29/11/2010

Le (mauvais) moment de l'Église Catholique au Chili

Les attaques à l'Église ne sont pas du neuf au Chili, malgré le grand respect qu'elle inspirait, surtout du fait de sa défense des droits humains sous la dictature, un respect généralisé sans précédent par rapport aux pays européens, et même aux pays catholiques comme le Mexique, où elle a eu des relations difficiles avec l'Etat.

En réalité, ici, les secteurs anticléricaux avaient introduit un rouleau compresseur au dix-neuvième siècle, n'aimant pas le clergé qui défendait l'exclusivité de la religion catholique. Mais au XXe siècle, on reconnaissait les valeurs de l'Eglise et les laïcistes la respectaient. Les relations entre l'Eglise et les gouvernements radicaux (franc-maçons) furent non seulement amicales, mais de collaboration. Cependant, le monde socialiste et communiste a critiqué l'Eglise pour son identification avec la classe dirigeante jusqu'à ce que le Cardinal José María Caro désarma cette vision grâce à sa proximité avec les pauvres, au milieu du siècle.

Les différences idéologiques restèrent très profondes, mais l'anti-cléricalisme ne fut pas important dans la seconde moitié du siècle. Cette église sociale, contrairement à ce que pensent certains, à en juger seulement par les événements de la fin des années 60, était parfaitement orthodoxe dans son propre troupeau.

En bref, le respect pour l'Eglise, où les différences internes n'ont pas manqué, était significativement transversale. Ce fut une Eglise que la société perçut comme plus accueillante, plus dialogante. Et son attitude sous le gouvernement de Pinochet, défendant tous les persécutés -sans s'inquiéter pour leur idéologie- lui valut la reconnaissance de tous. Mais, comme dans bien d'autres pays, des cas de pédophilie sont aussi apparus et ont fait tomber en flèche sa valoration, (de 80 à 34%) malgré qu'il y a très peu de condamnés par la justice (moins de 10, il me semble) et peut-être à cause du grand bruit qu'ont fait les média autour des rares cas nationaux et des nombreux cas étrangers. Et les laïcistes sont revenus à la charge dans des éditoriaux et "lettres au directeurs" de divers journaux.

(Une partie de ce commentaire est une traduction d'un article
paru
dans la revue "El Sábado" du journal "El Mercurio").