14/07/2016

Juillet (a)

1er juillet - Selon l'OMS, le Chili est le pays latinoaméricain où l'on consomme le plus d'alcohol (9,6 litres par personne et par an) et près de la moitié des buveurs terminent soûls.
- Le taux de chômage national est arrivé à 6,8% (9,4% à Santiago) pour le trimestre mars-mai, selon l'enquête de l'Université du Chili.
- La sensation d'augmentation de la délinquance est à son niveau le plus haut depuis qu'on le mesure, en 2008, et sera sûrement un thème fondamental dans les prochaines campagnes électorales.
- Actuellement, 75% des chiliens considèrent que le pays doit avoir une nouvelle Constitution, mais 50% désirent que ce soit par une modification de l'actuelle et non partant de zéro.

2 - L'OCDE a publié les résultats de son "programme d'évaluation internationale des compétence des adultes" (PIAAC), qui montre la terrible situation du Chili: 53,4% des adultes est au niveau inférieur ou "à peine fonctionnel" en matière de compréhension de lecture (en clair: la moitié ne comprennent pas ce qu'ils lisent) et 61,9% est au niveau inférieur en compétences mathématiques (ils savent à peine compter)! C'est pire que pour la Turquie et sous la moité des capacités des israéliens. Rien dans les projets de réforme éducative ne tient compte de cette situation.
- 90% des pensionnés reçoivent une pension inférieure à 150.000 CLP(170 €), n'ayant pas accumulé assez de fonds (chômage et habitude de demander au patron de ne payer la sécurité que pour un traitement inférieur).
- Un camion, deux bulldozers incendiés et le guarde blessé est le résultat d'une nouvelle attaque en Araucanie, pour la deuxième fois à la même centrale hydraulique en construction et malgré la protection (réduite et évitée) de la police.
- Depuis hier, qui achète à un commerçant ambulant -dans les grandes villes- pourra être "gratifié" d'une amende de jusqu'à 137.000 CLP (175 €) par les inspecteurs communaux. Dans certains secteurs, les ambulants sont si nombreux que les piétons ont difficile à circuler. Seule la police uniformée peut arrêter ces commerçants et leur retirer les marchandises, et le juge communal peut aussi leur imposer une amende (mais la police manque d'effectifs pour cela et, quand un policier apparait, il est vu de loin et les marchandises disparaissent rapidement). Dans le cas des acheteurs, des inspecteurs en civil peuvent leur passer l'amende.
- Les alertes pour smog continuent à Santiago et la ville d'Aysén est déjà deux mois en situation critique. Quatre autres villes ont aussi une haute contamination atmosphérique, qui se maintient surtout à cause du manque de pluie.
- Les entreprises sanitaires sont si en retard avec la rénovation de leurs réseaux qu'au rythme actuel il faudrait 250 ans pour changer les réseaux d'eau potable et 648 ans pour les égoûts, ce qui explique les fréquentes ruptures de matrices.

