14/12/2018

Décembre (a)

Araucanie
- Des machines pour une valeur de 1.000 millions de CLP (1,3M d'€) ont été incendiées en Araucanie. Un chauffeur a était atteint au visage par un tir de fusil de chasse. La confiance est cependant en hausse dans les secteurs de la construction (grâce aux plan du ministère des Travaux Publics), commerce et industrie.
- Les 4 policiers de la patrouille qui a tué le jeune mapouche ont été mis en prison par le juge d'instruction. Celui qui a tiré la balle mortelle a été identifié et inculpé d'assassinat; un second est inculpé de tentative d'assassinat sur l'adolescent qui accompagnait le défunt (les deux étant désarmés) et les deux autres d'obstruction à l'enquête vu leurs mensonges et la destruction de la carte mémoire de la caméra qui enregistra le fait.
Un des carabiniers imputés a assuré que cette destruction fut le produit d'un ordre supérieur. Cette déclaration a été diffusée sur les réseaux sociaux, ayant été prise par un compagnon sur un smartphone, chose interdite pour des détenus. Ce compagnon a été expulsé de l'institution par ses supérieurs, pour infraction aux règlements. Il a été su plus tard que le témoignage mensonger avait été rédigé par l'avocat institutionnel qui les défendait et ce dernier a été mis à la retraite et est maintenant imputé par le procureur chargé du cas. Son supérieur a aussi dû démissionner. (C'est le second scandale de déclarations mensongères.)
Dans une interview de radio, quelques jours plus tard, le président Piñera a déclaré que "les gouvernements avaient fait trop foi" aux déclarations de la police. Il a appelé le commandant en chef et les généraux supérieurs au palais pour les réprimender. Ensuite, deux nouveaux officiers supérieurs de la région et le général directeur de Sécurité ont été mis à la pension pour négligence dans leur fonction et seront imputés par le Ministère Public pour obstruction à l'enquête, ce qui provoque du malaise dans les cadres supérieurs. Le ministère de l'Intérieur a exigé au général directeur la présentation d'un plan d'action détaillé pour l'Araucanie d'ici mars et le secrétaire de l'Intérieur surveillera directement entre-temps toutes les activités et mesures dans la région. On commence a parler de mauvaise formation à l'école de police et de manque d'autorité des cadres supérieurs. (Voir Extra)
L'exécutif a publié un nouveau décret qui règle l'emploi de la force par la police, en accord avec les recommendations des institutions internationales de droits humains.
- Un groupe de chefs mapouches s'est réuni et, demandant que toute la force publique soit retirée de leur "territoire ancestral", a déclaré que la lutte continuerait. Un autre groupe et les syndicats de la région ont répondu positivement à l'appel de 11 confessions religieuses en faveur de la paix et du dialogue. Le président Piñera a ensuite annoncé le retrait du Groupe d'Opérations Spéciales des Carabiniers qui avait participé au fait qui causa la mort du mapouche, mais que les forces spéciales ordinaires seront renforcées. Pour les parents du défunt, c'est "une mauvaise blague" et les entreprises de la région se disent déçues car c'est "céder aux pressions", ce que les partis de droite questionnent aussi, alors que la gauche trouve que cette mesure permet de rouvrir le dialogue.
- Le ministre de l'Intérieur, interpelé au Parlement, a répété que le gouvernement avait été supris par les nombreux mensonges de la police et qu'il considère qu'il y a terrorisme en Araucanie, vu que les attaques provoquent de la peur dans la population. Il a aussi réité les condoléance pour la famille du défunt et la nécessité d'un dialogue, mais sans menaces, ainsi que le prochain envoi au parlement d'un projet de réforme de la Constitution qui introduira la reconnaissance des "peuples originaires".
- 200 emplois ont été perdus des suites des récents attentats en Araucanie.
- Le Front Ample (extrême gauche) critique comme la droite le manque d'actions des gouvernements de gauche passés et se dit disposé à discuter des nouvelles mesures avec le gouvernement.

