13/12/2021

Décembre (a)

ATENTION: A PARTIR DU 2 JANVIER, CES NOUVELLES SERONT DISPONIBLES A UNE NOUVELLE ADRESSE: 
ICILECHILI.BLOGSPOT.COM
La présente "émission" sera la dernière à l'ancienne adresse. Les nouvelles antérieures et leurs "Extras" resteront disponibles à leur ancienne adresse.

Santé
- Contagiés actifs actuels: moins de 10.000 (une baisse de 18% ces dernières semaines). Premiers cas d'omicron.
- Pas de passeport sanitaire pour les plus de 45 ans sans dose de renforcement, mais 3 millions de personnes sont en retard pour recevoir celle-ci.

Politique et administration
- Selon enquête de fin novembre, Boric obtiendrait 13% de plus que Kast lors de l'élection, mais cette différence a diminué dans les enquêtes suivantes. Les jeunes de 18 à 29 ans disent préférer des changements graduels, le libre marché et la stabilité. 45% espèrent ces changements "dans l'ordre et la stabilité". (Enquête de l'Université Diego Portales). Les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la campagne électorale, surtout pour atteindre les jeunes.
- Boric a refusé d'assister à bien des débats avec Kast et n'a finalement participé que de deux.
- Les deux candidats ont fait de nombreuses modifications à leur programme de gouvernement pour tenter de s'attirer les votes de centre.
- Le parlement a approuvé une nouvelle loi qui "fortifie" la persécution du commerce illégal.
- Le parlement a approuvé - et le président Piñera a promulgué - la loi qui autorise de "mariage égalitaire" (= entre personnes de même sexe), avec tous les droits du mariage hétérosexuel. (Il existait déjà une "union civile" pour homosexuels, mais sans tous les droits du mariage). Le projet date de Bachelet (2017). Un tribunal a maintenant aussi obligé le Registre Civil à inscrire un enfant comme fils de deux mères.

Convention constituante (CC)
- La convention a commencé à étudier les propositions relatives à la forme de gouvernement. Un système présidentiel "amorti" et de chambre unique semble préféré.
- Commence à apparaître l'opinion, dans le public, de ce que les membres de la CC ne représentent pas "le Chili réel". En tous cas, il est clair que la CC ne correspond pas à ce qui a été élu en novembre (Parlement).

Economie
- Selon l'École d'Économie de Paris, le 1% le plus riche de la population possède la moitié de la richesse du pays.
- Plus de 300.000 nouvelles autos et camionettes ont été vendues cette année, grâce -surtout- aux retraits des fonds de pension, pour -semble-t-il- éviter les transports publics et faciliter les opérations des petits commerces.
- Un 4e retrait de 10% des fonds de pensions n'aura pas lieu: après le sénat, la chambre n'a pas réussi à ressembler assez de votes en sa faveur.
- Le président Piñera a présenté un projet de loi de "pension universelle solidaire", pour les 90% des pensionnés les moins favorisés, dont le montant serait de 185.000 CLP (un peu plus de 185€).

Sécurité et justice
- La police a saisi 3,5 tonnes de marijuana et arrêté une bande de 10 colombiens. Un total de 28 tonnes de drogue ont été saisies pendant l'année.
- Les désordres du vendredi ont continué à Santiago, mais réduits à 200 personnes. Il y a eu 7 arrestations.
- Araucanie: Les attaques et incendies ont continué, mais freinés - semble-t-il - par les contrôles militaires de l'état d'exception.

Transports et Communications
- Une firme chinoise a gagné le concours d'offres pour construire 7 stations de la future ligne 7 du métro de Santiago.
- La candidat Boric a annoncé qu'il renforcerait les chemins de fer. Les cammioneurs ont protesté le considérant "une concurrence déloyale".

Science et environnement
- Nouvelle vague de chaleur de quelques jours dans le centre-sud: jusqu'à 38°C. Il y a des incendies de forêts et l'un d'eux a détruit 120 maisons (de bois) à la ville de Castro, sur l'île de Chiloé (500 personnes évacuées). Dans le nord, les rivières ont le flux le plus bas des 30 dernières années.


Extras:
Les facteurs qui définiront le résultat de l'élection Kast-Boric

Nouvelles antérieures 

Les facteurs qui définiront l'élection

Les facteurs qui définiront le résultat de l'élection Kast-Boric
Maria Arriagada (Extraits de Ex-ante, 9/12/2021)

La participation du segment socio-économique ABC1 dans la Région métropolitaine, le fossé des générations dans le soutien de chaque candidat, comment ils pourront -ou non- mobiliser leur électorat, l'évolution du vote féminin et ce qui se passe dans le nord de la pays fera partie des éléments centraux des élections du 19 décembre. Ici, à 12 jours de l'élection, les facteurs décisifs, selon le regard de divers experts.
1. Fréquentation des urnes. Les commandos projettent que Boric a la suprématie parmi les jeunes et Kast dans les autres.
2. L'ABC1 de la région métropolitaine versus les segments populaires. Toutes les projections suggèrent que Boric peut se développer davantage dans le premier créneau, en particulier dans la RM, tandis que Kast dans le second.
3. Les voix du nord. Parisi a remporté un large vote dans le nord, notamment à Antofagasta. Il a été scruté par les commandos, en vue du second tour. Pour gagner, il est essentiel d'essayer de comprendre les besoins de ces groupes [du nord].
4. L'impact des débats à la télévision: Il y a le risque que les candidats fassent des erreurs non forcées, ce qui est un danger parce que nous sommes dans un environnement polarisé, où les attentes vis-à-vis des personnes sont très élevées et le scénario est de grande volatilité et fragmentation.
5. L'axe ordre contre chaos: C'est le concept avec lequel Kast s'est hissé dans la course présidentielle. Pour certains analystes la peur sera l'axe qui mobilisera les électeurs.
6. La conquête du vote féminin. Le soutien des femmes est l'une des forces de Boric jusqu'à présent.
7. Modération et centre politique. Boric et Kast ont eu pour objectif de modérer leurs discours pour élargir leur vote.
8. Les attributs souples des candidats prévalent. Ce sont les questions qui ont à voir avec les attributs personnels des candidats
9. Participation électorale. C'est une des grandes questions de cette élection. Et tous les analystes n'ont pas la perception qu'il y aura plus ou moins d'électeurs qu'au premier tour. Il y a beaucoup de "veufs" du premier tour, et la question est de savoir comment conquérir cette masse de veufs.

30/11/2021

Novembre (b)

Santé
- Contagiés actifs actuels: +- 14.100 (en baisse, mais forte augmentation dans la région d'Aysen). Plusieurs communes ont dû faire marche arrière dans le plan de déconfinement mais d'autres avencent.
Intéressant graphique qui montre l'incidence de la vaccination sur l'entrée en soins intensifs: en jaune ceux qui ont la "dose de renforcement", en bleu les 2 doses (ou dose unique), en rouge les non-vaccinés.
- Total des cas: 1.704.000
- Décédés: + de 38.300.
- L'Institut de Santé Publique a autorisé la vaccination d'enfants à partir de 3 ans avec le Sinovac. Elle commencerait en décembre. De ce fait, 96,4% de la population peut être vaccinée. 42,5% ont reçu à ce jour la "dose de renforcement". A partir du 1er janvier ceux qui l'auront reçue seront les seuls à obtenir (ou conserver) le passeport sanitaire.
- Des étrangers provenant du sud de l'Afrique ne pourront pas entrer dans le pays, pour freiner l'arrivée de la mutation omicron.
- A partir du 21 mars 2022 entrera progressivement en vigueur une nouvelle loi qui assurera les soins paliatifs pour les malades terminaux. 5.000 patients seront couverts la première année et la couverture sera universelle au bout de 5 ans.

Politique et administration
- Élections: 46,74% des électeurs possibles ont voté. Aux présidentielles, Kast (27,9%) et Boric (25,8%) passent au ballotage (19 décembre). Surprise: le 3e est le candidat Parisi du nouveau "Parti des Gens" (avec un programme "anti-privilèges" et de réduction de l'État), qui a été grand gagnant dans les 3 régions du grand nord.
- La moitié du sénat devait être rénovée: avec les nouveaux élus, la droite obtient la moitié des sièges (un résultat inattendu). A la Chambre, équilibre relatif: 15 sièges pour l'extrême-droite, 53 pour la droite, 25 pour le Front Ample plus 12 Communistes, 27 pour les anciens partis de centre-gauche (dont 8 DC et 13 PS), 6 pour le "Parti des Gens" (conservateur de centre) [voir "Extra"] et 7 pour d'autres petits partis. La gauche y a perdu sa majorité et la centre-gauche est le groupe qui a le plus perdu. Le Front Ample (extrême gauche) est loin d'avoir obtenu ce qu'il espérait (moins que lors de l'élection primaire): il paye facture pour ne pas avoir condamné la violence, un gain pour la droite. 
- Mais Boric est revenu sur sa position: maintenant il soutien qu'«on ne peut pas indulter quelqu'un qui a incendié une église ou saccagé un petit commerce». (Auparavent, il poussait la loi d'indulte pour tous les fauteurs de troubles du 18 octobre 2019.) Il fait aussi appel à "travailler pour l'unité des démocrates", cherchant à unir toute la gauche (Il considère Kast anti-démocrate). Kast devra revoir et ajuster fortement son programme pour obtenir les autres votes de la droite. Les deux devront faire des concessions pour gagner des votes du centre, mais cela semble plus difficile pour Boric, car le Parti Communiste s'y résiste. [Voir Extra: "Kast contre Boric"].
- Le président Piñera a déclaré "ne pas vouloir faire une intervention électorale, mais nous voulons défendre la liberté et l'ordre", un évident appui pour Kast. Le ministre de l'Éducation a aussi exprimé cet appui.
- La présidente (communiste) du Collège des Médecins a renonsé à ce poste pour diriger la campagne électorale de Boric.
- Enquête pré-électorale: 39% voteraient pour Boric et 33% pour Kast. (Restent à gagner les votes des autres.)
- La Démocratie Chrétienne a décidé d'appuyer la candidature de Boric "sans conditions" mais ne participerait pas à son gouvernement. Elle considère que le candidat Kast  "est une menace pour le processus constituant et un retour à l'autoritarisme à l'encontre des avancées démocratiques". On s'attend à des défections: membres de la DC qui ne sont pas d'accord.
- Le Registre Civil a retiré l'approbation de l'offre de la firme chine Aisino pour la fabrication de cartes d'identité et passeports car elle n'a pas répondu les demandes de précisions, et l'a reportée sur la 2e meilleure offre, qui est la firme francaise Idemio. Le coût sera de 226 millions de dollars pour 10 ans. La provision des 10 dernières années avait coûté 700 millions. Les chinois prétendent réclamer en justice.

