14/09/2020

Septembre (a)

 

Santé
- A ce jour (14/09), au total: 434.748 contagiés depuis le début, 16.473 contagiés actifs actuels dont 40% sans symptômes, 11.949 décédés avec PCR confirmé. 93% des contagiés se sont récupérés. On est arrivé à 100.000 tests de PCR par million d'habitants et le taux de résultats positifs est tombé en moyenne à 4,5%, mais avec des communes à taux beaucoup plus haut, ce qui les oblige à maintenir le confinement. De nouvelles communes commencent ou avancent en déconfinement (presque tout Santiago), mais d'autres ont dû revenir en arrière à cause de l'augmentation du taux de contagion (comme Concepcion et Punta Arenas). Dans les communes de Santiago qui passent à la 2e étape de déconfinement (de 4 étapes) les restaurants peuvent ouvrir avec des tables à l'extérieur.
Statistiques dynamiques ici: https://www.biobiochile.cl/mapacoronavirus/
- 66% des chiliens ne se fient toujours pas de l'actuation du gouvernement contre la pandémie.
- Pour la fête nationale (18 et 19 septembre) on permettra un de ces jours, dans les zones sans confinement total obligatoire, les réunions familiales de 5 personnes (en visite) à l'intérieur et 10 personnes à l'extérieur, pour 6 heures maximum. Sortir de sa propre ville ne sera pas permis. Mais le couvre-feu commencera à 21h au lieu de 23h.

Politique et administration
- Lors de l'inauguration du 8° Congrès Pays Numérique, le président Piñera a annoncé son plan de "transformation numérique" du pays: identité numérique pour tous les citoyens, fin du papier dans l'administration, etc.
- Le parlement a enfin fini l'étude et l'approbation -après plus de 2 ans- de la loi qui crée le Service de Protection de l'Enfance, qui remplacera ancien Service National de Mineurs (où il y avait eu de nombreux abus) et sépare les mineurs à protéger (orphelins et autres) des mineurs délinquants (qui dépendront d'un autre service).
-Les vendredis se sont de nouveau réunies quelques dizaines de personnes à la place d'Italie de Santiago, reprenant les protestations sociales de la fin de l'année passée, enfreignant les restrictions sanitaires. Elles ont été dispersées par la police.
- Le nombre de candidats pour devenir policiers-carabiniers a baissé de 71% en relation à 2019, ce qu'on attribue à l'effet "explosion sociale" de l'an passé.

Economie
- Le retrait de 10% des fonds de pension qui a été autorisé a favorisé les ventes. Les achats d'appareils de télévision semblaient de l'époque de la Noël; les "CyberDays" de septembre (de ristournes pour achats par internet) ont eu un grand succès (le double de 2019).
- Le président Piñera a promulgué la loi de "portabilité financière" qui facilite de "mouvoir les produits bancaires" d'une entité à une autre, tant pour les clients comme pour les banques elles-même, car le mécanisme sera standardisé et simplifié.
- Le Chili est en tête de la liste d'économies les plus innovatrices d'Amérique Latine selon l'Indice Mondial d'Innovation de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, mais est le n°54 a niveau mondial.
- Dans le système bancaire, 34.100 nouveaux comptes ont été ouverts cette année, dont 25.500 de la banque Santander, qui a permis d'ouvrir un nouveau type de compte sans garantie d'emploi et offre une carte de débit Mastercard sans commission; le coût d'administration du compte est de seulement 2.300 CLP (2,7 €). Santander du Chili est ainsi le leader en comptes courants de la banque privée, avec 1.141.000 comptes. 75% de ces nouveaux comptes ont été ouverts simplement au moyen de son application pour téléphones cellulaires.
- 312.000 personnes ont retrouvé de l'emploi ce dernier mois, compensant en partie les 400.000 employés du commerce qui avaient perdu leur travail.
- Un tiers des foyers chiliens aurait perdu toutes ses rentrées à cause de la pandémie.

