14/11/2016

Novembre (a)

2 novembre - Le long week-end s'est soldé avec plus de 1.000 accidents de la route, qui ont fait 25 morts.
- Les familles consacrent entre 20.000 et 300.000 CLP (de 27 à 414 €) par mois en éducation (le plus bas correspond aux écoles primaires, le plus haut aux collèges privés et universités), selon une enquête officielle sur les rentrées et dépenses des foyers.
- Le Chili reçoit moins de rayons cosmiques (X et Gamma) que l'hémisphère nord (moins de la moitié), selon une étude avec des ballons stratosphériques (lancés au Chili et aux Etats-Unis par des chercheurs qui travaillent avec la NASA). Il faudrait cependant plus de mesures dans le temps pour savoir si c'est un phénomène continuel ou temporel.
- Le métro de Santiago a atteint une densité de 6 passagers par mètre carré, une des plus hautes du monde (On considère que le niveau optimum est 3).
- Dans le secteur des mines, la productivité laborale a baissé de 42% entre 2005 et 2015. Il y a en moyenne 3 exécutifs et 3 superviseurs pour chaque ouvrier!
- Une célébration de mariage coûte ici en moyenne 6,5 millions de CLP (8.965 €).

4 - Nouveaux incendies de machines, de camions et d'un hangar en Araucanie.
- Le mouvement contre les Fonds de Pensions a convoqué à une grève nationale au travers des média mais aussi d'un "blog" sur internet, où apparaissent les noms des organisations qui soutiennent ce mouvement, en majorité d'extrême gauche. C'est là "le peuple" au nom duquel prétend parler le petit groupe qui convoque à la grève et aux manifeststions violentes? L'appel était à faire toutes les formes possibles d'expression en public. Ainsi, il y a eu des barricades avec pneux incendiés dans plusieurs endroits de Santiago au petit matin et deux bus incendiés, des manifestations avec tambours de caceroles, des défilés terminant en bataille avec la police. Les fonctionnaires publics, les fédérations d'étudiants et le syndicat des professeurs y avaient adhéré convoquant au moins à des manifestations sur les grand-places. Des milliers de chiliens n'ont pu faire les démarches dans les services publics ni voir les médecins de la santé publique, dont les employés faisaient grève; même des chirurgies ont été remises à plus tard. La présidente Bachelet a finalement réagi affirmant que rien ne s'obtiendrait par la violence. Qui écoute et rend compte de l'opinion des gens qui ne demandent qu'à poursuivre leurs activités normales, gagner leur vie "à la sueur de leur front" et progresser sur la base de leurs propres efforts?
- Tous les fonds de pension ont eu une rentabilité négative en octobre.
- L'approbation pour la gestion de la présidente Bachelet a augmenté de 5% depuis août, mais reste à 24% et la confiance des hommes d'affaires continue à être négative. L'ex-président Piñera est monté à 37% de préférence.
- Les partis de la "Nouvelle Majorité" (coalition au pouvoir) ont présenté au gouvernement une proposition de procédés destinés à une meilleure coordination. La Démocratie Chrétienne a aussi repris ses contacts. Entre les thèmes prioritaires fixés ne figure plus l'élaboration de la nouvelle Constitution (bien que l'idée n'est pas abandonnée). Éducation, santé et sécurité publique sont ces prioritaires.
- Nouvelle vague de chaleur dans le centre du pays: 33° à Santiago et 37° à San Felipe (entre autres villes affectées). 15 incendies de forêts dans la région de Valparaiso.
- Un tremblement de terre de magnitude 6,4 Richter a été ressenti à la ville de Talca (sans causer de dégâts), et environ magnitude 5 à Santiago.

5 - La Cour Suprême a envoyé à la présidente Bachelet une lettre pour se plaindre du manque d'attention pour les projets de lois du secteur judiciaire et de la congélation de la rémunération des juges.