Convention constituante (CC)
- La présidente de la CC a envoyé une lettre au parlement, demandant que soit faite une réforme de la constitution actuelle pour permettre la réalisation d'un plesbiscite lorsque les 2/3 des voix (exigés par les règles actuelles) ne sont pas atteints à la CC mais bien les 3/5. [Cela conviendrait à la gauche "plus dure", qui a cette quantité de voix, mais pas les 2/3.]
- La CC s'est déplacée durant une semaine dans la région de Concepcion et Araucanie, pour y réaliser des audiences publiques de ses commissions dans diverses communes. Les dirigeants refusent de mettre le drapeau chilien là où elle siège. Et "ils n'ont pas eu le temps de visiter les victimes de la violence" ou d'en recevoir des représentants (les commissions font des audiences publiques). 
- Après les élections, la présidente de la CC a déclaré qu'«il nous faut un président qui dialogue». Le vice-président s'est "mis à disposition" de Boric. (Il ne devrait pas prendre parti!)
- Kast, le présidentiel de droite, a obtenu plus de 50% des voix en Araucanie.

Economie
- Les rentrées du fisc pour la TVA sont 33% plus hautes qu'avant l'explosion sociale de 2019.
- Tous les commerces se plaignent du manque de monnaies: très peu circulent. On n'a pas d'explication.
- L'économie chilienne a crû de 17,2% durant le 3e trimestre, mais le taux d'épargne est tombé à son minimum.
- Le résultat des élections a provoqué une hausse de la bourse locale de 9%, la plus haute en 10 ans.
- Bloomberg: "Le marché des bons au Chili célèbre la résurrection de la droite."
- Étude de l'Université Catholique: 90% des emplois perdus en pandémie ont été récupérés.

Sécurité et justice
- La police a saisi un chargement de 166 kg de drogue. Il y a 8 détenus (dont 4 colombiens).
- Lors d'un contrôle d'identité, la police avait arrêté un jeune homme pour port d'armes blanches. La justice a déclaré l'arrestation illégale. [La même chose s'était déjà passée lors d'un contrôle routier où des armes à feu furent trouvées dans une auto. Si la police ne peut arrêter des porteurs d'armes, que reste-t-il de la sécurité?]
- La police civile a arrêté 4 sujets qui transportaient de la drogue pour 1.200 millions de CLP (un peu plus de 1,2 million d'€).
- Araucanie: Les attaques et incendies ont continué. 5 travailleurs forestiers blessés. Même des professeurs d'une école rurale ont été attaqués.
- Le pouvoir judiciaire a informé qu'entre 2018 et 2020 il a été fait procès pour 391 attaques incendiaires mais seulement 63 pour contrôle des armes. Mais la détection de la possession d'armes a augmenté depuis.
- L'état d'exception y a de nouveau été prorogé pour 15 jours. Selon le ministère de l'Intérieur, cela a réduit de 40% les attaques.

Science et environnement
- Les études de biologie des plantes du désert d'Atacama (qui n'apparaissent que les années où il y pleut un peu) faites à l'Université Catholique de Santiago, y ont révélé une "mine d'or" génétique. Elles ont révélé des mutations dans 265 gènes, qui les aident à supporter la forte radiation, le sel et le stress de la sécheresse, ainsi que des bactéries qui vivent autour des racines et aident à capter le nitrogène qui leur permet de grandir.
- La moitié du pays souffre d'une sécheresse extraordinaire.

Extras:
- Kast contre Boric 

Kast contre Boric

Les principales propositions des rivaux les plus antagonistes que le Chili ait eu ces dernières décennies
Cecilia Barria (Extraits de BBC News Monde, 23/11/2021)

Dans l'un des scénarios politiques les plus polarisés de l'histoire récente, le candidat d'extrême droite, José Antonio Kast, et le gauchiste Gabriel Boric, disputeront la présidence du Chili le 19 décembre, après avoir remporté le premier tour des élections. Ce sera la première fois depuis le retour à la démocratie en 1990 que les partis traditionnels de centre-gauche et de centre-droite ne mènent pas les préférences électorales.
Kast, qui a juré de creuser un fossé à la frontière pour arrêter les migrants, s'opposer à l'avortement et réduire les impôts , a déclaré qu'il admire des dirigeants tels qu'Augusto Pinochet, Ronald Reagan, Margareth Thatcher et Jair Bolsonaro. Son rival, Gabriel Boric, un parlementaire de 35 ans et ancien leader étudiant qui incarne les revendications de la flambée sociale de fin 2019, propose d'accroître le rôle de l'État dans l'économie, de mettre fin au système de retraite privé et d'élargir les droits sociaux de la population. "On nous a confié la contestation pour la démocratie, la justice, l'inclusion, le respect, pour la dignité de tous", a déclaré le candidat qui a formé une alliance avec le Parti Communiste
Quiconque arrivera au palais présidentiel devra gouverner un pays profondément fracturé et avec une Assemblée Constituante qui travaille à la rédaction d'une proposition de nouvelle constitution qui doit être entérinée lors d'un vote populaire l'année prochaine.
Quelques-unes des propositions des rivaux
Le candidat de la droite radicale parle d'une réduction des dépenses fiscales, une dérégulation des marchés et une privatisation des entreprises. L'un des axes centraux de l'autre est la baisse des impôts de toutes sortes, une réforme fiscale inédite qui, selon le candidat, s'accompagnera d'une baisse des dépenses fiscales.
Fervent admirateur d'un État plus petit et plus austère, Kast envisage de baisser l'impôt sur les sociétés (de 27 % à 17 %), de baisser la taxe sur la valeur ajoutée (de 19 % à 17 %) et de réduire à zéro les impôts payés par les moyennes entreprises. Kast assure qu'avec "la paix, la sécurité et l'ordre" les investissements du secteur privé dans le pays augmenteront. Et sur le système des retraites, il prône des ajustements au système actuel qui incluent, entre autres, un relèvement de l'âge de départ à la retraite des travailleurs et du montant des cotisations.
Les perspectives économiques du programme de Boric indiquent exactement le contraire: renforcer l'État, augmenter les dépenses fiscales et augmenter la pression fiscale de plus ou moins huit points du produit intérieur brut (PIB) à un horizon de six à huit ans. Il vise à établir un État-providence doté d'un système de protection sociale garantissant les droits fondamentaux universels. Sur le plan fiscal, il envisage de créer un impôt sur les grandes fortunes du pays, d' appliquer une redevance aux grandes sociétés minières, et de créer de nouveaux impôts, mesures qui, ensemble, augmenteraient la collecte des impôts pour financer son agenda social. Boric entend supprimer le système de retraite actuel administré par les AFP, le remplaçant par un système dans lequel les fonds sont gérés par un organisme public et autonome. Son programme prévient que ces changements seront progressifs et n'interféreront pas "avec la propriété des fonds épargnés à ce jour".
En santé, Kast propose des changements tels que, par exemple, que la santé publique puisse soumissionner des solutions médicales et contracter des services selon les propositions les plus compétitives et efficaces. Certaines de ses mesures visent à accroître le recours à la télémédecine et à créer une entité dédiée à l'évaluation technique des traitements qui seront pris en charge par l'assurance maladie.
Pour le représentant de la gauche, il est essentiel de réduire l'écart entre les prestations offertes par la santé publique et privée. Il propose de créer un Fonds universel de santé (FUS) chargé de gérer les fonds apportés par les travailleurs et les moyens mis à disposition par l'Etat, et en même temps de réduire les délais d'attente pour accéder aux spécialistes et aux cabinets. S'il vient au gouvernement, Boric promet la fin des isapres (assurance maladie privée [alternative à l'assurance publique, à élection mais plus chère]) comme on les appelait jusqu'à présent, les transformant en assurance complémentaire volontaire. En parallèle, il envisage une augmentation progressive des dépenses fiscales de santé.
En éducation, le représentant de la gauche entend étendre le bénéfice de la gratuité de l'enseignement supérieur et éliminer les banques comme source de financement du système. En revanche, Kast veut se passer de la réforme de l'éducation en cours, abroger la loi sur l'inclusion et supprimer les contenus enseignés dans les écoles qu'il considère comme de la «propagande en faveur de l'avortement et des idéologies de genre».
Conflit mapouche et militarisation: Le représentant de la droite dure a déclaré qu'il continuerait à soutenir le déploiement des Forces armées dans la zone du conflit mapouche dans le sud du pays et à soutenir le rôle des militaires en uniforme dans le contrôle de ce qu'il appelle le «narco-terrorisme». Tant dans le sud que dans le reste du territoire, Kast prône "l'usage de la violence légitime" [de la part de l'État].
A l'opposé, Gabriel Boric a fait valoir qu'il n'était pas d'accord avec la militarisation de l'Araucanie, mais qu'il était favorable à la lutte contre le crime. "Je sépare nettement ceux qui commettent des crimes des justes demandes du peuple de la nation mapouche." Les idées de Kast ont été durement critiquées par le candidat de gauche, qui s'oppose à la création d'un « État policier ».

Une nouvelle force à la Chambre

Une nouvelle force émerge à la Chambre basse: le "Parti des Gens"
(Extraits de La Tercera, 22/11/2021)

Le parti de Franco Parisi a surpris et obtenu un banc de six députés. Les parlementaires élus se déclarent économiquement libéraux, mais moralement conservateurs. De plus, ils seront déterminants pour les décisions de la prochaine législature.
Le 26 juillet, le Parti des Gens a fait irruption sur la scène politique chilienne en inscrivant près de plus de 40.000 militants dans le pays. Par ailleurs, il avait annoncé la candidature de 148 candidats à la Chambre des députés et 36 pour le Sénat, qui accompagnaient Franco Parisi [son président, qui réside aux Etats-Unis]. A cette époque, reconnaissent leurs candidats, ils pariaient de monter une campagne ambitieuse avec la conviction d'arriver au Congrès. Et ils ont réussi.
Le résultat leur permettra d'être un bloc avec lequel les coalitions plus traditionnelles devront négocier pour faire passer des lois et des réformes.
Víctor Pino, candidat élu, administrateur d'entreprise de profession, dit qu'il est du centre, ni de la gauche ni de la droite, mais il admet qu'il a des valeurs qui coïncident avec le monde conservateur et qu'il a même voté pour le président Sebastián Piñera lors des dernières élections. Roberto Arroyo, dentiste, se dit conservateur et avait aussi voté pour Piñera; Rubén Oyarzo se dit de centre, religieusement conservateur, mais économiquement libéral, et suivra la décision du parti; Gaspar Rivas a été parlementaire de Rénovation Nationale (parti de droite) mais a voulu se distancier de la division traditionnelle en gauche et droite.

14/11/2021

Novembre (a)

Santé (au 31/07)
- Contagiés actifs actuels: + de 15.000. Les hospitalisations ont aussi augmenté.
- Total des cas: 1.700.000
- Décédés: 37.800.
- Vu la nouvelle hausse de la contagion, l'effort pour le dépistage des contacts des contagiés sera remis en place. 25 communes ont dû revenir en arrière dans le plan de déconfinement.
- 90% de la population adulte a sa vaccination complète. La 3e dose sera exigée aux plus de 45 ans pour maintenir leur passeport sanitaire.
- 41 millions de vaccins ont déjà été importés.
- Un article de The Bureau of Investigative Journalism a révélé les conditions du contrat du Chili avec la firme pharmaceutique Pfizer pour 10 millions de doses de vaccin, conditions jamais vues dans des contrats relatifs à la santé publique, comme s'être soumis à la loi de New-York en cas de différend, avec un arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale, et renoncer à son "inmunité d'exécution", ce qui signifie que des biens publics pourraient être embargués par décision d'un tribunal de New York. La loi de New York est normalement utilisée pour des transactions financières. Les mêmes conditions ont été imposées à d'autres pays sudaméricains mais pas aux Etats-Unis ni aux pays européens.