Sécurité et justice
- Araucanie: Nouvelle attaque à coups de feu à la police et incendies de maisons en campagne, l'un suivi même d'un assassinat (semaine "la plus violente de l'année"). En 5 ans, on a compté 772 attentats. Trois mapouches munis d'armes à feu, de gilets anti-balles et radios portatives ont été arrêtés et sont en prison préventive.
Un conseil de lonkos (chefs) et machis (guérisseuses) mapouches s'est réuni avec le président Piñera et des autorités du parlement et du pouvoir judiciaire un vue de chercher "un nouveau pacte avec l'Etat". D'autres lonkos ne sont pas d'accord et ont déclaré "qu'il n'y a pas de garanties" pour un dialogue. Une équipe ministérielle se rend chaque mardi dans la zone pour continuer le dialogue et "relancer" le Plan de Développement et Paix accordé en 2018 avec tous les secteurs. Mais les prisonniers mapouches en grève de la faim "attendent toujours une réponse du gouvernement qui les satisfasse".
Les entreprises forrestières ont réclamé pour les concessions faites aux camionneurs (pour terminer leur grève) marquant que "le conflit n'est pas encore terminé" pour elles.
- Une cyberataque a obligé la Banque de l'Etat à suspendre ses opérations et fermer ses succursales pendant plus d'une journée ou de n'y permettre que les dépots, le software d'opération des succursales ayant été "séquestré" (encrypté) par des pirates. Elle a assuré que le patrimoine des clients n'a pas été touché.
- La Contralorie (Cour des comptes, qui vérifie aussi la légalité des actes de l'exécutif) a accusé 7 gnéraux des carabiniers de "possible responsabilité administrative" pour les procédés appliqués lors de l'explosion sociale d'octobre passé, où de nombreux civils ont été blessés. Leur réponse sera évaluée avant la proposition de mesures administratives. Le général-directeur a fait remarquer que les généraux ont un rol et une responsabilité stratégique mais non opérative.
- La police civile a trouvé et saisi un dépot de 50 armes, dont des fusils de haute puissance et des munitions. Il y a 3 détenus.
- 11 septembre: aniversaire du coup-d'état: incidents violents (manifestations, barricades et ataques à la police qui allait les disperser) dans plusieurs communes.

Transports et Communications
- La grève de camionneurs a continué, déçus des offres du gouvernement mais s'est terminée après 7 jours. Ils ont même fait une fête avec des femmes en "petite tenue" sur une route. Des produits ont commencé à manquer dans des supermarchés du sud. Les ordures n'ont pas été retirées pendant plusieurs jours à Temuco, les camions ne pouvant passer. Les boulangers ont averti d'une possible hausse du pain à cause des chargement de blé bloqués au port de San Antonio. Les camionneurs ont finalement obtenu un appui économique aux victimes et plus d'investissements pour la police (afin d'améliorer le contrôle sur les routes). La gauche parlementaire s'est proposée d'accuser formellement le ministre de l'Intérieur de ne pas avoir appliqué la loi qui châtie le blocage des routes (si c'est approuvé par la majorité, il perdrait son poste), ce qui n'a pas avancé, et le gouvernement a demandé au parlement d'accélérer l'étude des nouvelles lois relatives à la violence.
- Un canal de télévision "exclusif pour seniors" vient d'être créé.
- Le métro a rouvert 3 autres stations, fermées pour réparations depuis octobre passé.

Education
- L'obligation de l'éducation primaire a maintenant 100 ans ici.
- 58% des parents désirent que les professeurs continuent à faire classe par internet; seulement 4% désirent le retour aux écoles. 77% des professeurs souffrent de stress.

Science et environnement
- Un séisme de 7R a eu lieu dans la région d'Atacama, entre Copiapó y Vallenar, avec près de 90 répliques de moindre magnitude. Une semaine plus tard, un autre, de 6,3R a eu lieu un peu plus au nord (Tocopilla). Ils ont causé des éboulements sur plusieurs routes, des chutes de marchandises dans les magasins, des filtrations d'eau... mais rien de beaucoup plus grave.
- La Contralorie (Cour des comptes, qui vérifie aussi la légalité des actes de l'exécutif) a bloqué l'accord entre le minitère de l'Économie, l'université A.Ibañez et la firme Amazon pour créer la Fondation Data Observatory destinée à "amasser et traiter les données générées par des institutions publiques et privées" (spécialement les données astronomiques des grands observatoires et les données climatiques) pour les mettre à disposition des secteurs de l'éducation, de l'économie "et autres", ayant trouvé dans le décret de création "une série d'anomalies administratives", en particulier que rien ne signalait comment serait garanti que le service privé (Amazon) ne commercialisera pas ces données. Elle critique aussi la participation de cette université, car elle n'a pas de carrière d'astronomie (principales données qui seraient traitées) et qu'un privé participe sans passer par un concours d'offres. Le ministère a répondu qu'il y eut concours en 2019, qu'il y eut 3 réponses et que seuls remplissaient les conditions Amazon et l'université signalée. Il répondra à la Contralorie et espère l'approbation finale, car 2 décrets antérieurs à ce sujet furent approuvés auparavent.

