14/08/2019

Août (a)

Politique
-Le président Piñera a obtenu 30% d'approbation en juillet et 64% de réprobation.
- Le projet de loi sur la protection des données personnelles incluerait la protection des "neurodonnées", ç-à-d de ce qui se passe dans notre cerveau (et que de nouvelles technologies sont capables de détecter et interpréter de mieux en mieux).
- 80% des jeunes déclarent n'avoir aucun intérêt pour la politique.

Sécurité
- La brigade anti-narcotiques a saisi 134,8 kg de cocaïne plus 16,5 kg de pâte-base et 26,8 kg de cannabis, l'accumulation la plus haute de cette année. Le tout proviendrait de Bolivie, internée par des cols sans route. 8 personnes ont été arrêtées. Dans un autre cas, 50kg de cocaïne ont été saisis.
- Par les réseaux sociaux on a convoqué à Santiago une manifestation contre les émigrants, avec invitation à porter une arme. Elle a été interdite par l'intendante (gouverneur) de la région métropolitaine. 20 personnes se sont présentées au lieu de rassemblement.

Economie
- Le tarif de l'eau potable est ici de 1,45 $us le m3, alors qu'il est de plus de 3$ dans diverses villes de l'OCDE.
- Dans 4 régions du pays (dont la métropolitaine et le nord du pays) les émigrants sont 10% de la population. Depuis 2017, 1.000 professeurs émigrés ont été admis a enseigner ici, principalement des vénézuéliens. 95,2% des émigrants vivent dans les villes et 64% dans les régions métropolitaines de Santiago, Valparaiso et Concepcion, où ils se groupent fortement selon leur nationalité. Alors quie 1,2% de la population chilienne vit dans des taudis, ce sont 2,3% des émigrants.
- Le réseau informatique RedBanc, qui manie les operations avec cartes de débit et crédit, a reconnu le vol des données de plus de 299.000 cartes, mais sans les codes de sécurité (PIN), ce qui n'a pas permis de les utiliser pour des fraudes.
- 54% des entreprises de construction ont remis à plus tard leurs investissements.
- Les ventes minoristes ont baissé de 3,5% au premier semestre. La croissance de l'économie n'a été que de 1,3% et les exportations ont baissé de 11% des suites de la guerre économique USA-Chine.
- Le prix de l'électricité augmentera pour la deuxième fois de 10% cette année, à cause de la dépréciation de la monnaie chilienne face au dollar.
- Après 5 ans d'exploration, 18 puits de pétrole (11.000 m3) et de gas (7 millions de m3) ont été découverts et seront mis en exploitation l'an prochain dans l'île de Terre de Feu.
- La firme europénne Bestseller, avec sa marque Vero Moda, qui concurrence Zara y H&M (déjà ici) pretend ouvrir ici 100 magasins d'ici 2024.
- La douane a saisi cette année 6 millions de produits falsifiés, pour une valeur de 4 millions de dollars.
- La moitié des travailleurs a une rémunération égale ou inférieure à 400.000 CLP (510 €).

Santé
- Environ 25.000 personnes sont mortes en 2018 alors qu'elles attendaient d'être traitées dans le système public de santé.
- 200.000 chiliens souffrent d'alzheimer et 80.000 de parkinson, quantités qui augmentent rapidement.
- Le ministère de la Santé a lancé une campagne de vaccination d'enfants contre le papilome humain.

Transports et Communications
- En janvier, le prix moyen par gigabyte de l'internet mobile était ici de 1,87 $us, le plus bas d'Amérique Latine et 70% de moins qu'il y a 5 ans.
- Un nouveaui projet de loi propose d'interdire les smartphones dans les écoles du pays.

Science et environnement
- Le 1er août, il y a eu un séisme de 6,6 R avec épicentre un peu au sud de Santiago, sans dégâts, sauf une interruption d'un discours du président Piñera, qui prit la chose avec humour.
- Le Tribunal de l'Environnement de Valdivia a condamné l'entreprise sanitaire Essal (la responsable d'avoir laissé Osorno sans eau potable pour 10 jours) à réparer les dommages causés par le déversement, en 2017, d'eaux servies dans le lac Llanquihue au lieu de les traiter dans ses installations, qui seraient insuffisantes, d'où le déversement de surplus qui se produirait depuis 2010, ce qui mérite aussi une solution.