Politique et administration
- Le candidat Boric (Front-Ample-PC) a enfin présenté (le 1/11) son programme de futur possible gouvernement (voir Extra). Du futur parlement dépendra s'il sera facile ou pas de le réaliser (ce qui vaut pour qui que se soit qui gagne).
- Boric appuye une candidate au parlement qui considère que le président Piñera est un dictateur et que le Chili serait beaucoup mieux s'il était comme Cuba ou le Vénézuéla!
- Hécatombe dans la campagne électorale et au parlement: le candidat (et député) Boric s'est contagié de covid-19 et tous ses contacts directs (les autres candidats, qui ont participé à un débat avec lui, et des députés) ont dû faire une quarantaine préventive de 7 à 10 jours, ce qui a difficulté des votes de la Chambre.
- Conséquence: emploi abusif du règlement: Un député de gauche s'est mis à parler pendant 15 heures pendant la session unique où devait être discutée l'accusation constitutionnelle ("question de confiance", sans fondements légaux selon les tribunaux) contre le président Piñera, pour s'assurer qu'un autre député, en quarantaine jusqu'au lendemain, puisse arriver pour voter, ce vote étant indispensable pour compléter le quorum requis. Les votes ont finalement été émis avec ce minimum et l'accusation a passé au sénat (où il n'y aura pas de votes suffisants). "Un coup dur pour la démocratie: une majorité parlementaire disposée à agir avec peu de scrupules, passant par dessus les exigences légales pour ce type d'accusation" disent des analystes. "Ces dernières années, la Chambre a été la scène des plus obscènes démonstrations de démagogie."
- Dernière enquête: Préférences présidentielles: Kast (droite) va en tête avec 22% (+6%), suivi par Boric avec 17% (-4%). Kast gagne surtout entre les hommes de 51 à 80 ans et dépasse Boric même dans les secteurs populaires (segments socio-économiques D et E), où Boric n'obtient que 13%. Celui-ci obtient le plus de préférences entre les électeurs de 18 à 30 ans. Expectatives de triomphe: 23,7% pour Boric et 22,6% pour Kast. 65% des chiliens auraient déjà décidé leur vote. 15% seulement approuvent la gestion de Piñera. La loi interdit la diffusion de nouvelles enquêtes durant la dernière quinzaine avant les élections (21 novembre).
- Entre janvier et septembre, 33.503 émigrants sont entrés illégalement dans le nord du pays par des cols de la cordillère des Andes.
- Le Parti Communiste et les mouvements de gauche reconnaissent l'élection d'Ortega au Nicaragua et critiquent le gouvernement pour ne pas en reconnaître la légitimité. [Tous les candidats d'opposition y étaient emprisonnés. C'est ce qu'ils se proposent aussi ici?] Mais après, plusieurs membres du PC ont donné une opinion contraire et le président du PC a dit que ce n'était pas une déclaration officielle. Le candidat Boric a aussi critiqué l'élection du Nicaragua.

Convention constituante (CC)
- L'analyse des thèmes de fond a enfin commencé. Le principal a été celui du système politique et divers professeurs universitaires et centres d'études on été entendus. Il y a accord en ce ce que l'hyper-présidentialisme actuel doit être changé. Les préférences semblent aller vers un système semi-présidentiel. (Les votations, dans les diverses commissions, commenceraient en février.)
- La présidente (mapouche) de la CC a demandé la fin de l'état d'exception en Araucanie mais demande pour elle-même la protection des carabiniers et refuse de faire une session dans la zone. Elle parle de "politiques racistes" et la CC parle d' "escalade du conflit culturel".
- Le constituant qui avait été dénoncé pour avoir gagné sa place sur la base de mensonges et avait annoncé qu'il y renoncerait n'a pas formalisé ce renon, n'assiste pas, mais continue à toucher son traitement!
- 60 jours sont prévus pour recevoir des suggestions des citoyens, mais la page web pour cela n'est pas encore en place.
- Les groupes de gauche (qui dominent) ont empêché que soit faite une déclaration qui condamne la violence. Explication d'un constituant: "Il faut penser la violence comme le symptôme d'un ordre social qui se meurt face aux forces des peuples qui réclament des transformations structurelles.".

Economie
- Les 24 derniers mois, l'expatriation de capitaux par les entreprises et foyers a atteint 50.000 millions de dollars, un montant historique. 18.000 millions de capitaux tenus à l'étranger ont été rapatriés par le gouvernement pour financer les aides sociales et 10.000 millions par les fonds de pensions pour les retraits de fonds par les particuliers.
- La travail informel a atteint 27,7% des travailleurs (2,3 millions de personnes).
- 38.551 nouvelles voitures ont été vendues en octobre; le mois d'octobre avec la plus haute vente.
- L'index des prix a monté de 6% les 12 derniers mois. C'est le plus haut depuis 13 ans.
- Enquête d'octobre: 51% des gens disent travailler, 19% d'être sans travail; 49% disent avoir une situation économique "régulière", 29% mauvaise et 20% bonne. 32% croient que l'économie du pays sera plus mauvaise et 29% qu'elle s'améliorera dans l'avenir; 49% assurent qu'elle est maintenant plus mauvaise que l'an passé et 18% la trouvent meilleure.
- Le Chili est le pays de l'OCDE où les revenus ont le plus augmenté (+22%) entre avril et juin.

Sécurité et justice
- La police civile a intercepté une charge d'une tonne de marijuana venue du Mexique. Une autre bande a été arrêtée avec 25kg de drogue, des armes et des véhicules. Un bateau péruvien avec 108 kg de drogue a été intercepté près d'Iquique (côte nord).
- La cour a acquitté 4 inculpés pour une attaque incendiaire à une maison communale lors des incidents d'octobre 2019. 2 étaient en prison préventive depuis lors.
- Les incidents du vendredi se répètent à Santiago.
- Araucanie: Les attaques et incendies ont continué, incluant une autre église protestante, un jardin d'enfants et un train de marchandises complet qu'on a fait dérailler (une perte de centaines de millions de CLP) (Photo aérienne).
- Un affrontement entre guerrilleros, police et militaires s'est soldé avec un mort (mapouche) et 3 blessés à balles normales alors que les carabiniers n'ont pas tiré et que les militaires n'ont tiré que des balles de caoutchouc. Les blessés accusent les militaires. Le procureur de la zone les a qualifiés de victimes et il y aura enquête pour une éventuelle "atteinte aux droits humains de la part d'agents de l'Etat" séparée de l'enquête pour "violence rurale". Policiers et militaires portaient des caméras et les vidéos ont été remis aux procureurs.
Le défunt, après l'autopsie, a été reçu et transporté par une caravane de mapouches armés qui n'a pas été interceptée ni les hommes armés détenus malgré que c'est une violation flagrante de la loi. 
- Le leader d'un des groupes rebelles (CAM) a annoncé que "brûlera ce qui doit être brûlé". Une autre "cellule" (WAM) a diffusé une vidéo montrant une trentaine d'hommes masqués tirant en l'air avec des armes automatiques (photo 1, photo 2) et déclarant "Nous exhortons cette nouvelle force policière et militaire à abandonner notre territoire, car elle sera vaincue par la force du peuple mapouche en armes. En tant que Weichan Auka Mapu, nous réaffirmons notre engagement révolutionnaire dans des actions de sabotage des intérêts capitalistes (...) ainsi que des actions armées conformes aux besoins de nos communautés". Le ministère public a ouvert une enquête d'office avec accusation de formation d'une milice privée et infraction à la loi sur les armes.
- Les autorités reprochent que certains politiciens (et constituants) prétendent que l'on dialogue avec eux: "Croient-ils vraiment que c'est possible?".
- Selon le gouvernement, tous les membres des 5 "organisations radicales" sont connus des services d'intelligence mais il n'y a pas encore de preuves suffisantes pour être présentées à la justice.
- Les indigènes de la Convention Constituante ont été remettre une lettre au palais présidentiel demandant la fin de la "militarisation" de l'Araucanie.
- La président Piñera a demandé au parlement le renouvellement de l'état d'exception dans la zone, ce qui été accepté par étroite majorité.
- Le gouvernement a tenté de faire une "consultation populaire" par internet dans la zone au sujet de l'état d'exception. De 400.000 électeurs autorisés, seulement 140.000 ont participé, avec 81% en faveur de son extension. Comme prévisible, ces réponses se concentrent dans les villes.
- Une centaine de mapouches se sont réunis en manifestation pour demander le retrait des militaires.
- Les réclamations pour occupations illégales de terres ont monté de 19 en 2018 à 103 cette année.
- Une délégation du gouvernement chilien s'est réunie avec le ministre de la Sécurité argentin pour coordonner les actions contre la violence dans la zone mapouche des 2 pays.
- La police civile a réalisé cette anné 60 opérations de contrôle de drogue dans la zone, arrestant 46 personnes.

Education et culture
- Le Collège des Professeurs (syndicat) a proposé la suppression progressive de l'enseignement privé subsidé par l'Etat (une idée communiste pour l'éventuel gouvernement de Boric et peut-être pour la CC). Il y a là 2 millions d'étudiants.

Le programme gouvernemental de Boric

Gabriel Boric a présenté son programme avec 53 propositions "pour un nouveau Chili"
(Radio Cooperativa, 1/11/2021)

La proposition indique quatre réformes structurelles : un accès universel garanti à la santé, des retraites décentes sans AFP (fonds de pensions individuels), un système éducatif public, gratuit et de qualité, et la formation du premier gouvernement environnemental de l'histoire du Chili.
«Cela a été un long chemin car nous avons pris une décision que nous savons difficile et nous savions qu'elle allait être remise en cause, ce qui est, contrairement à ce que d'autres candidats ont fait de ne confier la construction du programme qu'à un groupe d'experts, nous avons décidé de l'ouvrir à la citoyenneté», a déclaré le candidat.
Le porte-parole et coordinateur du "processus programmatique participatif" de la campagne de Boric, le maire de Santiago Irací Hassler (PC), a indiqué que cela "marque une voie claire de changements avec certitude, avec sécurité, pour sortir notre pays de l'instabilité dans laquelle nous tient ce mauvais gouvernement de Sebastián Piñera, et c'est pourquoi le Chili a besoin d'un gouvernement qui ne torpille pas ou ne prétend pas guider la discussion constitutionnelle. Au contraire, nous voulons être un gouvernement pour prendre en charge ce processus et le faire plus grand et plus participatif."
LES PROPOSITIONS
En outre, "53 changements concrets pour un nouveau Chili" sont détaillés, dans lesquels ils abordent les objectifs et les mesures qu'ils cherchent à mettre en œuvre en cas d'atteinte du gouvernement. Parmi eux, et en premier lieu, la fin du système AFP [fonds de pensions individuels], garantissant une pension minimale de 250.000 CLP [270€] ; suivi de la création d'une "Commission de dialogue social" qui cherche à faire face aux effets de la pandémie et de la crise économique et, en troisième lieu, la reprise de 500.000 emplois féminins.
Entre autres propositions, il s'agit d'augmenter le salaire minimum pour dépasser 500.000 CLP [540€] à la fin du gouvernement, de réduire la journée de travail à 40 heures par semaine [44 actuellement], de combler la dette scolaire [antique dette envers des professeurs du système public], et une réforme fiscale pour que "ceux qui ont plus apportent plus", avec un impôt aux "super riches", une redevance minière et la lutte contre l'évasion fiscale.
Il vise également à générer un système de santé unique et à faire des Isapres [système privé optatif actuel] une « assurance complémentaire volontaire réglementée » par la Surintendance et à réduire les listes d'attente. De plus, il cherchera à créer une loi sur la santé mentale avec des centres régionaux à ces fins, ainsi qu'un modèle complet d'éducation sexuelle et la loi proposée pour garantir l'interruption volontaire de la grossesse en tant que prestation de santé, ainsi que la promotion de la loi sur l'euthanasie.
Entre autres, le renforcement du ministère de la Femme et de l'Égalité des Genres, et un fonds d'État pour le paiement des pensions alimentaires, et un « Plan national pour les droits LGBTIAQ + sociaux » avec une modification de la loi sur l'identité de genre et, d'autre part, il disposera d'un plan de réduction du prix des logements et de création de 260.000 logements décents.
Il signera également l'Accord d'Escazú [écologie] et cherchera un "processus de transformation de l'institutionnalité environnementale", en mettant l'accent sur la pénurie d'eau et la crise climatique, suivi de la garantie du droit humain à l'eau, de l'annulation de la loi sur la pêche et de l'installation de systèmes pour la génération d'énergie renouvelable.
De même, il y aura réparation pour les personnes violées dans leurs droits humains depuis le 18 octobre 2019, refondation de la police, formation d'une Commission permanente de qualification des droits de l'homme, ainsi qu'orientation vers une politique d'immigration "sûre, ordonnée, régulière" et fin de "la logique du Service des Mineurs", en passant à un système de financement stable.
Enfin, il y aura la recherche du dialogue avec tous les peuples autochtones, la décentralisation, la suppression de la figure du délégué présidentiel [dans chaque Région], le doublement du budget du ministère des Cultures, en plus de la promotion des transports publics gratuits et non polluants.