Religion
- L'Université Catholique de Santiago a présenté le rapport final de sa "Commission pour l'Analyse de la Crise de l'Église Catholique" formée en 2018 pour déterminer la nature, l'extension et les conséquences de l'abus sexuel de mineurs d'âge de la part de prêtres catholiques qui exercèrent leur ministère au Chili, et aussi examiner les déficiences qu'a présenté la réponse institutionnelle de l'Église Catholique chilienne. L'étude estime que 3,7% des prêtres du pays a commis ce type d'abus. L'écrit signale aussi que près de 90% de la population croit que l'Eglise a protégé les abuseurs; la confiance et la participation aux rites ont baissé, le catholicisme n'est plus majoritaire dans le pays (une baisse, en 20 ans, de 34% de ceux qui se déclarent catholiques, restant entre 45 et 48%) et la confiance est tombée de 58% en 2006 à 15% en 2018 et de 81% à 35% chez les croyants observants. 82% des chiliens croient que la foi peut être bien vécue sans appartenir à une église. L'assistance à la messe (jamais très régulière ici) est tombée de 19% à 9% ces 10 dernières années. Bien qu'aussi conséquence de changements culturels et démographiques, les baptêmes ont diminué de 31%, les premières communions et mariages de 50%. 35% des parents catholiques ne considèrent plus important que leurs enfants partagent leur croyance. Malgré tout, le prestige de l'enseignement catholique et de ses oeuvres sociales s'est maintenu. Voir résumé en "Extra", à continuation.

EXTRA: Rapport final de la "Commission pour l'Analyse de la Crise de l'Église Catholique" (Extraits)
(UC, 4/9/2020)
L'Université Catholique de Santiago a présenté le rapport final de la "Commission pour l'Analyse de la Crise de l'Église Catholique" formée en 2018 pour "déterminer la nature et l'extension de l'abus sexual de personnes mineures d'âge de la part de prêtres catholiques qui ejercèrent leur ministère au Chili, et aussi examiner les déficiences qu'a présenté la réponse institutionnelle qu'a offert l'Église Catholique chilienne à ces abus et le dommage et impact qu'a provoqué cette crise dans les víctimes, dans les communautés ecclésiales et dans la société chilenne en général".
Dans la présentation du mémoire - qui compte 81 pages - le recteur de l'UC, Ignacio Sánchez, a déclaré que "les abus sexuels contre des mineurs sont des crimes qui affectent le groupe le plus innocent, vulnérable et aimé d'une société: ses enfants et jeunes. Ces crimes sont scandaleux, surtout quand (...) ils sont de la responsabilité de des prêtres qui, par l'exercice de leur ministère, maltraitent des enfants innocents."
Le recteur Sánchez a souligné que "dans les causes et les facteurs de conditionnement existant Chili, il faut inclure le classisme et l'élitisme de notre société, ce qui tendrait à la formation de relations hiérarchiques entre les personnes". "Le cléricalisme marqué en Amérique latine serait à la base de ces relations asymétrique et pyramidales." Les aspects ci-dessus sont ajoutés plusieurs fois à une mauvaise gestion des affaires et, selon les termes du Pape François, à la création d'une culture de camouflage "qui les a arrêtés, les a ralentis et qui a causé tant de dégâts aux victimes, aux croyants et à la société".
Eduardo Valenzuela, doyen de la Faculté des sciences sociales de l'UC et Président de la Commission, a ajouté que "Dans le sacerdoce ministériel catholique, se concentrent des attentes de témoignage et exemple moral qui appartiennent à la nature de sa mission. La gravité des abus sacerdotaux est redoublé par le fait que les abus étaient, généralement, engagés dans un milieu ecclésial, dans le cadre d'un lien de confiance motivée par la religion entre la victime et le délinquant, et parfois en utilisant les ressources offertes par la religion elle-même". Il a souligné qu'il est nécessaire de reconnaître et de faire face aux abus sexuels de mineurs comme un crime inexcusable, et envisager diverses formes de pression psychologique et spirituelle exercée dans un contexte pastoral qui doit être objet d'attention et de reproche. Il a également indiqué qu'il faut protéger le témoignage et les plaintes des victimes en offrant les ressources nécessaires pour obtenir des conseils juridiques et l'assistance thérapeutique, parmi de nombreuses autres leçons et recommandations.
L'écrit signale aussi que près de 90% de la population croit que l'Eglise a protégé les abuseurs, la confiance et la participation aux rites ont baissé, et "la perception de ce que les prêtres ne retiennent pas la capacité de pardonner les péchés" a augmenté de 72%.
Conclusion: Des environnements de confiance et de conformité excessifs créent des opportunités de perpétrer et de dissimuler des abus. Parallèlement, les contacts fréquents avec les mineurs dans le contexte ecclésial doivent faire l'objet d'une régulation, d'une observation et d'une évaluation. Les changements urgents proposés par la commission: reconnaître et gestionner l'abus sexuel comme un délit inexcusable, protéger les témoignages et dénonces des victimes, et établir une collaboration sincère et étroite avec les tribunaux civils.
(Le document complet est disponible sur Internet (en espagnol).