6 - La sécheresse s'étend déjà à 72% du territoire et sera de plus en plus critique dans la zone centrale. Les glaciers, qui existent en haute montagne près de Santiago, ont perdu jusqu'à 70% de leur extension depuis 1955, leur situation actuelle mettant en danger la disponibilité d'eau potable pour la capitale.
- Une enquête, réalisée seulement à Santiago, a montré que 44% des enquêtés estime que le Parlement n'aurait pas dû rejeter (avec 97 votes contre 0) le projet d'actualisation des rémunérations du secteur public (ajusté seulement à l'augmentation de coût le vie, de 3,2%), démonstration d'une politique fiscale qui s'attient aux restrictions actuelles de l'économie du pays. 27% estimèrent ce taux "trop bas". 57% ne savaient pas que les employés publics gagnent déjà, en moyenne, 55% de plus que la moyenne nationale.
- Plusieurs dirigeants de la droite estiment que ce fut une erreur des parlementaires de ce secteur de participer à ce rejet au lieu d'appuyer le sérieux du ministre des Finances, car ils ouvrent ainsi la porte à des projets populistes mais irresponsables et contraires à une gestion saine des finances publiques.

7 - Les fonctionnaires publics et même les centres de consultations médicales du système public ont décidé de continuer de faire la grève. Les centres médicaux mettraient un personnel minimum pour voir les "cas urgents", pour "raison éthique" (au moins!), mais tous les autres patients devront reprogrammer (jusqu'à 3 mois plus tard!). Dans les rues de la commune de Santiago, chaque jour s'accumulent 100 tonnes d'ordures de plus qui ne sont plus recueillies, avec toutes les conséquences dues aux hautes chaleurs. Le gouvernement a annoncé qu'il décomptera les jours non travaillés (mais cela n'arrive jamais, car le faire provoque une nouvelle grève).

8 - Les bénéficiaires de bourses d'études de post-grades de la Comission Nationale de Science et Technologie protestent par ce que cette comission leur réclame maintenant des certificats de fin d'études (qu'ils ont déjà envoyé lorsqu'ils terminèrent) pour pouvoir obtenir des fonds pour leurs projets de recherches "par ce que l'acte administratif qui déclare la fin de vos obligations n'a pas été dicté". La plupart ont envoyé dans les délais prévus les documents légalisés (cachetés dans le pays de leurs études), chose qu'il est impossible de reproduire. Un incroyable désordre administratif d'un organisme dédié à la science!
- La présidente Bachelet a signé aujourd'hui une instruction qui obligera "progressivement" les projets de lois envoyés par l'exécutif au Parlement d'être accompagnés d'une étude de leurs effets sur la productivité.
- L'ex-président Lagos a fait remarquer qu'un des problèmes des administrateurs de fonds de pension (AFP) est l'utilité qu'ils obtiennent sur le capital qu'ils ont investi (pour constituer et faire fonctionner leur entreprise), qui se situerait entre 22 et 30%, chose que n'obtient aucune autre activité et que les règlements qui s'appliquent aux entreprises d'utilité publique ne permettent pas de dépasser 10% (mais ne s'appliquent pas aux AFP, alors qu'ils devraient l'être). L'opinion de Lagos est que les 5% d'augmentation des cotisations devraient passer entièrement à une entité de l'Etat "qui les administre de façon transparente et efficiente".
- Hier a eu lieu ici le "CyberMonday", jour d'offres spéciales de vente par internet, ventes qui ont crû de 40% en comparaison avec l'édition de 2015. La moitié du trafic numérique a été à partir de téléphones "intelligents" (smartphones). L'expérience continue aujourd'hui et 140 entreprises y participent.
- Les parlementaires ont de nouveau rejeté le projet de loi sur l'ajustement des traitements de la fonction publique, malgré que les modifications apportées par le gouvernement l'avaient été avec l'accord des chefs de partis (ce que le président des communistes a cependant nié). Le PC, qui contrôle l'association syndicale la plus importante, est le principal opposant. Les dirigeants des syndicats publics refusent dorénavent de discuter avec le ministre des Finances et l'ont même insulté au Parlement (où ils ont dû être expulsés de la tribune à cause du désordre provoqué). Ce seront eux (et les fainéants les mieux payés) qui définiront l'économie du pays? La grève continue!