Les olympiades du 4e retrait des fonds de pensions

Paula Escobar, journaliste
(Extraits. La Tercera, 30/10/2021)

La commission sénatoriale de Constitution a approuvé le 28 octobre par trois voix contre deux le quatrième retrait de 10% des fonds de pension. Et la recherche fiévreuse des 26 voix a été déchaînée pour approuver ce projet de loi dont presque personne ne voulait tout récemment. Non seulement les candidats à la présidentielle Provoste et Boric se sont manifesté - il n'y a pas si longtemps - fortement contre, mais de nombreux parlementaires ont juré que le troisième retrait était « le dernier », puis le « verrou ». Un verrou très faible, car les tours de bélier ont été d'une dimension olympique.
Les économistes (d'un large spectre, et surtout du centre-gauche) ont expliqué avec des pommes et des poires les effets néfastes qu'aurait cette mesure : la hausse de l'inflation, la dévaluation du peso contre le dollar, la hausse des taux des crédits (notamment les crédits immobiliers), la baisse des fonds de pensions les plus conservateurs, où se situent ceux qui sont prêts à prendre leur retraite et qui ont perdu 20 % cette année.
Le président de la Banque Centrale, l'a illustré avec une clarté cristalline, montrant l'augmentation des dividendes des prets hypothécaires. Il a également souligné aux sénateurs qu'«un retrait supplémentaire de fonds intervient dans un contexte macroéconomique différent, donc l'ajustement des marchés serait plus large et rapprocherait le système financier d'un déséquilibre d'une ampleur sans précédent».
L'un des impacts les plus grandiloquents de cette mauvaise politique publique sera dans la réforme urgente et nécessaire des retraites que le prochain gouvernement doit mener, avec cinq millions de comptes à zéro. Une lettre de 120 universitaires prestigieux est catégorique à cet égard : « Si un quatrième retrait est approuvé, la viabilité de la mise en place d'un système de solidarité qui assure des retraites décentes pour tous peut être profondément affectée ».
Les arguments et les chiffres sont très forts, mais certains parlementaires ne veulent tout simplement pas les voir. Ils ne semblent retenir que deux chiffres : que 71% des personnes feraient le quatrième retrait, même si le reste est zéro et que 58% ne voteraient pas pour quelqu'un qui a rejeté la mesure, selon un sondage de Data Influye.
Il est vrai que de nombreuses personnes ont des besoins financiers urgents, mais avec une subvention de l'Etat élargie et aucune quarantaine, la solution n'est pas de continuer à briser encore plus les retraites, faisant également surchauffer l'économie. L'inflation frappe surtout les plus vulnérables, c'est évident. Et les sénateurs le savent. Ou ils devraient le savoir. C'est que dans l'olympiade électorale rien ne semble avoir d'importance, ni les causes et ni moins les conséquences. Mais elles tomberont, implacables, sur les chiliens et les chiliennes. Et surtout sur qui portera l'écharpe présidentielle en mars 2022.

30/10/2021

Octobre (b)

Santé (au 31/07)
- Contagiés actifs actuels: +- 11.000. Courbe de contagion en hausse (+84% en 2 semaines). La plus haute du pays est en région métropolitaine. Cela pourrait être le début d'une 3e vague. En conséquence, toute la région métropolitaqine et 14 autres communes ont dû faire marche arrière d'une étape dans le plan de déconfinement, ce qui signifie surtout une forte diminution du nombre de personnes qui peuvent se rassembler. La "distance sociale" est la mesure qui a le moins d'adhésion en région métropolitaine (et favorise la contagion).
- Total des cas: 1.665.000
- Décédés: 37.578.
- 1,2 million de personnes ne se sont pas vaccinées. 40% des plus de 55 ans n'ont pas été recevoir la 3e dose. A eux, on applique l'AstraZeneca.
- La 3e dose sera nécessaire pour maintenir le passeport sanitaire ("laissez.passer de mobilité"). L'annonce de cette exigence a fait augmenter de 138% la demande pour cette dose. Dans certaines grandes communes il n'y avait plus qu'un centre de vaccination et les queues y sont énormes, même depuis 5 h. du matin. 20 postes mobiles ont été ajoutés à Santiago et on vaccinera les week-ends.
- On craint encore une plus forte hausse de la contagion à cause des festivités (Halloween et habituelles visites aux cimetières pour la Toussaint). "Ton ami non vacciné a 20 fois plus de probabilité de te contagier" est le message.
- Le ministère projette de revacciner chaque année.

Politique et administration
- La candidat présidentiel Boric (FrontAmple-PC) a mis dans son programme la révision de tous les traités internactionaux. 8 ex-ministres des Affaires Étrangères ont élevé la voix. C'est irresponsable dit aussi Sichel, le candidat de centre-droite. De plus, Boric fait de grosses erreurs quand il cite des chiffres du secteur de l'économie.
- Le président de la Confédération de la Production et du Commerce a souligné ce manque de connaissances économiques du candidat Boric. "La discussion des programmes économiques est très importante pour le secteur des entreprises et il faut pour cela avoir un concept profond des thèmes et de comment fonctionne le système."
- Les candidats Boric et Provoste reçoivent leur traitement, le premier comme député et l'autre comme sénatrice, et font à la fois campagne pour leur élection. Cela est juste?
- Les candidats Kast et Sichel ont signalé qu'il "n'y a rien à célébrer" ce 18/10. (Voir la section "Sécurité").
- Nouvelle enquête de préférences présidentielles: 23% Kast (extrême droite); 20% Boric (Front Ample-PC); 12% Provoste (DC-PS, etc); 7% Sichel (centre-droite). Au ballotage gagnerait Boric. Une enquête d'intention de vote donne 31% pour Kast, 27% pour Boric, 16% pour Provoste et 10% pour Sichel. Sichel a perdu l'appui d'un des deux plus grands partis de droite, qui s'est passé à Kast.
- Le journal conservateur El Mercurio a publié un ample reportage sur Hermann Göring, "pour les 75 ans de sa mort", sans détails de ses crimes, qui a ainsi été perçu comme une apologie du nazisme. Une terrible erreur, critiquée par tous les secteurs d'opinion.
- Le Chili est monté à la 8e position entre les meilleurs pays pour vivre, grâce à son traitement de la pandémie, selon Bloomberg, juste après la France et au dessus de la Suisse, les Pays-Bas et le Canada.
- La revue anglaise The Economist a publié un article ironique sur la campagne électorale et le travail de la Convention, se référant à la violence, le populisme, la débacle économique et la méfiance des citoyens envers les politiciens. Ses projections sont sombres pour l'avenir.

Convention constituante (CC)
- Les travaux de rédaction du contenu ont commencé le 18/10, après un discours de la présidente de la CC qui a fait allusion à une "date de naissance d'un nouveau Chili". Date choisie pour coïncider et lier la CC avec l'explosion de la violence. ¿Est-il posible, dans cette perspective, de régénerer la cohésion sociale? ¿Une constitution basée sur un esprit de revanche, où semblent s'imposer ceux qui veulent "avancer sans transiger"? "Nous sommes la fin d'une histoire de dépossession des biens communs, mais aussi de la capacité d'imagination politique. Ce sont les forces de l'histoire qui nous ont permis de débarquer ici dans un organe qui exerce le pouvoir constituant, qui a été si souvent nié aux peuples du Chili. Les droits sont des conquêtes historiques des peuples. Il faut récupérer la dimension collective des droits et proposer une nouvelle donne" a déclaré le vice-président de la CC dans son discours d'ouverture.
- Tous les membres ont pu faire un tel "discours d'ouverture", de 7 minutes (ce qui a pris plusieurs jours). Une firme d'analyse a conclu que "Les discours semblent être plus orientés pour rechercher la confiance de la citoyenneté plutôt que de mettre des questions difficiles ou en attente d'être résolues avec une nouvelle Constitution. [...] Il est frappant de constater qu'il existe peu de concepts concrets transversaux. La « plurinationalité » et le « territoire » sont des questions importantes pour les peuples autochtones, mais n'ont pas été mentionnés par d'autres blocs, par exemple. Pendant ce temps, Vamos por Chile [la droite] est le seul bloc qui aborde le mot «violence»".
- Les commissions de redaction sont: Système de Justice, Systèmes de Connaissances, Droits Fundamentaux, Système Polítique, Forme de l'Etat, Milieu ambient et Principes constitutionnels. 5 de ces commissions seront dirigées par le Front Ample et une par le PC; aucune par la droite.
- Parce que l'Université de Concepcion a intenté procès contre des délinquants qui l'ont vandalisée pendant l'«explosion sociale» de 2019, la présidente de la CC ne veut pas y réaliser de session (plusieurs sessions sont prévues en province).
- La Cour Suprême a admis une réclamation des constituants de droite qui accusent la direction de la CC de ne pas respecter le droit de libre expression et l'exigence établie lors de sa création de 2/3 des voix pour toutes les décisions. La Cour a déjà précisé, contre l'opinion de la présidente de la CC, que la convention n'a pas une liberté absolue pour décider ses propres règles et doit respecter celles établies par la constitution existente.

