14/05/2021

Carte d'influence politique de candidats présidenciels

(Synthèse)
Par Claudio Villegas, chercheur du Social Listening Lab, Université Catholique (El Mostrador, 29 mars 2021)

L'analyse se base sur la présence et les interactions, en avril, sur les médias sociaux, principalement Twitter, lesquels, à cause de la pandémie, sont la principale voie pour faire campagne**.
José Antonio Kast (extrême droite); 17% d'approbation publique
Il a un bon indice d'impact, mais restreint à une tranchée surreprésentée dans ces médias, une communauté de niche et très organisée, et ses messages n'arrivent à personne d'autre. Cette communauté a tendance à diffuser et à consommer du contenu conspirateur ou carrément extravagant, avec des opposés à l'ONU, diffuseurs de théories du complot comme la planification virale, les anti-vaccins et les terraplanistes.
Daniel Jadue (communiste); 24% d'approbation publique
Il a une grande communauté de fanatiques fidèles sur la Web et est également très actif. Mais de nombreux groupes de gauche se sont éloignés à cause de sa confrontation avec le monde de la santé pour les médicaments qu'il appliquerait dans la commune dont il est bourguemestre pour combattre la COVID.
Gabriel Boric (Front Ample); 15% d'approbation publique
Ses contenus ont rapidement réussi à imprégner les communautés d'autres secteurs. Il tente de maintenir l'image d'un «politicien dialoguant». Son irruption s'est accompagnée de la proposition de participation des travailleurs aux conseils d'administration. Cela lui a permis d'entamer une discussion autour de ses idées, générant un débat transversal sur le réseau, même avec des intellectuels conservateurs.
Pamela Jiles (Parti Humaniste); 54% d'approbation publique
Elle obtient des scores élevés sur les indicateurs d'impact et diversité d'interactions, révélant qu'elle s'adapte à plusieurs communautés grâce à des interactions de haute qualité. Sa stratégie comporte une attaque systématique à l'élite politique en général et contre des personnages spécifiques, tant de droite comme de gauche. Elle prétend prouver qu'elle n'a aucun intérêt partisan, en capitalisant une image personnelle plutôt qu'un ensemble d'idées. Elle profite aussi des événements politiques qu'elle parvient à s'approprier sans en être le promoteur originel, comme les retraits des fonds de pension. Avec cela, elle implique de grandes communautés transversales, leur faisant sentir qu'elles font partie d'une cause à laquelle elles contribuent. Et ces mêmes personnes commencent à considérer qu'il est utile pour leurs propres intérêts de la soutenir, une question absente dans le reste des candidatures. [De la pure démagogie, disent des analystes.]
Joaquin Lavín (UDI, de droite); 32% d'approbation publique
Est en 3e position en diversité, mais 6e en impact. Cela signifie qu'il n'a pas de communauté fidèle influente qui lui permette de générer des "trending topics", mais qu'il parvient à s'accorder avec différentes communautés numériques. Cela suggère qu'il n'a pas une grande capacité pour installer des thèmes.
Mario Desbordes (RN, de droite); 29% d'approbation publique
Ses indicateurs sont dans la moyenne, ce qui laisse à penser qu'il n'a pas de communauté très influente et que son contenu n'arrive pas toujours à se démarquer ou imprégner d'autres communautés, mais dans cette position il pourrait rapidement grimper dans des positions d'influence, selon les éventualités et comment elles seront gérées.
Sebastian Sichel (Evopoli, centre-droite libérale); 30% d'approbation publique
L'impact et la diversité de ses contenus sont systématiquement les plus faibles, ce qui montre que sa capacité à influencer l'opinion publique qui se manifeste dans les réseaux est égale à zéro. Il n'a aucune communauté influente qui le suit, et ses messages ne parviennent pas non plus à être entendus par les autres communautés. Ces dernières semaines, sa présence s'est accrue, mais sans obtenir de grands résultats.

** Avertissement des experts: Les médias sociaux, et spécialement Twitter, ne représentent pas la réalité mais tendent à renforcer les positions extrêmes (polarisation) alors que, dans la réalité, les modérés sont majoritaires. L'étude présentée ici pointe vers l'impact possible seulement sur les lecteurs de ces médias. Assez peu de personnes les suivent sans doute, mais les "tuits" (et les réponses) aident à définir l'agenda des médias traditionnels.
Les pourcentages d'approbation signalés sont de l'enquête du Centre d'Études Publiques et non de cette étude, et ne signifient pas nécessairement un appui politique.