3 - Les deux principaux ports du pays, Valparaiso et San Antonio, s'agrandiront pour pouvoir recevoir plus de navires porte-containers en 2017 ou 2018. Actuellement, ils ne peuvent recevoir chacun qu'un navire "post-panamax", comme ceux qui peuvent maintenant passer par les nouvelles écluses du canal de Panama. San Antonio pourra recevoir trois de ces bateaux avec l'extension en construction et Valparaiso deux. Il y a un projet de "méga-port", mais le gouvernement ne décide toujours pas où l'installer.
- L'opposition recourt de nouveau au Tribunal Constitutionnel contre le projet de loi de réforme laborale (syndicale) présenté par le gouvernement après le verdict de ce tribunal qui déclarait inconstitutionnelle la restriction du droit de négocier aux seuls syndicats. Dans le nouveau projet cet article a été supprimé mais aussi le droit des entreprises de négocier des adaptations des contrats de travail, et aussi les quorums minimum de participants, ce qui -selon la droite- est à nouveau contraire aux droits de tous.
- La Confédération d'Etudiants universitaires a invité à un défilé aujourd'hui à Santiago. Elle continue, depuis des semaines, à se manifester (régulièrement avec des défilés à Santiago et avec grève dans plusieurs universités) non seulement avec des réclamations au sujet de l'équipement et l'infrastruture de divers sièges, mais répétant la demande pour la "gratuité universelle" des études et l'élimination de l'épreuve nationale d'entrée. Le mouvement est dirigé par l'extrême gauche depuis des années (et plus de la moitié des étudiants ne participent pas aux élections de leur directive). Les défilés se terminent toujours avec des bagarres de jeunes masqués avec la police et, souvent, de mise à sac de commerces du parcours.
- La police arrête de plus en plus souvent des jeunes de 16 ans ou même moins pour vol avec violence. Une bande était même dirigée par un adolescent de 13 ans. Avec moins de 14 ans, selon la loi, ils sont simplement remis à leurs parents après quelques heures (et retournent à leur "activité", parfois même encouragés par leurs parents, eux-même délinquants). Ce sont aussi les plus violents et plusieurs portent des armes et les utilisent très facilement. (Une femme a été tuée il y a peu par un adolescent qui lui volait sa voiture, après qu'elle en était descendue sans se résister.) Le gouvernement a promis de mettre en marche un plan de prévention copié du "Positive Parenting Program" d'Australie, pour développer un meilleur contrôle parental.
- Le Chili a gagné le prix de "meilleure destination de tourisme d'aventure" aux World Travel Awards 2016.
- A partir de 2017, les nouvelles constructions devront compter avec un isolement thermique certifié. De plus, dans 26 communes il y aura un programme de subsides pour l'amélioration de l'isolement pour 200.000 logements (afin de réduire les frais de chauffage et la contamination qu'il génère).
- Deux (des cinq) opérateurs des bus de transports en commun de Santiago sont en situation compliquée à cause de leurs dettes, malgré que l'Etat a subsidié les cinq pour 5.907 millions de dollars depuis 2007. Ils réclament pour le manque d'infrastructure (couloirs de déplacement séparés, pour aller plus vite), mais le gouvernement assure y avoir investi 270,7 millions de dollars entre 2014 et 2016. Mais cinq axes sont encore à l'état de projet (de neuf prévus pour la période 2011-2015) et là, sans le couloir, la vitesse moyenne des bus baisse de 20kmh à seulement 9kmh, ce qui réduit la rotation et la quantité de passagers qui peuvent être transportés (et desquelles dépendent les subsides). Un autre grand problème est la resquille (28%), la plus haute du monde.
- L'ex-ministre des Finances du premier gouvernement Bachelet, aujourd'hui opposant et en voie de formar un parti politique indépendant de centre, critique que "les partis agissent plus aujourd'hui pour la galerie que pour l'intérêt du pays; il y a propension à des geste populistes, de parlementaires qui cherchent à être fameux pour quinze minutes". "Juste quand l'emploi se débilite et le chômage augmente, le projet de loi laborale prétend éliminer les facilités d'adaptation qui permettraient aux femmes et étudiants de travailler part-time."
- La nouvelle loi de contrôle des aliments (qui a introduit les sceaux de "Haut en graisse", "Haut en sucre" et "Haut en sel") interdit aussi la vente d'aliments avec ces sceaux dans les écoles (où il y a des quiosques qui vendent des "colations" pour la récréation du matin). Résultat: il y a maintenant un marché noir de douceurs, aux mains des écoliers à "vocation commerciale".
- Vu le mécontentement des électeurs pour les partis politiques traditionnels, cette année 16 nouveaux partis ont officialisé leur création et 9 de plus sont en voie de formation. Des 16, 10 sont de gauche, 3 de centre et 3 de centre-droite. Aux élection parlementaires de l'an prochain, il pourrait ainsi y avoir plus de 30 partis.
- L'ex-président Piñera a publié (en ce qui semble une plateforme pour son éventuel retour) ce qu'il considère les plus grandes urgences pour le futur du pays: 1. Incorporer la révolution technologique; 2. Y ajuster les emplois; 3. Améliorer la sécurité interne; 4. Ajuster l'éducation à la situation de l'"ère de la connaissance"; 5. Innovation et création d'entreprises, avec investissements en science et technologie; 6. Projetter des villes intelligentes; 7. Améliorer les conditions pour le troisième âge; 8. Améliorer l'attention pour les maladies chroniques et la médecine préventive; 9. Faire face au changement climatique. "Il faut récupérer le climat de dialogue. Il faut un grand projet national d'unité et de futur, ambitieux mais factible ..."

4 - La présidente Bachelet a annoncé hier soir par chaîne de télévision l'envoi au Parlement de son projet de loi de réforme de l'éducation supérieure, dont les composants ont été discutés depuis des mois avec les recteurs et des dirigents des étudiants... mais personne n'est content du projet et les discussions se prolongeront au parlement. Les universités privées sont particulièrement mécontentes car leur financement serait diminué et le contrôle de l'Etat, depuis l'admission jusqu'à la définition des titres et grades académiques, les critères des curriculums, les qualifications (et le minerval à celles qui recevraient des subsides). Alors que le programme du gouvernement avait annoncé la gratuité "universelle", vu la situation économique du pays (et les rentrées du fisc), la loi ne l'assurerait que pour 50% des étudiants (et au plus 60% à la fin de sa période). La gratuité pour tous coûterait 3.508 millions de dollars.
- Le gouvernement a qualifié de "stratégie de démolition" le programme de l'ex-président Piñera publié hier. La gauche assure aussi que le chômage est en augmentation depuis 2011, ç.à d. durant le gouvernement Piñera, alors que celui-çi a créé un million de nouveaux emplois.