Economie
- Hausse constante de la valeur locale du dollar, causée par l'incertitude politique (prochaines élections) et la fuite des capitaux. Pour la même raison, baisse de 2,87% de l'IPSA (indice des actions des grandes entreprises). Les fonds de pensions font aussi des pertes depuis le début de l'année (un pourcentage différend selon le type de fond).
- Le prix du cuivre est arrivé à sa valeur la plus haute depuis 12 ans.
- Le manque de connaissances financières de nombreux chiliens (parlementaires inclus) explique la débâcle produit des retraits de fonds de pensions. Une des conséquence de ces retraits: hausse des intérêts des prets hypothécaires et maximum de 20 ans au lieu de 30 ans pour leur remboursement (par manque de capitaux disponibles). La construction en est fortement affectée et beaucoup de demandeurs restent sans option, vu que le niveau de rente nécessaire monte aussi beaucoup.
- 70% des entreprises maintiennent "en suspens" leurs projets d'investissements, vu leur insécurité face aux prochaines élections.
- La Chambre a approuvé un projet de loi qui interdira aux employeurs d'ordonner des tâches par internet après l'horaire normal de travail. (Il y a eu des abus avec le télétravail.)
- Selon enquête de l'Université du Chili, il y a 200.000 habitants de Santiago qui ne cherchent pas de travail à cause des allocations extraordinaires de l'Etat, pensant qu'ils les perdraient, ce qui est faux. [Ou bien ils les trouvent suffisantes pour vivre?]
- L'emploi est à son meilleur niveau depuis mars 2020. 86.000 emplois ont été récupérés le dernier mois.
- L'index des prix continue à monter: ce serait +1% en octobre.
- En un an, il y a eu une hausse des ventes au détail de 20%.

Sécurité et justice
- A 2 ans de l'«explosion sociale» de 2019, on contabilise 450 personnes blessées aux yeux, et aussi des dizaines de quartiers où il n'y a plus de supermerchés ni de succursales bancaires (détruits en 2019). Il y a 3.072 procès et seulement 4 condamnations.
- Anniversaire de l'«explosion sociale»: barricades et manifestations en de multoples points de Santiago (10.000 personnes à la place d'Italie) et autres villes, suivies d'incidents (synthèse en 4 photos et autre photo), des délinquants détruisant des arrêts de bus, des sémaphores et des locaux commerciaux, et lançant aux carabiniers des feux d'artifice [que seuls possèdent des narcotrafiquants]. Dans la soirée et la nuit, mise à sac de 48 magasins, dont une dizaine de supermarchés à Santiago, (vidéo) et de quelques pharmacies. La police en aurait freiné des dizaines d'autres. Autre photo: une boucherie complètement dévalisée. Un bureau du registre civil, un bus et un supermarché incendiés. Il y a eu 2 morts et 478 arrestations.
Le sous-secrétaire de l'Intérieur a directement rendu responsables de la violence, en dernière instance, les candidats présidentiels Provoste et Boric et les parlementaires qui promeuvent une loi d'amnistie pour les violentistes de 2019, bien que Boric et Provoste ont maintenant condamné les actes actuels de violence (mais pas ceux de 2019). Mais Provoste a insisté sur la nécessité de l'amnistie "pour obtenir la paix" [On vient de la voir!] et Boric prétend que "les barricades sont des expressions légitimes de résistence dans le contexte de la lutte sociale", d'accord avec le PC, son allié, qui réaffirme que "toutes les formes de lutte sont valides". Pour le vice-président de la convention constituante, cependant, "personne ici n'utilise la violence comme forme d'action politique". Le candidat Sichel, lui, considère que "tout projet d'aministie pour les violentistes [qui est au parlement] est comme jeter de l'essence sur le feu de la violence". [Voir EXTRA]
- Tous les vendredi un groupe de délinquants continue à faire du désordre et destructions à la place d'Italie et environnements, lapidant des carabiniers et obligeant à fermer 2 stations du métro.
- Le 25, en plein jour, une pharmacie du centre de Santiago a été mise à sac alors qu'il y avait des clients à l'intérieur.
- Un accusé d'avoir lancé un cocktail molotov dans une station de métro le 18/10/19 vient enfin d'être condamné, les preuves étant suffisantes.
- Les assassinats continuent à augmenter, soit pour voler, soit en "règlements de compte", soit en bagarres entre bandes. Et des innocents meurent par balles perdues. La police a identifié 50 points critiques de violence, qui seront plus particulièrement surveillés. Elle disposera de 20 nouvelles voitures de patroulle et 400 policiers.
- Nouvelle bande arrêtée avec 20kg de drogue. Une autre, de 9 personnes dont 6 colombiens, avec 3 millions de doses.
- 715 émigrants illégaux ont été expulsés cette année, mais 400 n'ont pu l'être, par décision de la Cour Suprême, suite à des appelations.

- Araucanie: Les attaques et incendies ont continué, une autre église et 10 maisons d'un village inclues. Et même une attaque incendiaire à l'Université de Concepcion. Mais les attaques incendiaires auraient baissé de 40% et la violence totale de 61% grâce à l'état d'exception (présence des militaires associés à la police).
- Deux membres de communautés ont été arrêtés et imputés d'usurpation, vol et dommages à des propriétés.
- Le candidat présidentiel Boric (Front Ample-PC) s'est déclaré contraire à la "militarisation de la zone".
- A la demande des affectés, la Cour Suprême a ordonné au ministre le l'Intérieur et au délégué présidentiel de la région de se coordonner pour protéger les victimes de la violence. Selon la Suprême, ces autorités ont vulnéré leur droit à la sécurité. Les ministres le l'Intérieur et de Défense se sont rendus dans la zone.
- Profiteurs: 4 membres de communautés mapouches qui furent imputés illégalement (de délits inventés) ont réclamé une indemnisation de l'Etat de 1.713 millions de CLP (1,8 million d'€). Le Conseil de Défense de l'État s'oppose évidemment à ce montant.

Transports et Communications
- Le service d'internet par satellite Starlink, de Elon Musk, vient d'être autorisé.

Education et culture
- La Chambre des députés a approuvé l'octroi de la titularisation aux enseignants qui ont systématiquement démontré qu'ils n'avaient pas les compétences nécessaires pour enseigner [!], s'opposant à une indication du gouvernement pour les suspendre.
 
Science et environnement
- Vague de chaleur (31°C) en région métropolitaine. C'est la 5e cette année, causée par le changement du climat mondial.
- Le gouvernement a présenté le premier plan national de développement et de normes pour l'intelligence artificielle. Si elle est aussi "bonne" que celle qui créa une régulation pour les plateformes sociales, ce sera un désastre, avertissent les experts. "Les politiciens ne comprennent rien."

A propos du 18 octobre: les faits et leur sens

L'explosion n'était pas sociale
Sergio Muñoz, Analyste politique (Extraits. El Libero, 18/10/2021)

Après deux ans d'irruption de violence, de destruction et de pillage dans notre coexistence, on peut affirmer, sans aucun doute, que le 18 octobre 2019, il n'y a pas eu d'explosion proprement sociale au Chili, c'est-à-dire une protestation contre un état de choses insuportable. A cette époque, il y avait des préoccupations et des revendications légitimes, comme celle relative à l'amélioration des retraites, mais le pays n'était pas en crise. Les institutions fonctionnaient normalement et, malgré les différences, le gouvernement de centre-droite et l'opposition de centre-gauche, qui contrôlaient le Congrès, maintenaient des relations de coopération. Le rythme de croissance de la première année de Piñera avait doublé la moyenne du deuxième gouvernement de Bachelet, et le pays était considéré par des milliers d'immigrants vénézuéliens, haïtiens, colombiens et autres comme l'endroit approprié pour commencer une nouvelle vie. Bref, le Chili était loin de se retrouver dans une situation qui pourrait expliquer pourquoi, du jour au lendemain, et avec pour seul précédent la hausse des tarifs du métro, une vague d'irrationalité s'est déclenchée comme celle de la nuit du 18 octobre.
Depuis le rétablissement de la démocratie, nous avions assisté à des manifestations de protestation pour des raisons diverses, mais rien de comparable à l'irruption de foules vouées au vol, à l'incendie et à la destruction dans de nombreux endroits à la fois, qui mettaient les forces des carabiniers devant le test le plus difficile de son histoire. Ce n'était pas de la protestation, mais du vandalisme pur et simple. Ce n'était pas une revendication, mais une barbarie méthodique. Mais, les présentateurs de télévision et les leaders de l'opposition ont rapidement qualifié ce qui se passait d'« explosion sociale », qui a donné un air de noblesse à tout ce qui s'est passé.
Le but explicite du 18 octobre était politique : frapper le gouvernement de centre-droite, et en particulier Sebastián Piñera, pour le faire échouer et, simultanément, remettre en cause les réalisations du Chili depuis 1990 avec des gouvernements de centre-gauche et de centre-droite. Pour le mener à bien, la planification, la coordination et l'utilisation de ressources considérables ont été nécessaires. Le 19 octobre, Guillermo Teillier, chef du Parti communiste, a demandé la démission du président Piñera. C'était comme s'il remplissait sa part du plan. Dans les jours qui ont suivi, il est devenu clair que son parti était enthousiasmé par la possibilité de rééditer toutes les formes de lutte.
La violence fut validée par de nombreuses personnes des secteurs moyens qui ont accepté le reportage télévisé sur la supposée épopée vécue dans les rues. L'idée s'est répandue que cela pouvait contribuer à l'émergence d'une société plus juste. Une fois de plus, la fin justifiait les moyens. Au nom de la justice, d'énormes injustices ont été commises, des milliers de PME ont été détruites, l'économie a fait marche arrière, un climat de vulnérabilité a été généré dans la société et les pires distorsions de ce qu'on entend par lutte sociale ont été favorisées.
À un moment donné, la contribution du régime de Nicolás Maduro à nos malheurs devra être connue en détail. Le 19 juillet 2021, le président Piñera a fait une déclaration devant le procureur de Valparaíso, Claudia Perivancich, qui lui a demandé, entre autres, s'il était vrai que la Direction du Renseignement de l'armée avait remis, quelques jours après le 18 octobre, un rapport au ministre de la Défense de l'époque, Alberto Espina, dans lequel il était affirmé que le Service National de Renseignement Bolivarien (SEBIN, du Vénézuéla) avait réussi à introduire au Chili « un bataillon de 600 agents clandestins, experts en guérilla urbaine », pour mener à bien opérations insurrectionnelles dans le pays. Piñera a reconnu l'existence du rapport, dans lequel il a déclaré que l'entrée de cubains et de vénézuéliens était mentionnée.
Qui furent les exécuteurs de l'assaut du métro et des attaques contre les casernes de police et les unités militaires ? Les membres d'une coalition politico-criminelle, composée de groupes anarchistes, de diverses factions d'ultra-gauche, de soldats des trafiquants de drogue et d'éléments du lumpen. Ils ont été rejoints par des milliers de garçons perdus qui, avec les incitations correspondantes, se sont livrés au vandalisme à plein temps.
Que représenta alors la manifestation massive du 25 octobre à la Place d'Italie, qui a été saluée comme l'expression de la véritable explosion, et que la presse internationale a interprétée comme l'annonce d'une révolution ? Ceux qui l'ont convoquée via les réseaux sociaux ont fait preuve d'une grande habileté à appeler à protester contre les abus et en faveur de l'égalité. Tout le monde pouvait s'identifier à cet appel. Ainsi, de nombreuses minorités actives ont convergé sur la place, dans un mélange de happening et d'attitude perturbatrice, où il y avait place pour toutes les raisons de mécontentement. Il n'y avait pas de devise centrale, pas d'orateurs et pas de condamnation de la violence. Mais, tout le monde a compris que la manifestation s'inscrivait dans la même flambée, et qu'en fait elle légitimait les excès des jours précédents.
C'est alors que les partis d'opposition ont décidé de sauter dans le train de la protestation pour frapper le gouvernement. Sous prétexte de rejoindre « l'indignation du peuple », ils ont mis de l'huile sur le feu pour créer une situation d'ingouvernabilité qui leur permettrait de revenir au gouvernement d'ici 4 ans. La détermination des agitateurs de la Place d'Italie à couvrir le vandalisme avec des vêtements justes a été exprimée dans la phrase "jusqu'à ce que la dignité soit coutumière". Le mot important était "jusqu'à", car il impliquait que tout ce qui se passait à Santiago et dans d'autres villes ne s'arrêterait pas "jusqu'à" ce que la société se soumette à son idée de la dignité. C'est la violence devenue coutume !
Il est révélateur que les secteurs qui ont milité pour le pardon des pillards de 2019 parlent aujourd'hui des « prisonniers de la révolte », et non de l'explosion sociale. La présidente de la Convention elle-même évoque les « prisonniers de la révolte », presque comme signe de distinction. En aveu de partie, soulagement de la preuve. Il n'y a pas eu d'explosion spontanée d'agitation il y a deux ans, qui a amené certaines personnes bien pensantes à répéter que "le Chili s'est réveillé". L'ivresse de la propagande a fait son œuvre à l'époque, mais la vérité est enfin reconnue : révolte, c'est-à-dire émeute, acte de sédition. Et l'objectif était de provoquer la chute du gouvernement Piñera.
Le 18 octobre laissa un héritage empoisonné. Il a affaibli la légalité, encouragé les crimes à visage « social », favorisé l'anomie, mis la peur dans le corps de la société et accentué la dégradation du politique. La culture démocratique régresse douloureusement. On a vu émerger un courant au Congrès qui a endossé de nombreuses actions antisociales et n'a pas hésité à promouvoir les formes les plus ouvertes de déloyauté envers le régime démocratique. Et en plus, l'ivresse refondatrice de la Convention. Quand on entend qu'il exprime « l'esprit d'octobre », il est difficile de ne pas l'associer à des calamités.
Le plan séditieux de 2019 a échoué, et cela a prouvé que la démocratie a une base solide. Mais, aujourd'hui, nous sommes confrontés à une nouvelle vague de déstabilisation, dont l'expression la plus grave est la nouvelle accusation constitutionnelle présentée à l'hémicycle contre le président Piñera, qui manque de base légale, mais cherche à créer un climat de tension alors qu'il ne reste que quelques jours avant les élections du 21 novembre. Ses promoteurs sont des parlementaires débauchés, animés par un pur intérêt électoral : ils jouent ces mêmes jours leurs positions bien payées. Ils sont, sans aucun doute, l'incarnation de la politicaille.

