administration
- Quatre types d'autorités devant être élues le prochain 11 avril, le gouvernement a décidé que l'élection se fera en 2 jours, vu que chaque personne aura besoin de plus de temps.
- Comme l'état de catastrophe fait maintenant un an, selon la loi, le président devait obtenir l'accord du parlement pour le prolonger encore [C'est nécessaire pour pouvoir imposer le couvre-feu et autres mesures de contrôle.]. La gauche a exprimé des réserves mais l'a approuvé, sauf l'extrême gauche qui s'y est opposée.
- La possibilité d'un troisième retrait de 10% des fonds de pensions est proposé par des parlementaires. Le président Piñera a fait remarquer que cela n'est possible que "pour les riches", car les autres ont épuisé leur fond (une quantité minimum, indépendante du calcul de 10%, ayant chaque fois été autorisée). Des experts considèrent que cela causerait la destruction du système actuel de pensions [ce que désire une grande partie de la gauche].
- Il y a eu manifestations dans 13 points de la capitale pour réclamer la construction de logis sociaux. Des terrains ont été occupés illégalement puis vidés par la police.
- Tout le monde se plaint du Registre Civil: ses bureaux n'admettent que 20 personnes par jour (seulement le matin) et des centaines ont des démarches à y faire. C'est l'extrême opposé (bien sous-développé) de ce qui se passe avec la vaccination!

Economie
- 47% des femmes ne vivent pas avec le père de leurs enfants et, d'elles, deux tiers ne reçoivent pas la pension alimentaire à laquelle elles ont doit. Le gouvernement élabore un projet de loi qui fera un registre des non-payants et établira des sanctions automatiques.
- Les travailleurs de classe moyenne qui ont perdu 30% ou plus de leurs revenus auront à nouveau droit à un aport de l'Etat, un subside pour la location du logement et des prêts spéciaux.

Sécurité et justice
- Araucanie: Les attaques incendiaires ont continué à se multiplier.
Il y a eu une réunion de chefs de plusieurs communautés mapouches, qui ont décidé de continuer les actions violentes pour obtenir la "libération des terres ancestrales". Tous les "étrangers" doivent s'en aller. [C'est une virtuelle déclaration de guerre officielle et de désir d'indépendance totale.] Mais ils ne sont pas majoritaires et les désaccords entre communautés sont consuétudinaires [C'est ce qui rend toujours difficile les accords avec l'ethnie.].
- Les vols d'autos faits par interception avec d'autres véhicules sont de plus en plus violents: deux enfants ont perdu la vie par les coups de feu tirés.
- Les homicides ont doublé en 2020 (728). L'eploi d'armes a feu dans les délits a doublé.
- Vendredis violents à Santiago: 63 détenus et 11 carabiniers blessés le 5/3, 62 le 12/3; on a tenté d'incendier la statue d'un général, héros de la guerre du Pacifique. (Photo). Quelques jours après, on a tenté de couper les pattes de son cheval. Comme il a été très souvent vandalisé, le Conseil des Monuments a finalement décidé de la retirer pour la restaurer.
- Manifestations massives dans plusieurs villes pour célébrer la Journée Mondiale de la Femme, avec les revendications les plus diverses et sans respecter la distance sociale ni l'interdiction de réunions massives. Il y a eu 84 arrestations.

Transports et Communications
- L'installation de fibre optique a augmenté de 37% en 2020.

Education
- 15% des écoles publiques et 73% des privées ont repris les classes en présence au début de ce mois. 50 collèges ont dû entrer en quarantaine peu après, suite à la détection de personnel contagié.
- On estime que plus de 200.000 étudiants d'enseignement moyen ont abandonné les études l'an passé, principalement par manque d'accès à internet, leurs parents ne pouvant le payer.

