14/11/2021

Les olympiades du 4e retrait des fonds de pensions

Paula Escobar, journaliste
(Extraits. La Tercera, 30/10/2021)

La commission sénatoriale de Constitution a approuvé le 28 octobre par trois voix contre deux le quatrième retrait de 10% des fonds de pension. Et la recherche fiévreuse des 26 voix a été déchaînée pour approuver ce projet de loi dont presque personne ne voulait tout récemment. Non seulement les candidats à la présidentielle Provoste et Boric se sont manifesté - il n'y a pas si longtemps - fortement contre, mais de nombreux parlementaires ont juré que le troisième retrait était « le dernier », puis le « verrou ». Un verrou très faible, car les tours de bélier ont été d'une dimension olympique.
Les économistes (d'un large spectre, et surtout du centre-gauche) ont expliqué avec des pommes et des poires les effets néfastes qu'aurait cette mesure : la hausse de l'inflation, la dévaluation du peso contre le dollar, la hausse des taux des crédits (notamment les crédits immobiliers), la baisse des fonds de pensions les plus conservateurs, où se situent ceux qui sont prêts à prendre leur retraite et qui ont perdu 20 % cette année.
Le président de la Banque Centrale, l'a illustré avec une clarté cristalline, montrant l'augmentation des dividendes des prets hypothécaires. Il a également souligné aux sénateurs qu'«un retrait supplémentaire de fonds intervient dans un contexte macroéconomique différent, donc l'ajustement des marchés serait plus large et rapprocherait le système financier d'un déséquilibre d'une ampleur sans précédent».
L'un des impacts les plus grandiloquents de cette mauvaise politique publique sera dans la réforme urgente et nécessaire des retraites que le prochain gouvernement doit mener, avec cinq millions de comptes à zéro. Une lettre de 120 universitaires prestigieux est catégorique à cet égard : « Si un quatrième retrait est approuvé, la viabilité de la mise en place d'un système de solidarité qui assure des retraites décentes pour tous peut être profondément affectée ».
Les arguments et les chiffres sont très forts, mais certains parlementaires ne veulent tout simplement pas les voir. Ils ne semblent retenir que deux chiffres : que 71% des personnes feraient le quatrième retrait, même si le reste est zéro et que 58% ne voteraient pas pour quelqu'un qui a rejeté la mesure, selon un sondage de Data Influye.
Il est vrai que de nombreuses personnes ont des besoins financiers urgents, mais avec une subvention de l'Etat élargie et aucune quarantaine, la solution n'est pas de continuer à briser encore plus les retraites, faisant également surchauffer l'économie. L'inflation frappe surtout les plus vulnérables, c'est évident. Et les sénateurs le savent. Ou ils devraient le savoir. C'est que dans l'olympiade électorale rien ne semble avoir d'importance, ni les causes et ni moins les conséquences. Mais elles tomberont, implacables, sur les chiliens et les chiliennes. Et surtout sur qui portera l'écharpe présidentielle en mars 2022.