Religion
- Des jésuites et des pères des Sacrés-Coeurs ont été dénoncés pour abus contre des mineurs entre 1960 et 1999.
- Des curés de paroisses qui portent le col romain viennent de se plaindre dans la presse d'être agressés à cause des cas d'abus de leurs confrères et aussi d'être abandonnés par les évêques qui ont donné leur démission l'an passé et n'ont pas encore été remplacés, ce qu'ils demandent au pape avec urgence.
Pour comble, un jésuite décédé il n'y a pas longtemps, fameux et respecté pour ses oeuvres en faveur des dépossédés (on avait même mis un parc à son nom), a maintenant été accusé d'abus envers plus de 40 femmes et même de viols au cours de sa carrière de 50 ans, ce qui ne fait qu'envenimer plus la situation.

Climat
- Le mois de juillet a été le 6e le moins pluvieux des 50 dernières années. Le Chili est le 18e pays de monde avec le plus de "stress" hydrique à cause de cette sécheresse. La période normale des pluies, qui est de mai à juillet, a été la plus brève des derniers 20 ans et on annonce qu'elle continuera à s'écourter.
EXTRA: Investissements chinois au Chili
Par (Extrait de La Tercera, 3/08/2019)
Au cours des deux dernières années, le marché chilien a connu une forte entrée des capitaux chinois. Selon les chiffres d’InvestChile, le portefeuille d’initiatives chinoises est passé de 5 projets pour un montant de 310 millions de dollars en 2016 à 20 projets d’un montant supérieur à 1,8 milliard de dollars à la fin de 2018. Seulement au premier semestre de cette année 23 projets chinois ont été ajoutés au portefeuille, qui totalise plus de 2 100 millions de dollars américains
Ces dernières années, divers conglomérats du géant asiatique ont non seulement réussi à s’implanter dans le pays, mais ont également renforcé leur position sur le marché chilien: même l’année dernière, une société chinoise avait été adjudicataire d’une licitation publique pour la première fois.
Dans le cadre de deux opérations récentes, deux grandes entreprises chinoises ont déboursé près de 7.000 millions de dollars: en novembre 2018, la société Tianqi a accepté d’acheter 24% de SQM [qui exploitate du lithium] à Nutrien (canadienne, qui en possédait des actions) pour 4,7 milliards USD, la plus importante transaction d’une société chinoise au Chili En mars 2018, la société China State Grid a acquis 27% de Transelec (compagnie électrique) pour un montant de 1,3 milliard de dollars.
D'autres initiatives chinoises ont pris de grandes mesures pour se consolider au Chili. C'est le cas de Xiaomi - une entreprise qui fabrique des téléphones mobiles, entre autres produits - qui a ouvert son deuxième magasin physique à la mi-juin à Santiago [et Huawei a ouvert la 6e]; ou BYD Chili, qui exploite les bus électriques du nouveau système Red. China Railway Tunnel Group a pu s'implanter au Chili en remportant la construction de la section 3 de l'extension de la ligne 2 du métro de Santiago. Et le consortium chinois CRRC SIFANG, a obtenu la fabrication de 13 nouveaux trains de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Etat (EFE). China Raylways, avec la chilienne Sigdo Koppers (SK), cherche aussi à construire un train rapide reliant Santiago à la région de Valparaíso, avec un investissement de 2,4 milliards de dollars américains.
Un autre groupe de sociétés chinoises a commencé à mettre en place ses réseaux pour arriver à notre pays. C’est le cas de China Huaxin, qui a expliqué son intérêt de participer au projet de connectivité de fibre optique Chili-Chine. Le géant de la vente au détail, Alibabá - matrice d’Aliexpress - a également manifesté son intérêt pour l’atterrissage au Chili. Et China Development Bank (CBD) serait une autre des entreprises intéressées à opérer au Chili. C’est la plus grande institution financière de développement au monde et la plus grande banque chinoise de coopération financière. Ce serait la deuxième banque à capitaux chinois à atteindre notre pays, derrière la China Construction Bank (CCB).
À l’avenir, les investissements chinois pointeront vers le secteur de l’énergie. Les chinois veulent s'installer dans le nord pour développer l'énergie solaire. Ils ont des projets qui cherchent à gagner par le biais d'appels d'offres.