5 - Une nouvelle maison a été incendiée en Araucanie, son propriétaire -qui était à l'intérieur- devant s'échapper par une fenêtre. Son véhicule a aussi été brûlé.
- Un groupe de 30 vendeurs ambulants a attaqué deux inspecteurs communaux qui les contrôlaient dans la ville de Concepcion. Dans la commune centrale de Santiago, alors que 500 commerçants ambulants ont été comptés, seulement 5 ont reçu una amende l'an passé. La bourgmestre y a annoncé le relancement des contrôles. La commune voisine, où est la gare centrale, qui en pâtit aussi gravement, fera de même.
- La confiance des entreprises dans l'économie locale continue à baisser et est à son pire niveau en 7 ans (et 27 mois en négatif).
- Le Chili est le 62° pays du monde en vitesse d'accès à internet (avec une moyenne de 7,5Mbps, cependant supérieure à la moyenne mondiale), bien que celle-çi ait augmenté de 15% cette année. Mais il est le 3° d'Amérique Latine. La vitesse la plus haute s'obtient en Corée du Sud (29Mbps), et en Suisse pour l'Europe (18,7Mbps).
- Il y a eu 158 détenus au cours de défilés non autorisés d'étudiants à Santiago et quelques autres villes. 20 ont été arrêtés lorsqu'ils tentaient d'entrer par la force au Ministère de l'Education.

6 - La police a demandé d'éviter les "actions d'autodéfense" en Araucanie, alors qu'elle est incapable de protéger les agriculteurs, églises et entreprises forrestières. Alos, ils doivent se laisser faire? Les associations de la région, bien sûr, ne sont pas d'accord.
- Le projet de réforme de l'enseignement supérieur ayant été reçu au Parlement, la gauche demande que les universités de l'Etat en soient "la colonne vertébrale" et prévoit que les discussions pourraient être longues et même ne pas arriver à terme avant les élections présidentielles de l'an prochain. Selon le projet, les universités devraient avoir 4 niveaux de minerval pour une même carrière, selon la "vulnérabilité" des étudiants. L'Etat couvrirait la moitié "plus vulnérable".
- Dans le pays, 33 supermarchés ont été fermés depuis le début de l'annnée, à cause de la délinquance.
- L'approbation de la présidente Bachelet continue à baisser: 22% en juin (24% en mai). Entre les gens qui se déclarent "de centre", l'approbation est tombée de 32 à 20%. La cause semble en être le changement de ministre de l'Intérieur: alors que l'antérieur freinait les excès, le nouveau est obséquieux avec la présidente et les idées extrêmes de son programme. Avec cela, l'idée revient de ce que "les gens ne comprennent pas les réformes et il faut mieux les expliquer". (Nous sommes tous des idiots?)

7 - Selon la revue spécialisée Times Higher Education, 11 universités chiliennes sont entre les 50 meilleures d'Amérique Latine. L'Université Catholique de Santiago est 3° et l'Université du Chili 4° de la région. Aucune des universités de la région ne se trouve dans les "top 200" au niveau mondial.
- Des entreprises mexicaines auront investi ici 3.300 millions de dollars dans les 3 dernières années si une des chaînes de grands magasins est achetée par eux (leur offre étant de 1.225 millions).
- Les exportations de viande de poulets ont augmenté de 20% cette année, atteignant 167 millions de dollars. Les exportations totales, au premier semestre, ont atteint 29.755 millions de dollars, le niveau le plus bas depuis 7 ans.
- Sur l'invitation de l'évêque de Temuco (Araucanie), et avec la participation de plusieurs ministres et divers représentants de la zone (tous choisis par la présidente Bachelet), a été formée une nouvelle commission pour étudier la situation et proposer des mesures qui puissent mener à une solution. Elle devrait travailler pendant six mois. L'association des victimes n'a pas été invitée et, bien sûr, les groupes insurgents n'étaient pas présents, ce qui jette des doutes sur les résultats possibles. Un bourgmestre local, invité, a refusé de participer, considérant que l'évêque "n'est pas un interlocuteur valide" et que seules des autorités politiques devraient intervenir, malgré quoi il a créé une commission paralèle, avec des représentants de communautés mapouches. Un des deux sénateurs de la zone (pas invité) a aussi objecté que "les problèmes ne se résolvent pas avec de bonnes intentions en prenant le thé".