9 - Le triomphe de Donald Trump inquiète beaucoup ici (comme dans le reste de l'Amérique Latine), surtout pour le commerce avec les Etats-Unis. Le ministère des Finances et la Banque Centrale invitent à la tranquilité mais les analystes du marché accionaire anticipent un impact négatif. Sauf pour le prix du cuivre, qui a augmenté de 20%.
- Nouvelle attaque en Araucanie, cette fois à un camion de transport de valeurs, dont un des gardes a été assassiné. Une fabrique de cellulose a dû cesser ses opérations, les transporteurs de la région refusant de la servir par manque de sécurité.
- Les recteurs des principales universités privées ont averti que le déficit que génère le payement par l'Etat des minervaux des étudiants qui ont droit à la gratuité est impossible à soutenir dans le temps. (L'Etat détermine et paye -avec aussi beaucoup de retard- un "montant moyen" inférieur au coût réel dans ces universités.)
- Une bande de 5 filles d'entre 13 et 18 ans, accompagnées de 2 hommes, a dévalisé la maison d'une femme de 73 ans de Santiago, la rouant de coups, lui fracturant une main et plusieurs côtes, et la menottant, mais la police a pu les arrêter, les voisins l'ayant avertie lorsqu'ils entendèrent les cris. La police a enregistré cette année 5.108 femmes ayant commis des délits contre les personnes.

10 - Les juges, fiscaux et défenseurs publics défilent aujourd'hui dans toutes les villes du pays pour protester contre la congélation de leur salaire.
- La présidente Bachelet a affirmé qu'au Chili il n'y a "ni crise économique ni crise politique" (malgré la dette croissante de l'Etat et les désaccords constants entre elle et les partis politiques de son propre secteur).

11 - Entre 2006 et 2017, les péages des autoroutes urbaines de Santiago auront augmenté de 51%. (Il ya des portiques qui chargent automatiquement le montant près de chaque entrée et sortie.) Entre 2005 et 2015, le nombre de véhicules motorisés en Région Métropolitaine a augmenté de 78,6%, ce qui explique les bouchons sur ces autoroutes aux heures de pointe. Malgré ces bouchons et l'augmentation des prix à ces heures, on calcule que seulement 5% des chauffeurs les évitent. Et on annonce la vente de 300.000 nouvelles autos dans le pays en 2017.
- Une nouvelle chapelle catholique a été incendiée en Araucanie. Les agriculteurs de la région ont demandé à la présidente qu'elle élabore une politique anti-terroriste pour affronter la violence dans cette région. (Mais le gouvernement s'est toujours refusé à considérer qu'il y a terrorisme.)
- Une grande partie de Santiago est couverte par de la fumée, à cause d'incendies de pâturages (côté nord) et de forêts (colines de l'est et du sud) et d'ordures (dans le centre).
- Une comparaison du travail dans les mines de plusieurs pays a montré que le mineur chilien produit 37% de moins que dans le reste du monde.
- Une étude de paléologues chiliens sur des fossiles trouvés dans l'Antartique ont conclu qu'il s'agissait d'un type auparavent inconnu de déprédateur marin, qui a vécu à la fin de l'ère des dinosaures, lequel a reçu le nom de Kaikaifilu hervei. Il mesurait plus de 10 mètres de long et avait un crâne de 1,20m, étant ainsi la créature marine la plus grande ayant vécu dans les eaux australes.

13 - Le déficit habitationnel a augmenté de 5.441 cas (équivalents à familles) et les constructions précaires ont augmenté de 10.000 (bidonvilles) en deux ans, surtout à cause des tremblements de terre qui ont fait du dégât dans le nord, au début de ce gouvernement, où 3.629 maisons sont en retard de reconstruction, mais aussi de la nouvelle politique dans ce secteur qui a affecté les familles de classe moyenne. La revente de maisons est tombée de 15% au second trimestre et celle d'appartements de 4,3%.
- 27 des bus des transports en commun de Santiago sont arrivés -en 12 ans- à la fin de leur vie utile, qui avait été fixée à un million de kilomètres. 370 autres arriveront à cette quantité dans les prochains mois. Leur remplacement, cependant, n'est pas prévu avant 2018.
- Une nouvelle enquête de l'Université Catholique de Santiago ensemble avec une firme spécialisée, montre une baisse de l'appréciation pour la responsabilité et l'effort personnel (31%), augmentant l'attente de l'intervention et de garanties de l'Etat (38%), ce qui semble être le fruit des promesses du gouvernement dans le sens de l'"universalité des bénéfices". La croyance en un conflit entre "riches et pauvres" a baissé de 59% l'an passé à 55% cette année, entre "gouvernement et opposition" a aussi baissé de 71 à 64%. 79% considèrent que leurs propres idées ne sont pas représentées dans l'actuel gouvernement et 81% dans le Parlement. 76% considèrent que l'égalité devant la loi n'est pas garantie. 62% considèrent importants les syndicats pour améliorer les conditions des travailleurs, mais seulement 4% des travailleurs sont syndicalisés. 73% disent n'avoir jamais appartenu à un groupe ou organisation religieuse (malgré que la grande majorité des chiliens se déclare catholique!?); seulement 8% y participent activement.