Pourquoi les latino-américains sont désenchantés de la démocratie
(Extraits du journal El País [Espagne], 5/8/2019)
Nous ne parlons pas (uniquement) des dirigeants autoritaires qui s’épanouissent sur le continent comme dans le reste du monde, mais aussi de ceux qui ont décidé de les suivre dans leur détachement. Le dernier Latinobaromètre a marqué l'ampleur du désenchantement: le soutien à la démocratie n'atteint pas la moitié de la citoyenneté du continent.
Au cours de la dernière décennie, le pourcentage de personnes convaincues que la démocratie n'est pas le meilleur système de gouvernement possible a augmenté, mais aussi et surtout, le nombre de personnes occupant des postes à durée indéterminée a également augmenté. Les données par pays confirment que c’est là que, dans la chaleur, une majorité est installée, à quelques exceptions près (Argentine, Uruguay, Costa Rica). Les nations les plus peuplées du continent, le Brésil et le Mexique, abritent des millions d'habitants qui se déplacent dans le vaste spectre du désenchantement. Sans surprise, les deux ont récemment élu des présidents prêts à attaquer le consensus et les institutions pour consolider leur pouvoir et celui des leurs.
L'évaluation de la démocratie est donc installée dans l'ambiguïté plutôt que dans le rejet viscéral. Les protagonistes du désenchantement sont plutôt jeunes et ont un faible pouvoir d'achat. Les deux groupes montrent une probabilité nettement plus faible de maintenir une nette préférence pour la démocratie que leurs homologues plus grands et dans une meilleure situation économique. Et se sont précisément les classes aisées qui perdent le plus d’enthousiasme pour la démocratie. Les élites économiques ont une plus grande capacité pour définir le programme et façonner l'avenir de nos institutions.
Ceux qui sont désabusés par la démocratie respectent moins ces mêmes institutions, en particulier les partis politiques, ils voient plus de corruption parmi les dirigeants que les autres citoyens et ils ont un certain parti pris autoritaire et conservateur.
Il existe une certaine corrélation entre le temps que chaque nation a vécu avec des élections libres ininterrompues et l'augmentation du scepticisme associé à la démocratie manifestée par les nouvelles générations.
Le mécontentement suscité par le manque de réponse du système aux revendications non incorporées a toujours été présent en Amérique Latine, un continent où le présidentialisme élitiste et les inégalités ont engendré peu de démocraties inclusives, avec un accès limité. Cette motivation n’a pas disparu, mais peut-être une autre, apparemment contradictoire, a été ajoutée: une sorte de préférence pour l’ordre par rapport au conflit. Pour une majorité relative de latinoaméricains, la possibilité de canaliser le conflit n'est pas une priorité. Ce qui est inquiétant, c’est encore une fois la coïncidence de ce schéma entre nouvelles générations et classes aisées.
On pense au modèle chinois: une dictature qui, aux yeux du monde, a pu créer un bien-être pour la majorité, bien qu’en contrepartie d’un coût (énorme) pour les minorités. C’est peut-être le genre de miroir dans lequel se reflètent les désenchantés: une mort douce du pluralisme. "Douce", bien sûr, seulement en apparence, et seulement pour les couches de la population désireuses de consolider leur bonne position face à la suppression du conflit formalisé. Le continent possède une vaste expérience avec les dirigeants qui offrent des améliorations à la majorité en échange de l’abandon du droit de vote par la population. Videla, Pinochet, Chávez, Fujimori et Castro, entre autres, ont fait carrière avec cette idée. À la lumière de ces données, il ne fait pas de mal de rafraîchir la mémoire avec ce qui se produit lorsqu'un dictateur promet l'harmonie.

Au Chili, seulement 39,7% affirment que la démocratie est le meilleur système et 11,7% s'opposent à cette affirmation.