8 - L'ex-commandant en chef de l'armée, J.E.Cheyre, qui fut le premier commandant en chef a reconnaître les violations des droits humains commises sous Pinochet et avait fait tout son possible pour réunir toute l'information de son institution sur la répression et demandé pardon au pays en 2003 au nom de l'Armée, a été arrêté et incarcéré, avec 8 autres ex-militaires, accusé de "complicité d'homicide" pour avoir possiblement connu des fusillements réalisés dans le régiment oû il était lieutenant en 1973. Il avait été nommé commandant en chef par le président Lagos en 2002, après révision de ses antécédents et carrière, qui avait conclu qu'il n'avait rien eu à voir avec de attentats contre les droits humains. La "chasse aux sorcières" continue, sans tenir compte des règlements de discipline militaire, assimilant la connaissance des faits avec la complicité et considérant que seule l'insubordination exhimerait de responsabilité (mais, comme avait été décrété l'état de guerre interne, l'insubordonné aurait inmédiatement aussi été fusillé). L'avocat défenseur de Cheyre a signalé que le général (R) a été l'objet "d'une persécution politique infame" depuis deux ans et qu'il croyait à l'intervention de faux témoins. Ce qui semble bizarre, c'est que rien n'est dit du pouvoir judiciaire de l'époque de Pinochet, qui avait rejetté toutes les demandes d'habeas corpus et autres dénonciations contre des militaires. (Voir lettre publique à la fin des "EXTRAS".)
- Nouvelle alerte et restrictions en raison du smog à Santiago.
- Le Ministère des Travaux a activé un plan de concessions de travaux publics pour 2.200 millions de dollars, qui partirait l'an prochain, afin d'obtenir des investissements et créer des emplois.
- Les villes d'Arica et Iquique souffrent d'une forte tempête de sable, avec des vents de plus de 100kmh à Iquique. Calama (dans le désert d'Atacama) souffre de pluies qui, en un jour, équivalèrent à ce qui y tombe normalement en un an (alors que le sud, normalement pluvieux, continue à souffrir de sécheresse).
- Un scandale est apparu à la direction de la Gendarmerie (les gardiens de prison), où il a été découvert que des traitements des plus hauts grades (ou les grades eux-même) étaient augmentés les deux derniers mois avant de prendre leur pension, celle-çi étant déterminée en fonction du traitement du dernier mois (leur régime de pension étant différent du reste de la population en raison des "risques de leur travail"). Ainsi, une sous-directrice (appartenant au Parti Socialiste, qui prêche "l'équité" et où elle sera passée devant le tribunal du parti) a obtenu une pension de plus de 5 millions de CLP (6.500 €), alors que, selon la loi, aucun fonctionnaire public ne pourrait recevoir plus de 1,5 millions (1.960 €). La Cour des Comptes a bloqué 5 cas, les déclarant illégaux, et le Ministère de Justice (dont ils dépendent) a ordonné une auditorie. Un ex-directeur de Gendarmerie a expliqué que la norme d'augmentation de la pension avait été déterminée il y a 25 ans pour les gardes (grades inférieurs) qui risquaient leur vie face à des délinquants dangereux, mais que, par la suite, cela avait été aussi appliqué à des chefs sans risque opératif. L'opposition a réclamé la démission de la ministre de Justice (mais elle a reçu l'appui des partis au pouvoir).

9 - Le gouvernement s'est mis d'accord avec le Mouvement Homosexuel - qui avait réclamé devant la Cour Interaméricaine de Droits Humains - pour promouvoir en 2017 une loi qui autoriserait le "mariage égalitaire" (entre personnes du même sexe) et même l'adoption. Il y a déjà une loi qui leur permet l'union civile, mais sans le nom de mariage.
- Le métro de Santiago a inauguré le pilotage automatique de ses trains, sur la ligne n°1 (très saturée), avec un investissement de 103 millions de dollars (coût de l'installation requise de 500 antennes et 130km de fibre optique). Cela permettra de réduire de 20 secondes l'intervale entre les trains, augmentant de 8% les 46.000 passagers de sa capacité par heure. Le même système sera installé dans les nouvelles lignes 3 et 6, en construction.
- L'espérance moyenne de vie est maintenant ici de 79,7 ans. Et on estime que les frais de santé des seniors augmentent de 17% par an. D'eux, il y a 43% d'hommes et 57% de femmes; 50% sont mariés (22% veufs); 71,9% n'ont pas complété l'enseignement secondaire. 65% des seniors qui sont chefs de foyer ont une pension inférieure à 250.000 CLP (327€) et 33% la moitié ou moins de ce montant.