La signification du 18 octobre
Carlos Peña, avocat, recteur Université Diego Portales
(Extraits de El Mercurio, 15/10/2021)

Les faits eux-mêmes n'ont pas de sens. On leur attribue un sens qui, par eux-mêmes, leur manque.
Ce que l'on se demande, c'est quel sens on peut donner au 18 octobre [2019], à la lumière de la compréhension dont nous sommes capables aujourd'hui. Tout d'abord, le 18 octobre, c'est la fin d'un régime politique. Si l'on entend par un tel ensemble de règles et d'institutions qui organisent et distribuent le pouvoir, il ne fait aucun doute que ce jour a été le début de la fin du régime qui s'est configuré à partir des années quatre-vingt dans la dictature. Le présidentialisme renforcé a pris fin ce jour-là. A partir du 18, seule sa gestualité a survécu - et parfois même pas cela - mais l'autorité qu'il possédait a disparu comme par enchantement. L'autorité, comme le savent les psychanalystes, repose toujours sur un fantasme, sur le savoir supposé de celui qui l'exerce, sur le pouvoir qu'il cache. Eh bien, le 18 octobre, le fantasme présidentiel s'est dissipé. Et sans cette enveloppe fantaisiste, il n'y avait plus d'autorité et seule la trace du pouvoir subsistait (les romains distinguaient, comme on le sait, entre auctoritas, pouvoir socialement reconnu, et potestas, pouvoir purement formel).
Parallèlement à ce qui précède, le 18 octobre a été le moment où la compréhension que la société chilienne avait d'elle-même a commencé à s'effondrer et a commencé à en exiger une autre. Jusqu'au 18 octobre, il était encore logique de parler de la nation chilienne comme d'une communauté avec un passé et une mémoire communs. Le 18 octobre, un symbolisme est apparu qui indiquait qu'une diversité de mémoires et d'identités sous-tendait la société chilienne. Les politiques identitaires - peuples, minorités - ont fait irruption, ce qui nous oblige à modifier la compréhension que la société chilienne a d'elle-même. Mais avec la dissolution de l'auctoritas et le changement de compréhension que la société chilienne avait d'elle-même, le 18 octobre a également commencé un processus - celui qui est mené aujourd'hui par la Convention constitutionnelle - qui montre que le Chili, malgré la crise qu'il a subie, est prêt à réaffirmer sa volonté d'établir une communauté politique de destin, avec une unité de destin.
Le 18 octobre a été un événement quelque peu violent et destructeur. C'est vrai. Mais le seul moyen d'aplanir son profil menaçant est de le dépouiller de ses aspects dissolvants et ruineux en lui attribuant le sens d'un nouveau départ. Sinon, la fumée de ce jour-là et l'horizon éclairé continueront de nous accompagner.

28/10/2021

Selk'nam : la réapparition d'un peuple que l'on croyait éteint

 Deutsche Welle, 28-10-2021 (Traduit de l'espagnol)

Dans l'extrême sud de l'Amérique, les peuples Selk'nam ou Ona prouvent qu'ils ne sont pas éteints, comme le prétendaient les savants et les livres. Récupérant leurs histoires et traditions familiales, ils cherchent à être reconnus.

Les Selk'nam, habitants originels de la Terre de Feu, à l'extrême sud de l'Amérique, étaient considérés comme éteints.

Marcela Comte comprend maintenant pourquoi sa mère gardait toujours les rideaux fermés et avait peur d'ouvrir la porte s'ils frappaient. La peur l'accompagnait, vivant même dans le nord du Chili, à plus de quatre mille kilomètres de la Terre de Feu, l'île lointaine d'où venait son grand-père.

Pour Hema'ny Molina, la bonne note qu'elle a obtenue dans un journal scolaire sur les peuples indigènes du sud, qui disait que les Selk'nam ou Ona étaient éteints, n'était pas correcte. "J'ai regardé mon grand-père et ma mère et je savais qu'ils étaient ona. J'ai dit à mon professeur que mon travail était faux, qu'ils n'étaient pas éteints, mais je n'avais pas la force de lui dire que j'étais ona", se souvient-elle.

Ainsi ont-ils grandi, loin du territoire de leurs ancêtres et au milieu des contradictions, dans une société qui les considérait officiellement comme disparus et dans laquelle il convenait de se taire. "Toutes les familles ont vécu cela. Nous avons passé de très mauvais moments à l'école, on nous a taquinés. Jusqu'à ce que l'un devienne autonome et peu importe ce qu'il dit. Mais il y a encore ceux qui n'ont pas franchi cette barrière de la peur", dit Hema'ny Molina, aujourd'hui président de la Selk'nam Chile Corporation.

"Ils n'osent pas le dire publiquement parce que, comme les livres disent que nous n'existons pas, ils ne se sentent pas en sécurité. 'Où est ta ville ?' Tous deux appartiennent à la communauté Covadonga Ona, qui regroupe des familles qui s'identifient comme selk'nam au Chili (les documents officiels les mentionnent indistinctement comme selk'nam ou selknam).

La plupart des rescapés du génocide contre ce peuple se sont retrouvés dispersés à travers le Chili et l'Argentine -pays auxquels appartient la Terre de Feu-, mais beaucoup ont également été embarqués sur des navires marchands à destination incertaine. « À un moment donné, nous avons cru que nous étions la seule famille avec la conscience de venir de là-bas. Toutes les familles y ont pensé, c'est un très grand sentiment de solitude », raconte Molina.

Survivants de l'extermination

Lorsque le missionnaire et ethnologue allemand Martin Gusinde arriva en Terre de Feu en 1918, il estima qu'il restait moins de 300 Selk'nam sur l'île (photo d'époque). 50 ans plus tard, l'anthropologue Anne Chapman a décrété qu'avec la mort du dernier locuteur supposé, ils étaient éteints. « Nous avons été victimes d' un génocide physique et scolaire , raconte Molina.

Aujourd'hui, les descendants de ceux qui ont survécu au « génocide physique et académique » sont les vedettes d'un processus d'auto-identification et de réémergence.

Le premier affrontement s'est produit avec le passage des navigateurs et des chercheurs d'or, et l'enlèvement d'indigènes qui ont été présentés dans les expositions humaines et les zoos en Europe. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les pionniers de l'élevage ovin arrivent. Molina indique que, endossé par les États du Chili et de l'Argentine, « il y a eu de vraies chasses à l'homme. Ils ont même payé une livre sterling par homme mort. aux musées."

Des hommes et des femmes âgées ont été assassinés et des jeunes femmes et des enfants ont été kidnappés. Les enfants issus du métissage forcé parlaient la langue et ont été élevés comme Selk'nam, mais on leur a refusé le droit de l'être. Beaucoup se sont retrouvés dans les missions salésiennes en dehors de l'île, où ils ont essayé de sauver les indigènes des massacres et de les évangéliser, mais ils ont propagé des maladies qui les ont décimés. Les enfants survivants ont été mis en adoption. Beaucoup ont perdu leur nom et ont grandi sans connaître leurs origines.

"Dans le cas des exilés, leurs enfants nés à l'étranger sont toujours chiliens... Et, dans notre cas, aucun Selk'nam n'a quitté la Terre de Feu de son plein gré", explique Hema'ny Molina.

"Il y a une rupture historique dans laquelle personne ne savait rien de nous. C'était tellement violent que la première réaction des enfants a été de se taire et d'oublier qu'ils étaient Selk'nam, car la vie en dépendait. Le traumatisme familial est très grand, c'est pourquoi c'est encore difficile de parler », explique Marcela Comte.

Des histoires de famille à la reconnaissance

Du côté argentin de la Terre de Feu, la communauté indigène Rafaela Ishton a obtenu des acquis en matière de droits et de garanties, ce qui soutient également la lutte de ce peuple au Chili. Lors du dernier recensement du pays, 1 144 personnes se sont reconnues comme selk'nam et la communauté Covadonga Ona compte plus de 200 membres.

Avec la Corporation Selk'nam Chile, ils cherchent à être reconnus par l'État en tant que groupe ethnique d'origine. La Chambre des députés a approuvé l'idée de légiférer et le Gouvernement vient d'autoriser les fonds pour l'étude anthropologique, historiographique et archéologique requise. Une fois livré, le Sénat doit trancher. Cela leur permettra d'accéder à une série d'avantages envisagés par la loi dite autochtone. Un autre bon précédent est que, depuis quelques années, ils participent à des instances destinées aux peuples autochtones et ont des échanges avec d'autres.