Extra: Coronavirus au Chili

Coronavirus au Chili

EXTRA: Comment expliquer que malgré une bonne vaccination, le Chili a le taux de contagion le plus élevé depuis le début de la pandémie (Extraits)

(BBC News, 11/03/2021)

La nation sud-américaine connaît à nouveau un rebond dans des cas similaires à celui de juin et juillet, les pires moments du covid-19 dans le pays et qui ont conduit à une stricte quarantaine. Il atteint un record de cas par jour qui est similaire à celui des mois les plus difficiles de la pandémie en 2020. Selon les données du ministère de la Santé, depuis la fin du mois de février, le pays a recommencé à compter environ 5 000 nouveaux cas par jour.
En ce qui concerne les patients hospitalisés, il a également atteint un chiffre similaire à celui des mois les plus compliqués, avec des taux d’occupation des lits critiques supérieurs à 95%, ce qui parle d’une saturation du système et d’une situation extrêmement complexe en termes de santé.
Comment expliquer alors que, malgré l'avancée de la campagne de vaccination, le nombre de cas et d'hospitalisations soit à nouveau au même niveau que les moments les plus critiques de la pandémie en 2020? «Ce que nous voyons actuellement au Chili, c'est une situation similaire à celle vécue au Royaume-Uni après les vacances d'été, dans laquelle il y a eu une seconde vague très forte», explique à BBC Mundo la Dra Claudia Cortés, de l'Université du Chili, et vice-présidente de la Société chilienne d'infectologie.
Les experts consultés conviennent que les causes de la nouvelle augmentation sont variées et sont dues à des raisons qui vont des politiques mises en œuvre pour contenir le virus depuis le début de la pandémie à la fatigue due aux mesures un an plus tard. Selon l'experte, bien que le pays ait développé une capacité "très importante" pour effectuer des tests de covid, il n'a pas été très efficace pour localiser les contacts des personnes infectées, ce qui a fait continuer à circuler le virus.
«Il y a aussi de la fatigue face à la pandémie et, si au départ la population était très adhérente aux mesures et restrictions, la fragilité économique et sociale du pays et le taux élevé d'emploi informel, en particulier dans les communes les plus pauvres, ont fait que les gens doivent aller travailler malgré les restrictions de mobilité», ajoute-t-elle.
Un autre élément à l'origine de l'augmentation actuelle a été la levée de certaines restrictions de mobilité pendant les mois d'été. «Le gouvernement a autorisé des permis spéciaux pour partir en vacances et cela signifie qu'entre 4 et 5 millions de personnes se sont mobilisées dans différentes zones qui connaissent actuellement des crises très extrêmes, avec des hôpitaux avec des lits complets, avec des pourcentages de positivité très élevés, dans certains cas supérieurs à la première vague», dit-elle.
«Pour cette raison, alors que nous développons le processus de vaccination des groupes prioritaires qui atteint aujourd'hui 28,39% de la population cible totale, nous insistons pour que le public maintienne l'utilisation des masques, le lavage fréquent des mains avec du savon et de l'eau, maintenir la distance physique, éviter les foules, entre autres» dit le Ministère de la Santé.
Contrairement à plusieurs pays d'Amérique Latine, le Chili a négocié avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques l'achat de vaccins presque dès les premiers mois de la pandémie, ce qui a facilité l'accès prioritaire à plusieurs marques depuis leur autorisation. Ceci, combiné à un système de vaccination efficace au niveau primaire développé au fil des ans, lui a permis d'être à l'avant-garde non seulement au niveau régional, mais aussi parmi les pays du monde ayant le pourcentage le plus élevé de sa population vaccinée à ce jour.
Mais «lorsque la vaccination a commencé, de nombreuses personnes ont pensé que puisque les vaccins étaient déjà arrivés, le problème était terminé et les mesures d'auto-prise en charge se sont considérablement assouplies», ajoute Cortès. Mais les experts s'accordent à dire que les vaccins sont efficaces, mais pas «magiques» pour réduire les infections du jour au lendemain. De nombreux vaccins, comme le Sinovac, qui est majoritaire ici, nécessitent l'application de deux doses à trois semaines d'intervalle et l'immunité la plus élevée commence à être obtenue à partir de la deuxième semaine de la deuxième dose. Pour diminuer le nombre d'hospitalisations et de décès, le vaccin n'est efficace que lorsque 80% de la population est vaccinée. Et nous en sommes encore très loin. Le pays commencera à voir les premiers résultats dans la diminution du nombre d'hospitalisations et de décès d'ici la fin du mois de mars, si le taux actuel de vaccination est maintenu. Cependant, on ne s'attend pas à ce que les infections diminuent dans la même proportion. [Il faudra sans doute attendre juin] lorsque 80% de la population sera vaccinée. Jusqu'à ce que ce point soit atteint, le ministère de la Santé recommande de ne pas «baisser la garde».