10 - Une étude de l'Institut d'Etudes Urbaines de l'Université Catholique de Santiago démontre la "haute ségrégation inmobilière" de la capitale. Non seulement les communes du haut (est) de la ville (secteur "plus accomodé") ont jusqu'à 20 fois plus de zones vertes que les autres, mais y vivre exige aussi une capacité de payement (pour l'achat d'une résidence, même avec hypothèque) que seulement 1,7% des habitants possède. Ils sont ainsi les seuls qui peuvent vraiment décider librement où vivre et d'accéder ainsi aux meilleures conditions générales de vie. (C'est aussi dans ces secteurs que se trouvent la plupart des meilleures cliniques privées.) Seulement 40,5% des familles sont en condition d'obtenir un prêt hypothéquaire pour acheter une résidence, mais ne pourraient choisir que dans 20% de la ville où c'est plus économique. (Sur le plan joint, les zones jaune et orange sont les plus économiques; les bleu-foncé et gris sont les plus chères).
- La dette publique des Chemins de Fer est passée de 130 millions de dollars à 1.800 millions en un peu plus de 20 ans, mais le système a été récupéré et modernisé, transportant actuellement 25,3 millions de passagers, sur 2.200 km, et 10% de la charge transportée dans le pays. Les plans pour les "trains de proximité" aux alentours de Santiago et Valparaiso, sont cependant en retard de réalisation, excepté la modernisation de la ligne Santiago-Rancagua (qui passe par San Bernardo), la situation économique du pays exigeant une révision de ces plans. La droite accuse le gouvernement et le président de l'entreprise (qu'on vient de remplacer) de "négligence totale".
- Onze militaires chiliens iront en Colombie pour y participer à la mission de paix de l'ONU, pour la démobilization de la guerrille FARC.
- La trafic de drogue à la frontière nord est de plus en plus créatif: on l'a détectée dans le centre de cachuètes, oignons et autres végetaux et fruits, dans des (apparentes) pierres, meubles, jouets et, sous forme liquide, mêlée avec des boissons.
- Les langoustes de l'île Juan Fernandez (Robinson Crusoé) ont maintenant leur certification internationale d'origine, ce qui en triple le prix. Il y a 263 pêcheurs, qui capturent entre 100 et 125.000 unités par an. 80% sont exportées en France et Chine.
- Le parking de l'aéroport de Santiago est colapsé (souvent il n'y a plus où stationner), malgré qu'il peut coûter jusqu'à 23.000 CLP (30€) pour y rester une journée (ce que tendent à faire ceux qui font de brefs voyages à l'intérieur du pays). Pour deux jours, c'est plus que le prix du billet d'avion, mais moins que l'aller-retour de chez soi à l'aéroport en taxi (ce qui explique la préférence). Le Ministère des Travaux "cherche une solution" transitoire, jusqu'à ce que soient disponibles (en 2020) les nouveaux emplacements du nouvel aéroport dont va commencer la construction.
- Les conseillers de la présidente Bachelet ont fixé les objectifs de ses apparitions et discours prochains: souligner les "réalisations concrètes" de son gouvernement, pour qu'elle puisse "passer à l'histoire comme une estadiste qui a impulsé des réformes significatives".

11 - Quatorze parlementaires se sont réunis avec la présidente Bachelet pour discuter la situation de l'Araucanie et réclamer la fin de l'impunité. Ils demandent aussi des indemnisations pour les victimes. (Aucune réponse officielle pour l'instant.)
- Selon une enquête, deux tiers des travailleurs ne sont pas d'accord avec la réforme laborale (syndicale) que prétend réaliser le gouvernement. Ils voient que les principaux bénéficiaires seraient les dirigeants syndicaux, et seulement 1% croit pouvoir en retirer un bénéfice personnel.
- AB Inbev aurait de l'intérêt pour acquérir Naïf Drinks, une fabrique chilienne d'eau à base de fleurs.
12 - Le fisc souffre d'une baisse drastique de revenus à cause de la baisse du prix et des exportations de cuivre: ce sont 98% de moins dans ce secteur, en comparaison avec l'an passé, ce qui mène à un déficit fiscal général projeté de 3,2% du PIB et 1,4% à niveau structurel cette année. L'expansion espérée du PIB qui avait été estimée de 2,75% lors de la discussion du budget l'an passé, a été maintenant rabaissée à 1,75% par le ministère des Finances.
- Hier a été promulguée la nouvelle loi de transmission électrique, qui augmenterait la concurrence dans ce secteur et ferait baisser les prix. Elle facilitera l'envoi sur le réseau général de l'électricité produite par les nouvelles technologies solaires et éoliennes, actuellement limitée. Il y aura une meilleure coordination. Cette loi est considérée la plus importante du secteur depuis 1982.