En outre, ils travaillent depuis cinq ans avec l'Université catholique Silva Henríquez - et maintenant l'Université de Magallanes se joint - à la recherche d'informations sur la survie de Selk'nam au Chili. "Certains n'ont que des soupçons et rien pour le prouver, mais ils se regardent dans le miroir et il y a une tendance inexplicable. Quand ils commencent à rassembler l'histoire et les coutumes, ils trouvent un ancêtre qui a été adopté, ils ont changé de nom, et ont croisé traits qu'ils sont restés dans la famille », explique Hema'ny Molina.

L'anthropologue Constanza Tocornal, de l'Université catholique Silva Henríquez, travaille avec eux à la reconstruction de mémoires orales et d'histoires familiales, et à la révision de sources archivistiques et documentaires.

« La reconnaissance culturelle et politique du peuple Selk'nam doit considérer que le génocide entrave la continuité culturelle. Dans ces mémoires familiales, il y a des processus intimes d'invisibilité, de peur et de violence subis envers leur possibilité de s'identifier en tant que peuple, auquel la Je lui ai dit qu'il avait disparu. Cela fait aussi partie des éléments identitaires », explique-t-elle.

Communauté Selk'nam du Chili

Les membres de la communauté Covadonga Ona et la Corporation Selk'nam Chile (photo)demandent que l'État chilien les reconnaisse comme une ethnie d'origine, comme cela s'est déjà produit avec neuf autres groupes.

Le processus de reconnaissanc légale n'a pas à voir avec la pureté du sang, précisent-ils dans l'entreprise. Les peuples changent et bien qu'aujourd'hui ils n'habitent pas le territoire ou ne parlent pas la langue, ils conservent certains traits culturels. Ils découvrent eux-mêmes des similitudes lorsqu'ils se réunissent. Il existe aussi certaines pratiques et savoir-faire dans les familles, comme le travail du textile ou du cuir qui, « une fois que la possibilité de l'ancêtre Selk'nam est reconnue et contrastée avec les récits ethnographiques, elle trouve une plus grande explication », ajoute Tocornal.

Aujourd'hui, ils sont en train de récupérer la langue, qui n'a jamais été complètement perdue. Chaque jour, ils reçoivent plus de demandes de collèges et d'universités pour donner leur témoignage, raconte Marcela Comte : « Ils nous posent beaucoup de questions, nous leur apprenons quelques mots et ils sont étonnés que nous soyons là et que les textes scolaires soient faux.


14/10/2021

Octobre (a)

Santé (au 31/07)
- Contagiés actifs actuels: +- 5.300. Les cas journaliers ont de nouveau dépassé 1.000 (le niveau du mois d'août), dus probablement aux réunions pour les fêtes nationales. Taux de tests positifs: 2,45% (+ de 3% en région métropolitaine)
- Total des cas: 1.665.000. Décédés: 37.578.
- Les enfants entre 6 et 11 ans sont vaccinés dans leurs écoles.
- Une 3e dose de vaccin est maintenant oferte à tous, mais il y a plus de résistence.
- Le gouvernement s'est assuré un possible achat d'une 4e dose de vaccin, si cela se révèle nécessaire.

Politique et administration
- Sichel, le candidat présidentiel de centre-droite, a proposé que soit permis le retrait complet de l'épargne dans les fonds de pension, pour les confier à une entité au choix et s'assurer ainsi leur propriété et la pension (et éviter leur confiscation par une éventuelle loi promue par la gauche).
- Sichel a été accusé par la candidate de la DC d'avoir financé illégalement sa campagne parlementaire de 2009... mais il était alors candidat député de la DC et c'est le parti qui réunissait les fonds!
- Des directeurs d'émigration ont été nommés dans les 3 régions du nord du pays, pour s'occuper des problèmes liés aux arrivées massives, surtout de vénézuéliens.
- Programme du candidat présidentiel Boric (Front Ample et PC): les épargnes individuelles en fonds de pension ne seraient pas touchées (nationalisées), mais les nouvelles cotisations iraient dans un fond collectif. En matière de santé, il veut copier le système anglais. Le bourguemestre communiste qui le seconde et défend sa propre vision de son programme de gouvernement l'a déjà menacé s'il s'éloigne "un milimètre" de ce programme.
- Nouvelle enquête de préférence pour les candidats présidentiels: Boric (Front Ample et PC) 22% (-1%), Kast (Républicain, extrême droite) 15% (+2%), Sichel (centre droite) et Provoste (centre gauche, DC-PS etc) 12%.
- Selon Bloomberg, "le jeune candidat [Boric] cherche à enterrer le miracle néolibéral du Chili".
- Électeurs habilités pour les prochaines élections: 14.959.945.
- La plupart des chiliens, comme 74% des latinomaéricains, ne sont pas satisfaits de leur démocratie et considèrent comme eux (73%) que leur pays est dirigé par des groupes puissants pour leur propre bénéfice.

Convention constituante (CC)
- La présidente de la CC ne permet aucune discussion des changements suggérés par des membres aux articles des divers règlements: on vote si ou non pour la proposition, et rien d'autre, "vu la quantité d'indications" (suggestions de changements). Peur de la participation?
- La CC a inventé 2 règlements complémentaires d'aspect démocratique mais qui se prètent à des excès hors des normes de sa convocation [Voir Extra]:
-- Règlement de participation et consultation indigène: tout le travail de la commission qui l'a préparé, avec 22 sessions et 69 audiences de groupes externes, a été réduit à rien par un texte alternatif complet présenté avec la signature de 81 membres (suffisants pour son approbation, sans discussion)! Les propositions indigènes, réunies par un secrétariat propre, passeront aux diverses commissions de rédaction du "fond".
-- Règlement de participation populaire: La CC a défini que la participation populaire sera «accessoire et contraignante». Il y aura une plateforme sur internet pour faire des propositions et diverses formes de participation groupale, mais il faudra 15.000 signatures, de 4 régions du pays, pour que les propositions soient considérées et votées. Elle inclut aussi un plebiscite sur les articles qui obtiennent les 3/5 des voix mais pas les 2/3 requis par la loi. (Mais, pour cela, le parlement devrait réformer la constitution existente.)
- Des députés de droite ont été assister aux "débats" (qu'ils ont trouvé inexistants) et ont été accusés de "provocateurs".
- Le 18 octobre commencera enfin le travail de rédaction de la nouvelle constitution.
- L'optimisme pour les résultats de la CC est tombé de 22%, selon la dernière enquête.

Economie
- Le désemploi est tombé de 8,5% le dernier trimestre. La situation de l'emploi est la meilleure depuis mars 2020
- En juillet 2020, 48% des foyers signalaient qu'ils n'arrivaient pas à la fin du mois avec leur argent; en juillet 2021, le pourcentage est tombé à 24,9%.
- Le prix de l'essence, qui monte depuis des mois, a battu tous les records, passant de 1.000 CLP le litre (1,1€)
- L'index des prix de septembre a augmenté de 1,2%, poussé par la hausse des aliments et du transport. Cela fait 4,4% déjà pour cette année et 5,3% en 12 mois (le plus haut depuis 13 ans). L'opposition en responsabilise le gouvernement alors que c'est elle, au parlement, qui en a créé les conditions, ce qu'a confirmé le président de la Banque Centrale, avertissant de résultats encore plus nocifs si le parlement approuve un 4e retrait des fonds de pensions.
- La Banque Centrale a haussé son taux de politique monétaire de 1,5 à 2,75%, pour tenter de freiner l'inflation, dont elle responsabilise la politique économique du parlement [sacrifier l'économie pour gagner les voix de ceux qui, comme eux, ne la comprennent pas]. C'est l'ajustement le plus brusque depuis 20 ans. Les banques ont inmédiatement augmenté leurs taux de crédits hypothécaires et réduit la durée de ceux-ci.
- La bourse locale a souffert une forte baisse, comparable à celle de la crise de 2008, produit du manque de confiance dans le résultat des futures élections, les prévisions pour le candidat de centre-droite étant en baisse.
- Projet de loi (de la Chambre) qui permettrait un 4° retrait de 10% des fonds de pension: "Certains sont disposés à détruire le pays pour pouvoir gagner un vote" a dit le président Piñera. Le projet est passé au sénat.
- Le FMI prédit une croissance de 11% de l'économie du pays cette année, mais seulement de 2% l'an prochain. C'est le pays d'Amérique qui s'est le plus vite récupéré.
- En août, il y a eu 18.000 millions de dollars d'investissements étrangers dans le pays.
- 70% des seniors se sentent discriminés comme consommateurs, selon enquête du Service National des Consommateurs et du Service des Adultes Majeurs. Ils considèrent que les entreprises ne tienent pas compte de leurs nécessités, pas plus que la publicité.

Sécurité et justice
- 2,5 personnes sont assassinées chaque jour.
- Le président Piñera est suspecté d'avoir profité de paradis fiscaux, pots-de-vin et évasion d'impôts, selon des documents des Îles Vierges ("Pandora Papers"), suite à des opérations faites par ses fils avec des fonds qu'il leur avait transféré. Le porte-parole du gouvernement a réitéré que les biens du président sont administrés par une fidéicommission aveugle et qu'il ne connaissait donc pas ces opérations. Il y aurait eu influence indue de sa part dans la vente d'une compagnie minière (en 2010). Un procureur a ouvert une enquête pour examiner des détails non considérés lors d'un procès en 2017 qui exonéra le président. Le service des impôts étudiera aussi les antécédents. Le gouvernement accuse l'opposition de vouloir en tirer des profits politiques. Même le candidat présidentiel oficialiste a demandé des éclaircissements. Des membres de l'opposition ont finalement présenté une "accusation constitutionnelle" (motion de censure) dont le but est de destituer le président. Une commission de la Chambre doit étudier les fondements et les présenter au vote de la salle, puis le sénat fera office de tribunal.
- Il y eut des manifestations en faveur et contre les émigrants à Santiago (avec incidents), Antofagasta et Iquique.
- Nouvelle arrestation d'un bande avec une tonne de drogue et une autre, de "grossistes", avec des biens pour 3.400 millions de CLP (+- 3,2 millions d'€).
- La douanne a saisi un paquet avec 1200 pastilles de MDMA provenant de Hollande.
- Des bandes combattent maintenant entr'elles à coup de feu dans les rues de la périphérie de Santiago. Les passants sont blessés.
-Il y a des indices de la présence, dans le nord, d'un gang vénézuélien, très violent, de trafic d'émigrants, drogue et armes.