14 - Quatre camions encendiés en Araucanie.
- Le Collège des Médecins a décrété une "alerte sanitaire" à cause du manque de services dans les hôpitaux et consultations du système public, suite à la grève. La faute en est rejettée sur le gouvernement "qui est inflexible" (sur l'augmentation de 3,2%, mais a offert des "bons" payés une seule fois) et non sur les syndicats (qui exigent encore au moins 4%)! La grève continue. Le Parti Communiste n'a pas voulu participer à une réunion de tous les partis de gauche pour aborder ce thème. La présidente est au Maroc, à la conférence sur le changement du climat (auquel Trump ne croit pas).
- Les incendies d'herbe et de buissons secs continuent dans tous les alentours de Santiago, suite à la vague de chaleur (plus de 30° à la moitié du printemps... et le climat n'aurait pas changé, Mr.Trump?).
- Les vols à la tire ont augmenté de 39% ces 4 dernières années en Région Métropolitaine. L'horaire "préféré" est après 16 heures (aux heures de pointe du retour du travail).
- Le nombre de femmes qui commencent leur propre affaire a augmenté de 8 à 22% en dix ans.
- La chocolaterie chilienne La Fête, qui ses propres champs de cacao au Mexique (et un expert belge) projette d'ouvrir 20 magasins en 5 ans aux Etats-Unis, commençant ces jours-çi avec un à Atlanta.

Extra: Qu'est-ce qui ennuye la Démocratie Chrétienne? (Extraits)
Par Eugenio Tironi (Journal El Mercurio, 1/11/2016)
Il est probable que la réaction de la Démocratie Chrétienne [s'exclure du "comité politique" après les élections et les licenciements commandés par la présidente] est le symptôme de quelque chose de plus profond et qui a été en incubation pendant une longue période.
Selon la théorie psychanalytique, ce symptôme est la représentation d'un désir qui a été refoulé ou censuré par la conscience, et est exprimé de façon un peu étourdie, donnant des rodéos, s'écartant de son but, se défigurant, ou en se déchargeant sur des objets étrangers. Il y a une partie de cela dans le geste DC. C'est l'expression d'un désir qu'elle n'est pas capable d'interpréter, et qui explose périodiquement d'une manière qui, à première vue, n'a pas beaucoup de justification: le désir d'être prise en compte.
Les démocrates chrétiens estiment que leur sensibilité, leurs doutes, leur esthétique et, pourquoi pas, leurs craintes ne sont pas respectés [dans la coalition dont ils font partie]. Les "autres" semblent condescendants, mais finalement les voient comme des obstacles, comme des survivants conservateurs même, qui manquent de courage; non pas comme le reflet d'une vision qui mérite d'être reçue, interprétée et intégrée.
Ce malaise est enraciné dans un événement historique plus large: la baisse qu'a connu, à tous les niveaux, de ce que nous pourrions appeler le catholicisme-communautairien, qui est la source de l'identité DC. Il a d'abord été frappé par le discours marxiste qui se propageat au sein même de la DC, avec la radicalisation des années soixante du siècle dernier. Puis il a subi le harcèlement de l'école de Chicago [économistes], qui était le soutien intellectuel d'un catholicisme pragmatique, individualiste, néolibéral et anti-communautairien, qui a déplacé la DC de l'élite économique.
Aujourd'hui, le harcèlement provient de la laïcité militante, qui a colonisé le centre-gauche, dont l'objectif principal -avant l'égalité, la prospérité ou la démocratie- est l'émancipation de la sphère publique de l'influence de la religion, que ce soit par les institutions, les croyances ou les rites.
Une étape importante a été le remplacement de la "Concertation" par la "Nouvelle Majorité" [avec l'inclusion du Parti Communiste], qui a été réalisée avec une stricte logique du pouvoir, indépendamment des sensibilités culturelles en jeu. Ceci a effacé le délicat équilibre entre les visions catholiques-communautairiennes et les visions séculières atteint sous la dictature, motivé par le désir de composer une vision commune. Le résultat a été une coalition qui manque d'empathie et d'objectif commun, et qui ressemble plus à un champ de bataille. Le sécularisme militant regarde la DC comme un adversaire, une cinquième colonne, tandis que les démocrates-chrétiens regardent avec impuissance comment la laïcité -que certains identifient par erreur avec les communistes- remet en question sa raison d'être, pousse le peuple catholique dans les bras de la droite et applaudit joyeusement sa décadence. C'est ici, et non pas dans un épisode particulier, où jaillissent les ennuis de la DC.