12 - Le ministre des Affaires Etrangères a présenté aujourd'hui à la Cour Internationale de Justice de La Haye le mémoire de réponse du pays à la réclamation de la Bolivie qui prétend obliger à discuter d'un "accès souverain" au Pacifique. La Bolivie pourra y répondre et après, de nouveau le Chili, avant que les juges ne se prononcent. (Voir dans les "Extras" les origines du conflit. Vidéo officiel de 6 minutes à cette adresse)
- Des vents de 50kmh et plus se font sentir sur les côtes de la zone centrale (avec des vagues de 7 mètres à Valparaiso) et du nord, et de fortes pluies sont enfin arrivées dans le centre-sud.
- Le paracétamol est le médicament le plus vendu ici. L'Institut de Santé Publique a averti contre le danger d'un emploi en excès surtout des anti-inflammatoires et anti-migraines (beaucoup sont de vente libre et grandes ventes).

14 - Autre scandale à la gendarmerie: une centaine de gardes auraient eu une quantité excesive de congés-maladie (un même pour plus de 3 ans). Il y a enquête de la fiscalie.

Extras

Le Christ de nouveau crucifié (Extraits)
Joaquin Fermandois (El Mercurio, 5/7/2016)
(A propos de la destruction d'un grand crucifix par des manifestants masqués, le mois passé)
Cela n'était jamais arrivé ici, ni dans les pires moments de la polarisation entre cléricaux et anticléricaux, aux XIX° Siècle. Ni durant les querelles idéologiques du XX° Siècle. Maintenant, on fait la concurrence avec l'Etat Islamique en salvagisme pour éliminer le christianisme.
La tiédeur des réactions dans le secteur officiel et la gauche appelle l'attention. Entre indifférence, allégresse dissimulée et désamour, surtout avec un manque de reconnaissance du rôle qu'à jouée l'Eglise il y a quelques décades (la protection des persécutés par Pinochet) et qui était encensée alors. Maintenant, on l'injure et la soumet à dérision.
Une chose est de la blesser avec des caricatures comme celles de Charlie Hebdo ou tant de commentaires ignorants dans notre télévision. Cela semble inévitable. Un recours à l'hystérie fondamentaliste comme réponse détruirait notre civilisation. Mais détruire un crucifix comme provocation n'est pas un simple geste adolescent. C'est une espèce de nihilisme actif, un acte mécanique d'expansion physique dans une sorte d'extase pseudo-religieuse comme on voit parfois dans l'adoration de stars du sport ou de rock. Mais ce qui semble beaucoup plus grave, c'est l'indifférence ou insensbilité non seulement de la gauche mais de toute une partie gravitante de la société chilienne.
Le croyant s'en évanouit sûrement. Le non-croyant qui apprécie les créations de la civilisation humaine a aussi des raisons de préoccupation. Sans le respect pour des symboles liés à l'absolu vont s'envoler en fumée d'autres aspects de la vie civilisée. A la fin, il ne restera que la lutte entre les plus forts.

La nouvelle politique [et les lois imaginatives] (Extraits)
Carlos Peña, Recteur Université Diego Portales (El Mercurio, 10/7/2016)
La réforme de l'enseignement supérieur a apporté une nouvelle façon de faire de la politique. La présidente Bachelet l'a exercée: "Nous voulons qu'il soit établi par une loi de non-retour que le Chili a conqui un droit permanent qui sera progressivement mis en oeuvre".
Quand il a été découvert que la gratuité pour tous [dans l'enseignement supérieur] ne serait pas possible parce que les ressources ne suffisaient pas, plutôt que de l'admettre, on a inventé une formule remarquable et ingénieuse qui permettrait d'éviter de reconnaître l'échec et permetrait plutôt de dire que la promesse a été accomplie, qu'il y aurait un droit permanent à la gratuité. Quel est cet engin remarquable, cet esprit, cette invention qui, désormais, va orner l'activité politique, soulageant le travail mal compris de ceux qui dirigent l'État? C'est relativement simple: conférer un droit (dans ce cas, la gratuité), énumérant les conditions de fait (la croissance du PIB, inimaginable) qui, si elles existaient permettraient cet exercice. C'est ce que fait ce projet de loi. Il donne le droit permanent à la gratuité dans un Chili qui n'existe pas, mais qui pourraient exister.
Ainsi ont surgi, dans cette époque sans utopies, les lois contrefactuelles. Ces lois sont relativement simples (et il est surprenant, par conséquent, qu'ont ne les aie découvertes que récemment). Elles consistent à concéder quelque chose sans réserve, mais sous la condition d'une réalité actuellement inexistante.
Ces lois permettent de satisfaire tous les désirs, même les plus improbables, presque sans effort et juste avec la volonté indomptable de l'imagination.
Parmi les nombreux avantages des lois contrefactuelles, il est de permettre de supprimer l'écart inconfortable entre un programme et son accomplissement: le respect du programme est sa simple répétition, mais cette fois dans la loi. Ainsi, si le programme a promis la gratuité universelle, la loi le réalise en réitérant cette même promesse.
Lumineux et réalisateur (de cinéma)!

