14/04/2019

Avril 2019 (a)

Politique
- Le gouvernement a envoyé au parlement un projet de loi sur "le bien mourir" qui ne contemplerait pas l'euthanasie mais seulement des soins paliatifs pour réduire la douleur. L'accélération de la mort restera interdite.
- L'approbation du président Piñera est tombée à 34%. Il serait perçu comme plus intéressé par les problèmes des hommes d'affaires que des citoyens courants.
- Le nombre d'étrangers vivant dans le pays est de 1.251.225 et les demandes de visas ont augmenté de 48% en un an. Le gouvernement a averti que les étrangers sans visa seront expulsés après le 30 mai (fin du délai pour demander un visa pour ceux qui sont en situation irrégulière).

Araucanie
- Les ataques incendiaires continuent.

Justice
- Trois juges de la cour d'appel de Rancagua ont été suspendus de leurs fonctions par la Cour Suprême et sont sous enquête por avoir reçu des pots-de-vin de la part d'avocats. 19 personnes seraient impliquées.
- L'Institut des Droits Humains a visité les prisons de l'Etat, détectant des manques de lits dans la moitié (il y a même des prisonniers qui dorment sur des paillasses dans les WC, par manque de place). La moitié n'ont pas d'eau potable ni accès aux WC durant toute la journée et l'hygiène laisse à désirer.

Sécurité
- Le président Piñera a annoncé par chaîne de radio et télévision un programme destiné à prévenir la consommation de drogue par les jeunes, copié de l'Islande.

Economie
- Environ 3.000 personnes ont manifesté à nouveau contre les fonds de pension, demandant de retourner au système de répartition, croyant que cela leur donnerait de meilleures pensions. (Qu'il est facile de les tromper avec des slogans! Leur montrer les calculs ne sert à rien.)
- Une étude de marché de la Fiscalie Nationale Economique (FNE) a révélé que les parents d'une école privée payent jusque 14 fois plus que l'Etat pour le même texte scolaire. La FNE propose diverses mesures tendant a permettre l'entrée de nouvelles maisons d'édition (2, espagnoles, concentrent presque toute l'offre), séparer l'élaboration de contenu de l'impression, favoriser l'achat direct par les collèges privés au lieu des achats individuels par les parents, et séparer les cahiers d'exercices pour permettre la réutilisation des livres.
- La Chambre a approuvé une loi sur les transports privés de passagers, qui passe maintenant au sénat: les firmes comme Uber et Cabify devront se constituer dans le pays et les véhicules et chauffeurs -qui devront avoir un permis de conduire professionnel- devront s'enregister dans une base de donnée du ministère des transports.
- Il y aurait ici un déficit de logements (maisons et appartements) pour 2,2 millions de personnes, selon une étude récente. (La plupart vivent dans des "campements" ou chez des membres de leur famille.)
- Les ventes en ligne (internet) ont crû de 39,4% l'an passé, atteignant 5.200 millions de dollars. Mais les entreprises locales se centrent surtout sur leurs offres et très peu sur les besoins des consommateurs (avec peu ou mauvaise réponse en cas de demande d'éclaircissement ou réclamation pour l'envoi).

Santé
- Le cancer digestif a été le plus fréquemment déclaré en 2018.

Communications
- Le Chili est le second pays latinoaméricain où on utilise le plus Whatsapp pour les messages interpersonnels.

EXTRA: La stupidité colectiva
Par Daniel Innerarity (Extraits du journal El País, de España)
Les catastrophes politiques doivent être attribuées à l'incompétence et non à la mauvaise volonté. Nos échecs collectifs s'expliquent mieux par un manque de connaissance que par la moralité. Si nous réfléchissons à la manière dont les crises surviennent, aux interactions qui les ont engendrées, nous vérifions qu'elles résultent de la fatale coïncidence de décisions, d’omissions et de reports irresponsables qui s’accumulent jusqu’à atteindre un point où arrêter ou corriger une certaine dynamique semble impossible. C'est ainsi que l'on peut comprendre le processus qui a conduit à la crise économique, comment les dommages écologiques et le Brexit sont causés.
Que se passe-t-il dans des sociétés démocratiques qui se retrouvent trop souvent dans des situations terribles, qui ne profitent à personne et que les acteurs politiques auraient évité de pouvoir les anticiper? Tout pour finir dans un désordre dans lequel nous ne faisons rien mais demandons comment nous sommes arrivés là. Pourquoi y a-t-il tant de chaînes fatales, de cercles vicieux, de tensions contagieuses, de radicalisations mutuelles et de chaînes d'erreurs? Comme il est difficile d’obtenir des jeux à somme positive dans lesquels tout le monde gagne et à quelle fréquence nous nous retrouvons dans des situations où tout le monde perd!
Nous agissons comme si l'impact que nos propres décisions ont sur l'ensemble (et qui finissent par nous affecter) est invisible. C’est le cas dans un monde où notre capacité organisationnelle n’est pas à la hauteur de ce que nous partageons et c’est pourquoi nous sommes souvent incapables d’éviter les effets catastrophiques de notre irresponsabilité accrue. Quelle est la rationalité qui sacrifie l'intérêt personnel à long terme sur l'autel des satisfactions immédiates?
Chaque consommateur, par sa consommation privée, peut collaborer à détruire l’environnement et chaque électeur peut contribuer à détruire l’espace public, ce qu’il ne veut pas et qui, en outre, l’empêcherait de répondre à ses besoins. S'ils avaient pu anticiper ce résultat et annuler ou, au moins, modérer, leurs intérêts privés immédiats ils auraient agi autrement.
Bon nombre des mauvaises décisions à l'origine d'échecs collectifs sont dues à une faible agrégation de décisions, qui n'étaient rien de plus que l'ajout de préférences individuelles à court terme. Peut-être que chaque décision prise qui nous a conduit au désastre n'a pas été particulièrement irrationnelle, mais en est la somme.
Nous devrions consacrer moins d’énergie à combattre les ennemis extérieurs et plus à notre propre irrationnalité.