Y a-t'il un remède pour le Chili? (Extraits)
Par Roberto Ampuero (Journal El Mercurio, 6/11/2016)
[Vendredi passé, 5/11] Dès six heures du matin, les radios et les chaînes de télévision ont rapporté le début d'une grève nationale avec des barricades, des clous pour crever les pneus et des cocktails Molotov. Puis aussi des troubles, des affrontements entre la police et les manifestants, des autobus en feu, de la violence concertée, et d'autres attaques terroristes en Araucania. En même temps, les dirigeants anti-AFP (fonds de pensions) ont appelé à occuper les rues, les écoles et les universités, de ne pas aller au travail, pour exprimer "la colère" et l'indignation contre les AFP, tandis que d'autres ont prononcé des discours enflammés au nom du "peuple". La police n'a pas pu y faire face, et celui qui voulait continuer avec sa vie quotidienne, était à la merci des émeutiers, ce qui a donné l'impression que l'état de droit "marquait occupé".
C'est-il une phase passagère, facilitée par un gouvernement de haut rejet populaire qui ne coordonne pas ses parlementaires? Nous sommes confrontés à une période de transition qui va changer dans un an et demi, lorsque la nouvelle administration viendra, ou c'est le nouveau Chili qui nous attend et auquel il faut s'habituer dès maintenant? Aurons-nous à dire au revoir à l'Etat solide, stable et institutionnel, où la démocratie a appris à régler ses différends par consensus, et qui grâce à cela à obtenu la reconnaissance continentale? Faut-il s'adapter peut-être à l'idée que ce sera le Chili où nous allons vivre pendant une longue période: dangereux dans le domaine public, haineux dans la vie civique, turbulent en politique, avec une vie médiocre en performance économique, ponctuée par des grèves, des émeutes et des occupations d'édifices publics? Faut-il se faire à l'idée que ce sera ainsi à partir de maintenant au Chili, à savoir un pays où tous ceux qui veulent se lancer dans les rues et les occuper pour demander ce qu'il juge approprié, aura le droit de le faire, peu importe le mal qu'il cause à la vie de millions de personnes qui veulent continuer à travailler ou étudier ou simplement aspirent à vivre leur vie quotidienne?
J'ai entendu, effrayé, vendredi matin Luis Messina, le leader du mouvement "No + AFP" [non plus de fonds de pensions] qui a essayé de paralyser le Chili ce jour-là. Au début il nous a rappelé l'action d'un préteur instigant ses troupes. Il a invité tout le monde à exprimer de l'indignation, de faire sentir sa «colère» et sa rage contre les 5% des gens qui remplissent aujourd'hui leurs poches prétendument au détriment de 95% des chiliens qui souffrent d'exploitation et d'abus, et pour justifier les expressions de frustration, il justifiait l'occupation des rues. Puis, quand les journalistes lui firent voir ses excès comme origine des souffrances et tourments de ceux qui voulaient poursuivre leur existence quotidienne, il a désavoué la violence. Cependant, il revint bientôt à accepter qu'il comprenait l'indignation de ceux qui entravent la vie de la majorité qui avait l'intention d'aller travailler ou étudier, et finit par en rendre responsable le gouvernement.
Voilà ce qui arrive habituellement: le populisme ne peut pas contrôler les forces qu'il déchaîne lorsqu'il ouvre la boîte de Pandore. De plus le populiste pense qu'il parle au nom du «peuple» et que sa cause est juste et majoritaire.