Santiago et ses plans de décontamination (Extraits)
Chaque année, 5.000 tonnes de particules s'accumulent dans l'atmosphère de Santiago. La situation géographique est le principal problème, insalvable: la ville dans le fond d'une vallée entourée de montagnes et souffre la plus grande partie du temps d'une couche d'inversion thermique entre 100 et 200 mètres d'altitude, qui empêche le smog de monter plus haut et esquiver les montagnes (sauf en été, où cette couche monte à 600 ou 800 mètres).
La ville a été déclarée "zone saturée de particules" déjà en 1996 et trois plans de décontamination ont été établis entre 1997 et 2010. Le dernier, actuellement en vigueur, se proposait de réduire la contamination de particules de 10 microns (MP 10), laquelle a baissé efectivement, mais pas au niveau espéré. On a aussi commencé à mesurer les particules de 2,5 microns (MP 2,5), qui sont les plus dangereuses por la santé (car elles se fixent dans les poumons) et on déclare déjà les restrictions aux transports et industries en fonction de leur quantité. On calcule que, depuis 1986, la proportion de ces particules a baissé de 69 microgrammes par mètre-cube (ug/m3) à 23,5 ug/m3. Mais on est encore loin de sortir de la situation de zone saturée selon les paramètres internationaux.
Un nouveau plan prétend assurer la diminution d'ici 2026, mais cela semble illusoire, car les améliorations qu'il y a eu ont été "mangées" par la croissance de la ville (de 5,8 millions d'habitants en 1997 à 7,1 millions actuellement, et de 865.000 véhicules à 1,9 millions). Il y a aussi des distorsions dans les calculs d'émissions et contrôles comme, par exemple, qu'une boulangerie (qui émet peu) doit fermer et une grande entreprise n'est pas affectée par la paralysation parce qu'elle a des technologies de filtration, alors qu'elle émet au total bien plus qu'une boulangerie. Et les poëlles au bois, généralement cités et aussi obligés à être éteints, ne sont que pour 7% dans la ville (le reste dans la campagne environante, non saturée).
Sur la guerre du XIX° Siècle avec la Bolivie
(El Mercurio, 10/07/2016)
Les arguments avancés dans le contremémoire [présenté par le Chili en réponse à la réclamation bolivienne devant la CIJ] approfondit l'histoire des frontières entre les deux pays et les raisons qui ont déclenché la guerre du Pacifique au XIXe siècle. Le document rend compte, par exemple, que le Chili fut le premier intéressé à établir les limites avec La Paz, par décret de 1842 qui avait fixé la frontière au parallèle 23, ce qui fut contesté par la Bolivie un an plus tard.
Les deux pays ont signé leur premier traité de limites le 10 Août 1866, à Santiago, où a été établi une ligne de démarcation au parallèle 24 et que les parties se répartiraient moitié-moitié les impôts d'exportation du guano découvert et non découvert entre les parallèles 23 et 24, l'intérêt principal des deux gouvernements dans la région.
La réponse chilienne explique que la Bolivie n'a jamais respecté complètement cet accord, ce qui a provoqué de fortes tensions diplomatiques. Ainsi, pour éviter les conflits, la présidence [chilienne] a été disposée à négocier un nouveau traité sur la frontière en 1874, dans laquelle elle renonçait à ses droits au nord du 24e parallèle contre un engagement explicite de La Paz de ne pas augmenter les impôts existants à toute l'industrie et capitaux chiliens pour une période de 25 ans.
Ce traitement fut violé par le gouvernement de Hilarion Daza en 1878, lorsqu'a été imposée une taxe de dix cents par quintal de nitrate exporté par la Société du Salitre et Chemin de Fer d'Antofagasta, de capital chilien. Celle-çi, refusant de payer, fut mise en vente aux enchères par le gouvernement bolivien. Ce fait est, selon les sources, la clé de l'argument historique du Chili, car il montre que la guerre du Pacifique s'origine dans une violation d'un traité par la Bolivie, qui n'a pas non plus répondu aux réclamations diplomatiques demandant de suspendre la hausse des impôts ou d'accorder une nouvelle solution.
    Note complémentaire
Le traité final de 1904 a otorgué à la Bolivie le libre accès à deux ports du nord, pour ses activités commerciales par le Pacifique. Mais, après la 2° Guerre Mondiale, a surgi un mouvement réclamant une souveraineté pour cet accès et ont eu lieu, à plusieurs reprises, des conversations binationales dans ce sens, mais sans résultats. Depuis que le président Morales est au pouvoir, il a toujours réclamé un droit supposé dans ce sens et a même modifié la Constitution y incluant le droit "imprescriptible" d'accès à la mer. C'est ce qui l'a poussé à commencer un procès à la CIJ.