- Araucanie: Les attaques et incendies ont continué (2 églises et une chapelle inclues).
- Selon la Contralorie (chargée de vérifier la légalité des actes de l'exécutif), la fin de l'état d'exception lié à la pandémie rend illégale l'utilisation de l'armée pour contrôler la violence dans cette région. Mais le gouvernement a finalement déclaré l'état d'urgence dans la zone, ce qui lui permet d'utiliser l'armée. mais c'est pour 15 jours, renouvelable une fois; pour plus, il lui faudrait l'accord du parlement, ce qui est presque impossible. L'armée y a envoyé 3 hélicoptères, 10 Mowags et a doublé son contingent (900 effectifs), avec mission d'appui aux polices en dissuasion, surveillance, transport et logistique. Les victimes aplaudissent, mais la gauche dit que c'est "tenter d'éteindre le feu avec de l'essence". L'«Organe de Résistence Territoriale» mapouche s'est alors déclaré en "état de défense face à cette offensive" et a perpétré de nouveaux attentats.
- (Avant cela) La police, qui allait déloger une ferme occupée illégalement, a dû se retirer devant une forte défense armée.
- 9 personnes ont été arrêtées suite à un séquestre de 3 personnes avec exigence d'une rançon 1,5 million de CLP pour leur libération.
- Un dirigeant mapouche et ses 2 fils ont été arrêtés et imputés pour l'assassinat d'un sergent carabinier, propriété d'armes et attentats incendiaires.
- Une dizaine de mapouches se sont installés dans une réserve naturelle, menaçant de se défendre par les armes si l'on tente de les expulser (photo). Mais, après plusieurs jours, ils ont finalement abandonné l'endroit.
- 700 camionneurs bloquèrent pendant quelques heures tous les jours l'autoroute nord-sud qui traverse la zone pour réclamer pour l'insécurité. Ils ont suspendu leur action lors de la déclaration de l'état d'exception.
- La Chambre des députés a fait une minute de silence en mémoire d'un habitant d'Araucanie mort de ses brûlures, conséquence d'un attentat incendiaire. La présidente de la CC (mapouche) a refusé de le faire à la Convention.
- Le candidat présidentiel Boric (Font Ample +PC) n'a pas assisté au débat sur les problèmes de l'Araucanie et de l'agriculture, où tous les candidats étaient invités. [Il n'a pas d'idée ou cela ne l'intéresse pas?] Il a préféré se réunir avec un bourguemestre communiste.

Transports et Communications
- Les assureurs doivent maintenant donner gratis un GPS aux automobilistes qui prennent leur assurance-auto.

Extras:
Crise de notre démocratie représentative

Crise de notre démocratie représentative

 

Democratie extrême
Gabriel Zaüasnk, professeur de droit pénal, U. de Chile
(La Tercera, 5/10/2021)
Lorsqu'il y a des années, l'actuel membre de la CC Fernando Atria a déclaré que le "problème constitutionnel" devrait "être résolu de la bonne ou la mauvaise façon", le centre du débat a ignoré l'explication qu'il a donnée à ses propos. À son avis, nous vivions dans des institutions délégitimées en raison des prétendus « pièges » de la Constitution actuelle. Paradoxalement, dans le nouveau processus constituant, ce sont précisément les tentatives d'introduire des pièges qui abondent, sapant ainsi sa légitimité.
Le Chili a avancé sur une pente inimaginable jusqu'à il y a quelques années. Il ne s'agit pas, comme on prétend, que l'aveuglement des uns a empêché de voir les besoins, les revendications ou les désaffections des autres. Nous sommes confrontés à une crise énorme de notre démocratie représentative, une crise de leadership et pourquoi pas le dire, une crise intellectuelle. Le manque de réflexion et de formation civique a passé compte. Pendant longtemps nous avons tenu pour acquis les avantages de la démocratie alors que les nouvelles générations, sans la conscience historique des précédentes, n'en voyaient que ses limites et ses défauts.
Dans ce contexte, les positions extrêmes, la folie et certainement la méchanceté et la malhonnêteté démocratiques qui s'affichent au jour le jour dans le débat politique font leur chemin. Presque rien ne peut plus nous surprendre. Ni les retraits des fonds accumulés pour la vieillesse comme une forme de corruption massive, dissimulée comme politique publique, pour sécuriser les voix aux prochaines élections, ni la Convention Constitutionnelle qui s'efforce chaque jour d'imaginer de nouvelles formules lui permettant de sauter les règles qui en sont à l'origine. Ainsi. restreindre la liberté d'expression en imposant un concept grossier de "négationisme", modifier les quorums de vote, introduire des plébiscites de règlement qui font lettre morte au plébiscite de sortie où le texte constitutionnel doit être approuvé ou rejeté, avoir l'intention de modifier la durée du mandat des élections populaires de novembre (d'ailleurs sous réserve du résultat, puisque la majorité conjoncturelle des conventionnels ont entre les mains de définir à leur gré si cela leur plaît), sont les pièges qu'ils veulent introduire par crochet ou par l'indifférence des citoyens. Le slogan semble être que tout est permis pour atteindre et monopoliser le pouvoir.
Nous sommes face à ce que la sociologue Dominique Schnapper, fille du célèbre penseur Raymond Aron, a appelé la démocratie extrême : le moment où la démocratie, en raison de ses excès, devient antidémocratique. La démocratie libérale n'est pas la démocratie, mais seulement son imposture autoritaire. Malheureusement, notre Convention Constitutionnelle semble en être le paradigme. "Au nom d'une démocratie abstraite et absolue, qui n'a jamais existé ni ne peut exister, la démocratie concrète est détruite, celle qui peut exister et celle qui, avec ses limites, a existé."

La culture émergente de la Convention Constitutionnelle

Une culture contraire au pluralisme
José Joaquín Brunner, e-ministre, professeur Université Diego Portales
((Extraits. El Libero, 6/10/2021)
Quelle culture émerge au sein d'une nouvelle instance politique, créée pour définir la Charte fondamentale d'une nation, comme c'est le cas de la Convention constitutionnelle (CC) du Chili ? Quelles valeurs et comportements ce groupe assume-t-il ? Comment s'y conjuguent les exigences de légitimité et d'efficacité ? Quel rôle jouent le bureaucratique (règles et hiérarchie), le politique (délibération et négociation), le technocratique (spécialistes et techniciens) et le traditionnel (symboles et récits) dans la configuration de l'entité ? Quels principes et normes proclame-t'elle pour guider son travail? Quelle est l'image que l'organisme cherche à projeter vers l'extérieur? Quel est son rapport aux autres pouvoirs de l'État, aux organisations de la société civile et à l'électorat qui doit finalement approuver son travail?
En réalité, cette culture de l'entité constituante est juste en formation. Et il n'atteint toujours pas un degré de consolidation suffisant. Cela se voit dans les nombreux différends non résolus concernant sa propre origine, son caractère, sa gouvernance et son fonctionnement.
La dichotomie — origine sociale proto-révolutionnaire versus origine institutionnelle réformiste — bat dans une série d'autres dichotomies qui sont à la base de la culture de la Convention: assemblée populaire / convention constituante, pouvoir originel / pouvoir dérivé, souveraineté complète / souveraineté limitée, etc. En général, le lien entre la CC, et les conventionnels, avec l'institutionnalité existante, qui est aussi préexistante au 18-Octobre ["révolte sociale" de 2019] et n'a pas été abrogée par la révolte, est continuellement remise en cause par la question de l'origine.
Selon la thèse d'Octobre, la CC ne peut reconnaître aucun supérieur hiérarchique puisqu'elle incarne pleinement la souveraineté du peuple, sans intermédiation institutionnelle. Comme s'il s'agissait d'un premier jour rousseaunien, c'est maintenant que commencera à s'écrire le nouveau pacte social et politique qui instituera, ab ovo, l'institutionnalité politique qui gouvernera la nouvelle société. Au contraire, selon l'esprit du novembrismo [accord entre partis politiques], l'élaboration de la nouvelle Constitution doit être comprise comme une tentative de renouvellement de l'ordre hobbesien de la société, sans tomber dans l'abîme de la discontinuité institutionnelle (rupture).
Traduite en faits d'ordre existentiel quotidien, cette relation tendue entre deux conceptions de soi opposées du statut de la CC est présente dans le traitement que les conventionnels aspirent à recevoir de l'institutionnalité actuelle mais déjà abrogée dans l'imaginaire de certains d'eux.
La CC peut-elle déterminer à sa discrétion les dépenses de l'organe et de ses membres, sans les soumettre à discussion avec le pouvoir exécutif? Doit-elle respecter l'autonomie des pouvoirs de l'État ou peut-elle formuler des suggestions, des demandes ou des instructions sur toute question que la majorité de ses membres décide de traiter? Dans chacun de ces domaines, il est possible de découvrir des aperçus de la culture qui se développe au sein de la CC.
La culture de l'organe constituant s'est également caractérisée, dans cette première étape, par la forte impulsion donnée aux processus bureaucratiques. Les observateurs extérieurs coïncident pour souligner que la Convention a déployé un rythme intense de production de règles. La mise en place d'une certaine éthique de travail qui refléterait un attachement aux valeurs publiques d'accomplissement de mission, de vocation de service et de fidélité au mandat du mandant, c'est-à-dire du peuple souverain, est applaudie. On en dit moins, cependant, sur la conception bureaucratique élargie, proliférante et expansive qui semble animer la culture de la CC, du moins à ses débuts. Diverses réglementations apparaissent, avec une rhétorique de principes et d'aspirations assortie de règles de procédure et de comportement abondantes, bien au-dessus du minimum nécessaire. Au milieu d'une forêt de règles et de multiples instances génératrices de règles, l'organisation perd de sa cohérence et l'action se bloque et devient incohérente.
Le réglementarisme, tel qu'il commence à être perçu, reflète aussi une certaine idéologie puritaine, mais non pas celle qui cherche à produire au maximum des œuvres pour sauver l'âme, mais plutôt à imposer un code moral qui encadre fermement la vérité contre le faux, le correct contre le mal, l'humain et le bon et le beau contre ses contraires négatifs : l'inhumain, le mauvais et le laid. Son règlement d'étique est celui qui révèle le mieux cet esprit. Un code orwellien: Big Brother préside la scène.
Ce qui est invraisemblable, c'est qu'un organe essentiellement délibératif et discursif, où il y a une pluralité de visions et de valeurs, peuplé de professionnels, d'universitaires et de leaders sociaux, consacre des dizaines d'heures précieuses, une énergie intellectuelle et des dizaines d'autres pages, à imaginer, concevoir et construire un véritable panoptique pour la maîtrise du langage et l'expression de la pensée. Ainsi, un véritable maillage d'interdits, de restrictions, de soupçons, de méfiance, de restrictions, de menaces et de sanctions - parfois même absurdes - finit par se tisser autour des têtes et de l'expression du conventionnel, s'enveloppant dans ce maillage, étranger à l'autonomie personnelle, raison et liberté d'argumentation.
De cette façon, on prévient la critique dissolvante, le négativisme; la pensée en dehors de la doxa (l'opinion dominante qui finit par être considérée comme indiscutable) est empêchée. En d'autres termes, tout ce qui fait partie de la meilleure tradition de la liberté d'expression apparaît désormais comme une infraction potentielle à la « bonne pensée » et à la norme de réparation globale de la société. Aussi, pour protéger la démocratie de la désinformation (d'autres parlaient aussi dans le passé d'une « démocratie protégée »), la libre discussion sur le « marché des idées » ne suffirait pas, il faudrait censurer l'argumentation et réduire la liberté d'expression au profit de l'intégration (morale, idéologique, religieuse ou autre) de la société.
En conclusion, il existe suffisamment d'antécédents pour penser que la culture émergente de la CC est loin d'être le paradigme le plus approprié pour un organe délibérant; qui serait une culture du pluralisme et de la confrontation des idées et des valeurs, ouverte à la diversité, avec une éthique de la liberté maximale de penser et de dire.