Politique
- L'approbation pour la gestion du président Piñera est tombée à 37%, la réprobation montant à 39% (très semblable à Bachelet lors de sa première année). 53% disent qu'il a agit avec débilité. Les principaux représentants du Front Ample sont mieux évalués que ceux de la gauche traditionnelle. Les préoccupations principales des citoyens sont les pensions et la délinquance, puis la santé et l'éducation. 53% se disent "assez heureux" et 26% "très heureux" de leur vie actuelle, ensemble 8% de plus qu'il y a 10 ans et 20% de plus qu'il y a 20 ans.
- Le président Piñera a présenté un "Plan nationel de cancer" et signé un projet de loi qui créera un Fonds national et un système fiscal de stimulants -comme des exemptions tributaires- pour les particuliers et entreprises qui lui apportent des ressources pour la prévention et le traitement de la maladie. 20.000 millons de CLP (26.000€) seront prévus chaque année pour l'équipement de centres de traitement. Ici, il y a chaque année 45.000 nouveau cas et 25.700 décès pour sa cause. Le pays a seulement la moitié de l'équipement nécessaire pour traiter tous les patients et il n'y a qu'une centaine de médecins spécialistes alors qu'il en faudrait entre 400 et 500. Le plan considère la formation de 130 d'ici 2020 ou des engagements à l'étranger.
- Il a aussi demandé à son cabinet a être plus exigeant dans sa gestion, "accélérer le pas", "mieux se communiquer", et a fixé 15 projets prioritaires pour l'an prochain, dont les lois de reconnaissance des "peuples originaires" et sur leur participation politique.
- Malgré qu'une représentation du parlement était au Maroc, participant aux discussions sur le Pacte de Migration proposé par l'ONU, le ministère de l'Intérieur du Chili a décidé de se retirer et le ministre des Affaires Etrangères n'y est pas allé, étant en désaccord avec la considération de la libre migration -ce qui annulerait les frontières-, avec le manque de distinction entre migrants réguliers et irréguliers, l'obligacion d'offir à tous des "services de base" équivalents ainsi que des "routes sûres". L'exécutif considère que l'Etat a le droit d'établir les normes d'entrée et de permanence des étrangers et ne peut être obligé à financer le retour des repentis. Le président Piñera a déclaré qu'il discuterait des règles d'inmigration avec les chiliens et non avec des fonctionnaires internationaux. L'ex-président Frei a aussi répudié ce pacte, disant que l'on ne peut accepter que nous soient imposées de l'étranger les conditions d'entrée des émigrants. Face au vote à l'Assemblée de l'ONU, le plus probable est qu'il y ait abstention, car elle permet de faire enregistrer les doutes et différences, alors que le rejet mettrait le Chili au côté de Donald Trump.

Economie
- La confiance des consommateurs est tombée à son niveau le plus bas depuis 15 mois et la plupart des chiliens considéreraient moins dépenser en cette fin d'année que l'an passé, en moyenne 190.000 CLP (243€), dont 110.000 (141€) pour des cadeaux, pour célébrer la Noël.
- La confiance des entreprises est tombée pour la première fois en zone négative depuis le début du gouvernement Piñera.
- L'économie a cependant crû de 4,2% en octobre et l'anné devrait se terminer avec 4% de croissance.
- La participation d'émigrants à la force de travail a doublé en 3 ans, atteignant les 800.000.
- L'indice d'incertude économique (qui considère la situation locale et internationale) a fort augmenté en novembre.

Jeunesse
- Les "millennials" (nés entre 1980 et 2000) sont déterminés et persévérants, mais 35% ne savent pas faire des calculs simples (comme diviser un nombre par 5) et 74% ne parlent pas l'anglais. Leur niveau d'autoestime est de 3/4, 88% sont adroits avec les technologies numériques et 93% utilisent un smartphone. 90% croient qu'ils obtiendront le travail qu'ils désirent.
- Un tiers des étudiants de moyenne a consommé du cannabis. C'est un record sudaméricain!

Climat
- La Direction de Météorologie annonce un été avec des températures supérieures aux normales, pouvant arriver à 39°C au sud de Santiago.


  • Note: Comme on peut observer, j'ai abandonné le format journalier, groupant les nouvelles par thème, ce qui - je pense - facilitera la lecture et la compréhension.


EXTRA: Préoccupation pour la police (Extraits)
(Editorial de El Mercurio, 8/12/2018)
La grande majorité des attaques perpétrées cette année en Araucanie - nous ne pouvons pas oublier la recrudescence de la violence qui s'est produite surtout entre juillet et octobre - sont toujours non résolues et tout indique qu'il y a peu de chances qu'elles soient clarifiées. Dans l'immédiat, l'énergie déployée pour résoudre l'affaire Catrillanca [le mapouche tué] devrait également trouver son pendant dans les efforts et les ressources alloués pour résoudre l'assaut que trois professeurs ont dénoncé, et qui a motivé l'opération qui a abouti à la mort du membre de la communauté. L'intérêt des médias ou la capacité d'une affaire à faire appel à une certaine sensibilité politique ne devraient pas déterminer l'intérêt que le système de poursuites pénales accorde à sa résolution.
Dans ce contexte, la question est de savoir si les capacités de la police en matière de prévention et d’enquête répondent aux besoins actuels de plus en plus poignants. Si le déploiement d'un hélicoptère, de dizaines d'agents de police et le tir de centaines de balles ne se terminent que par la mort d'une personne qui, selon les informations connues à ce jour, n'avait rien à voir avec le vol à l'origine de la procédure, il est légitime de se demander si les forces de l'ordre sont vraiment capables. Tout cela sans même mentionner la triste succession de versions contradictoires qui a conduit ces derniers jours à des accusations voilées contre les supérieurs des carabiniers en ce qu’elles auraient imposé d’en haut une version fausse et officielle de ce qui s’est passé le 14 Novembre.
Le gouvernement a présenté différents projets de loi visant à moderniser la police et à mieux lutter contre l'insécurité. Dans le même temps, il a déjà annoncé l'application de mesures administratives indispensables pour contrôler le travail de la police. Un aspect central de ces changements devrait viser à améliorer le travail de prévention et de recherche, dont les carences, dans une mesure plus ou moins grande, sont présentes non seulement en Araucanía, mais dans tout le pays.