La présence et la complicité
(Lettre publique de María Alicia Ruiz-Tagle sur le rôle des militaires sous Pinochet)
De par mon profond respect pour les familles des victimes qui ont passé plus de 40 ans en attente de justice, comme cela est arrivé avec ma famille, je ne veux pas entrer à commenter si le général Cheyre serait ou non coupable des faits qui lui sont reprochés, malgré mon opinion personnelle. Je me réfère uniquement à la question de savoir si la présence et la connaissance des faits par un jeune militaire, assujetti à la verticalité farouche du commandement en temps de guerre, peuvent être considérés comme de la complicité.
Quelques jours après l'assassinat de mon frère Eugenio aux mains des membres de la "Caravane de la Mort" à Antofagasta, alors que mes parents étaient logés à l'Hôtel Antofagasta, ils ont reçu un appel étrange la nuit; c'était le barman de l'hôtel, qui leur demandait de bien vouloir descendre pour voir ce qui se passait.
Il y avait un groupe de jeunes garçons, tous de la Force Aérienne, qui essayaient de se saoûler jusqu'à perdre conscience, pour étourdir l'horreur de tout ce qu'ils avaient vécu, si loin de ce que, jusqu'à ce moment, ils rêvaient lorsqu'ils décidèrent de s'enrôler dans les forces armées. Quand s'identifiairent mes parents, il y eut une véritable catharsis où, déchirés, ils ont dit les choses les plus terribles qu'ils virent faire à mon frère et, désinhibés par l'alcool, demandèrent pardon et pleurèrent devant l'impuissance de sentir qu'ils ne pouvaient rien faire s'ils ne voulaient pas être fusillés immédiatement à leur tour.
Dans une serviette en papier du bar de l'hôtel, ils ont noté les noms de cinq de ces monstres sadiques qui ont torturé, tué, rit et profité de leur pouvoir, l'un de la Force Aérienne et d'autres qui sont venus avec la Caravane. Cette serviette en papier, produit du conte amer de ces véritables enfants victimes des circonstances, fut importante pour mes parents. Les données ont été ensuite corroborées avec le général Joaquin Lagos -un homme bien qui a tenté d'empêcher les massacres, ce qui lui a coûté sa carrière- et d'autres témoins crédibles. Cela leur a donné le réconfort de savoir que, malgré tous les paravents lancés par Arellano [le général qui commandait la "Caravane de la Mort"] et l'armée de l'époque, ils ne faisaient pas l'erreur d'accuser des innocents, sans doute les plus faibles de la chaîne, mais les vrais coupables. Nous remercions cela à ces jeunes officiers, qui ont fait ainsi beaucoup pour moi et constituent la preuve que la présence et la connaissance peuvent être aux antipodes de la complicité.
Malheureusement, il n'y eut pas de justice alors pour ces hommes cruels, puissants et impitoyables, et ils n'ont été condamnés que quand ils furent déjà fragiles, malades ou personnes âgées atteintes de démence, et dignes de compassion chrétienne. Allons-nous aller maintenant poursuivre ceux qui ont été le maillon le plus faible en ce moment fatidique?
Beaucoup ont souffert de l'absence de justice pour ceux qui ont été exécutés injustement et sans charges. C'est pour cette raison que nous ne pouvons pas faire la même erreur aujourd'hui et publiquement lyncher quelqu'un avant que la justice puisse se former une opinion bien fondée et énergique de ce qui est réellement arrivé.
Que Dieu nous aide à ne pas échouer dans cette entreprise.